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Etiquettes partisanes : le paradoxe des municipales
©Eric Feferberg

Paysage politique

Les candidats n’en veulent plus, les électeurs disent ne plus s’y intéresser et pourtant un examen plus approfondi montre qu’elles comptent encore.

Chloé Morin

Chloé Morin

Chloé Morin est ex-conseillère Opinion du Premier ministre de 2012 à 2017, et Experte-associée à la Fondation Jean Jaurès.

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Atlantico.fr : Les élections municipales sont historiquement des échéances électorales au cours desquelles l'étiquette partisane n'est pas mise en avant, faute de poids. La tendance semble s'être inversée dernièrement. Pourquoi?

Chloé Morin : Je ne suis pas tout à fait d'accord avec votre constat : jusqu'ici, les municipales étaient des élections intermédiaires dans le cadre d'une forme d'automatisme de l'alternance gauche-droite au pouvoir. Donc quand la gauche se trouvait au pouvoir au niveau national, comme c'était le cas en 2014, les candidats locaux de gauche tendaient plutôt à chercher à éviter la sanction électorale en cachant leur étiquette, alors que les candidats locaux de droite et plus globalement d'opposition mettaient en avant la leur pour "nationaliser" le débat et en faire un vote sanction contre le pouvoir - un pouvoir qui, immanquablement, se trouvait impopulaire. 

Aujourd'hui, non seulement il n'y a pas d'automaticité de l'alternance gauche droite, mais on ne sait même pas qui pourrait prétendre incarner l'opposition la plus efficace au pouvoir. Second élément, les partis sont tous extraordinairement impopulaires - 35% de satisfaction vis à vis de LREM, selon un récent sondage ODOXA pour France Info, 34% pour Les Républicains, 32% pour le PS, 30% pour le RN et 28% pour La France insoumise - donc aucune "marque" ne mérite vraiment d'être mise en avant pour mobiliser les votes au delà du cercle des sympathisants. D'où la multiplication des listes "citoyennes" ou des candidats qui ne mettent pas le logo de leur parti sur leur affiche... 

Les électeurs ont-ils réellement une lecture claire du paysage politique français, après le dynamitage des partis traditionnels aux présidentielles de 2017?

Depuis 2017, on constate en effet un brouillage total des repères. Les partis qui ont exercé le pouvoir depuis des décennies sont affaiblis, le récit médiatique dominant les ayant confinés à la marginalité et ayant même décrété leur mort assurée dès juin 2017. Même si les choses sont en réalité plus compliquée, et les candidats PS et LR montrent une bonne résistance dans leurs bastions, il est très difficile pour ces deux partis d'exister dans un tel contexte. Qui plus est, leur identité a a été brouillée par l'épuisement par Emmanuel Macron de leur utilité politique apparente : il a fait campagne plutôt au centre gauche, siphonnant les électeurs du PS, avant de gouverner plutôt à droite, rendant l'offre traditionnelle de LR relativement inutile. Pour achever de brouiller les clivages, il a souligné autant que possible son opposition avec La France Insoumise d'un côté, et le Rassemblement National de l'autre, comme pour dire qu'entre lui et ces deux partis, il n'y avait désormais plus rien. Evidemment, ça ne facilite pas la tâche pour tous ceux, nombreux, qui trouvent ces partis trop "extrêmes", mais sont par ailleurs trop déçus du Président pour voter LREM...

L'actuelle maire de Paris Anne Hidalgo, qui n'a pas mis en avant la rose du Parti socialiste sur les affiches de la campagne électorale a annoncé vouloir créer des alliances avec les maires PCF de la banlieue parisienne. Comment expliquer cette stratégie?

La gauche, qui gouvernait hier encore autour de l'hégémonie du Parti socialiste, est peu à peu en train de se rendre compte d'une chose simple : sans union, elle restera très longtemps confinée à la marginalité, et donc à l'impuissance. Depuis plusieurs années, je dirais même depuis le lendemain de l'élection de François Hollande, les signaux envoyés par les élus de gauche semblaient dire que ce qui les séparait - et notamment les ambitions personnelles - était plus grand que ce qui les divisait. Aujourd'hui, il semble y avoir un semblant de prise de conscience que même lorsqu'on est EELV à 15-20%, on n'a presque aucune chance de gouverner un jour un exécutif local ou national seul. D'où ces liens qui, dans les exécutifs locaux, souvent autour du PS car il reste dominant, mais parfois autour de EELV lorsqu'il domine, commencent à se renouer. L'enjeu est clair, le patron du PS et celui des Verts l'ont tous deux exprimé à leur façon même s'ils ne semblent pas d'accord sur les modalités : constituer un troisième pôle écologique et social, entre le pôle constitué par l'électorat d'Emmanuel Macron, et celui des souverainistes. 

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