Être de gauche aujourd’hui : une sensibilité sans projet ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Manifestation pour la défense du système de retraites, à Paris, le 6 février 2020
Manifestation pour la défense du système de retraites, à Paris, le 6 février 2020
©Thomas SAMSON / AFP

Identité de gauche

A l’occasion de la dernière édition de la Fête de l’Huma, l’Ifop et le journal l’Humanité publient la dixième édition du baromètre « être de gauche aujourd’hui ».

Gaël Brustier

Gaël Brustier

Gaël Brustier est chercheur en sciences humaines (sociologie, science politique, histoire).

Avec son camarade Jean-Philippe Huelin, il s’emploie à saisir et à décrire les transformations politiques actuelles. Tous deux développent depuis plusieurs années des outils conceptuels (gramsciens) qui leur permettent d’analyser le phénomène de droitisation, aujourd’hui majeur en Europe et en France.

Ils sont les auteurs de Recherche le peuple désespérément (Bourrin, 2010) et ont publié Voyage au bout de la droite (Mille et une nuits, 2011).

Gaël Brustier vient de publier Le désordre idéologique, aux Editions du Cerf (2017).

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Atlantico : Cette étude montre que la proportion de personnes s'identifiant à gauche s'érode. 45% en 2021 contre 43% en 2023. Pourquoi ?  

Gaël Brustier : Je pense que le vote de gauche est un vote enterré vivant. Les vieilles générations s’identifient toujours à gauche, mais pas les jeunes. La classe ouvrière s’identifie de moins en moins car les électeurs ont inversé les priorités. Ils sont davantage tournés vers les problématiques identitaires, mais ils ne sont pas plus racistes qu’avant. Le rapport de la lutte des classes a été relayé au second plan par rapport à celui de la lutte des races. Un jeune ouvrier rural de l’est de la France est moins raciste que son grand-père communiste. A cause de la mondialisation, ils veulent une protection. 

L'Etude de l'IFOP montre que l'identité de la gauche se construit et s'épanouit autour de deux clivages avec la droite : l'immigration et la question des violences policières. Deux thématiques qui ne suffisent pas à faire un projet. Y a-t-il encore un discours ou des idées sur l'économie et le social ?

Je pense que la xénophilie, c’est-à-dire l’amour de l’étranger par principe sans s’en occuper, accompagne l’impuissance économique de la gauche. La xénophilie est un moteur puissant de légitimation de leur incapacité économique. Ce sont des gens comme Jean-Luc Mélenchon, Manon Aubry ou encore Clémentine Autain. On ne peut pas combattre. Le droit de quitter son chez soi pour des raisons économiques a gagné. Vous avez deux médias qui sont les pourvoyeurs de la désespérance et des fausses espérances, ce sont Médiapart et Libération. 

Il y a pourtant une vraie société de gauche qui existe, très vivante. Le problème, ce sont les porte-parole qui ne sont pas à la hauteur. Comme dans le film « les seigneurs de la guerre », ils sont en train de se saigner les uns les autres.

C'était la fête de l'Humanité ce week-end. Rassemblement émaillé d'incidents entre les différentes figures de gauche présentes. La coalition NUPES veut-elle encore dire quelque chose ?  

Je pense que la NUPES a un sens. Ce sont des alliés pour le déclin de la gauche. Le Parti Communiste a beaucoup de mérites. Car c’est un suicide collectif. Jean-Luc Mélenchon va entraîner tout le monde dans sa perte. Il est le roi de la fable. Il va berner tout le monde et sera candidat en 2027.

En tant qu’ancien militant du Parti Socialiste, je ne suis pas content. Tout ça pour ça.

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