Faut-il s’inquiéter de l’équilibre des retraites ou du montant de celles des futurs retraités…?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le jeudi 19 janvier 2023, plus de 2 millions de personnes ont battu le pavé pour montrer leur opposition à la réforme des retraites, selon la CGT. Le ministère de l'Intérieur, lui, parle de seulement 1,2 million de manifestants.
Le jeudi 19 janvier 2023, plus de 2 millions de personnes ont battu le pavé pour montrer leur opposition à la réforme des retraites, selon la CGT. Le ministère de l'Intérieur, lui, parle de seulement 1,2 million de manifestants.
©NICOLAS TUCAT / AFP

Bombe à retardement

Le gouvernement martèle que l’équilibre global du système est en jeu - ce qui intéresse peu à hauteur d’individu - mais personne - ni les opposants, ni les partisans de la réforme - ne veut vraiment se confronter à la bombe du niveau massivement dégradé des pensions qui nous attend.

Erwann  Tison

Erwann Tison

Erwann Tison est le directeur des études de l’Institut Sapiens. Macro-économiste de formation et diplômé de la faculté des sciences économiques et de gestion de Strasbourg, il intervient régulièrement dans les médias pour commenter les actualités liées au marché du travail et aux questions de formation. Il dirige les études de l’Institut Sapiens depuis décembre 2017.

Voir la bio »

Atlantico : Les défenseurs de la réforme semblent sous-estimer – voire même mettre sous le tapis – ce qu'il va arriver pour les pensions des retraités dans les années à venir. Comment l’expliquer ?

Erwann Tison : En effet, ce n’est pas dans le viseur des différents politiques. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) estime qu’on va assister à parti des années 2040-2050 à une dégradation du taux de remplacement (pourcentage de son ancien revenu que l'on perçoit une fois arrivé à la retraite). La baisse du niveau relatif des retraités par rapport aux actifs est estimée à 30% en 2040. Actuellement, les retraités ont 105% du niveau de vie des actifs pour le moment.

Rapport 2022 du COR : Evolution du niveau de vie moyen des retraités par rapport à l'ensemble de la population. Hypothèse du taux de chômage à 7% ; quatre scénarios d’évolution de la productivité du travail allant de 0,7 % à 1,6 %.

A terme, la baisse du ratio nombre d’actifs/nombre de retraités va grandement peser. On sait que la population active connaitra son pic en 2040, soit 30 millions d’actifs à ce moment-là. Après ce pic, 50 000 actifs seront comptabilisés en moins chaque année.

Mais on a l’impression que c’est assumé que les pensions vont diminuer, ce qui fera baisser le niveau de vie des retraités.

On se dirige vers une catastrophe pour les futurs retraités ...

Aucune solution n’est avancée pour juguler ce problème. L’ambition de ce gouvernement est d’équilibrer le système en 2030, donc ce qu’il se passera en 2040 ne les intéresse pas vraiment. Or il faut entamer une véritable réflexion sur un système par capitalisation.

Certains pays sont déjà confrontés à ce problème de taux de remplacement et ont mis en place une part de capitalisation. Est-ce la bonne solution ? 

Il n'y a pas besoin d’aller voir d’autres pays. Les pharmaciens voient une partie de leur retraite financée par capitalisation. Au moment où cela a été instauré, ils avaient 0,9 actifs pour 1 retraité. Ils avaient donc plus de retraités que d’actifs. Par la suite, cela leur a permis d’augmenter les retraites et de diminuer l’âge de départ à la retraite.

Comment pourrait-on mettre ce sujet sur la table ?

Tous les politiques devriant lire les rapports du COR dans leur ensemble, car c'est écrit noir sur blanc. Et il ne faut pas se voiler la face : la plupart des actifs doivent se rendre compte de l’inertie qu’il y a dans le système, et les implications de la baisse du ratio actifs/retraités.

La capitalisation est la seule manière de financer les retraites de façon pérenne sans augmenter le poids de la fiscalité sur les entreprises ou les ménages. Il faut qu’il y ait une prise de conscience générale pour que les politiques s’aperçoivent que le système n’est pas viable à terme. Or, la réforme actuelle ne va pas dans le bon sens. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !