Et si le secret d’une meilleure santé était de se sentir plus jeune que son âge ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Une personne âgée s'amuse face à des pigeons, à Moscou.
Une personne âgée s'amuse face à des pigeons, à Moscou.
©Dimitar DILKOFF / AFP

Je sais que c'est pas vrai mais j'ai 10 ans

C’est en tous cas ce que suggère une étude du centre allemand de gérontologie après avoir travaillé sur les données de plus de 5000 personnes.

Markus Wettstein

Markus Wettstein

Le Dr Markus Wettstein est chercheur à l'université d'Heidelberg (Allemagne). Il a été chercheur au Centre allemand de gérontologie.

Voir la bio »

Atlantico : Vous avez publié une étude sur le thème "Se sentir jeune comme tampon au stress". Comment fonctionne ce tampon au stress ? Quels sont les effets concrets sur la santé que vous mettez en évidence et comment les mesurez-vous ?

Markus Wettstein : Nous avons étudié, à partir d'un large échantillon d'adultes d'âge moyen et plus âgés (issu de l'enquête allemande sur le vieillissement), comment la santé fonctionnelle évolue sur trois ans. La santé fonctionnelle décrit la capacité des individus à exécuter des tâches quotidiennes (comme monter des escaliers, s'habiller, etc.) de manière indépendante. Nous avons constaté que les personnes qui ont déclaré être plus stressées dans leur vie ont vu leur santé fonctionnelle décliner plus rapidement sur 3 ans, ce qui est en accord avec d'autres résultats démontrant que le stress est néfaste pour la santé.
En revanche, les personnes qui se sentaient plus jeunes que leur âge chronologique présentaient un déclin moins marqué de leur santé fonctionnelle. Le fait de se sentir plus jeune semble donc avoir un effet protecteur sur la santé fonctionnelle.

En outre, chez les personnes qui se sentaient plus jeunes, le stress avait un impact négatif moins fort sur la santé fonctionnelle - c'est cet effet que nous avons appelé "effet tampon au stress". Des recherches antérieures ont déjà montré qu'un âge subjectif plus jeune présente de nombreux avantages en matière de santé, de bien-être et même de longévité. Cet effet semble être dû à divers mécanismes. Les personnes qui se sentent plus jeunes adoptent de meilleurs comportements en matière de santé (par exemple, une activité physique régulière), ce qui contribue à son tour à une meilleure santé. Il existe également des effets physiologiques bénéfiques d'un âge subjectif plus jeune (processus inflammatoires plus faibles, réponses au stress cardiovasculaire moins fortes, etc.) En outre, les personnes qui se sentent plus jeunes disposent de plus de ressources psychosociales, telles que l'auto-efficacité, qui peuvent les aider à rester en bonne santé. Le mécanisme supplémentaire que nous avons identifié dans notre étude est qu'un âge subjectif plus jeune pourrait également compenser et amortir dans une certaine mesure l'impact négatif de facteurs de risque tels que le stress sur la santé.

À Lire Aussi

La restriction des visites dans les hôpitaux, Ehpad, maisons de repos et autres centres de convalescence est-elle vraiment justifiée d’un point de vue sanitaire ?

Dans quelle mesure l'"effet tampon au stress" de l'âge subjectif varie-t-il selon l'âge ?

Nous avons constaté que, en particulier chez les adultes plus âgés, un âge subjectif plus jeune joue ce rôle d'amortisseur de stress. L'effet tampon au stress devient donc plus fort avec l'âge, et la santé fonctionnelle des adultes plus âgés semble bénéficier du fait de se sentir plus jeune. De manière générale, le fait de se sentir plus jeune et d'avoir une perception positive de son propre vieillissement pourrait être particulièrement important lorsque les individus atteignent la vieillesse (et deviennent ainsi la cible de leurs propres stéréotypes d'âge).

Si se sentir plus jeune est une solution pour maintenir une vie plus saine, comment la société peut-elle aider ses aînés à développer ce tampon ?

La promotion d'un âge subjectif plus jeune pourrait aider les individus à conserver des niveaux de santé fonctionnelle intacts à un âge avancé et à prévenir - ou du moins à réduire - le déclin de la santé fonctionnelle lié à l'âge. La recherche a montré que les perceptions du vieillissement, y compris l'âge subjectif, peuvent dans une certaine mesure être modifiées par des interventions (bien qu'il faille en savoir plus sur la durabilité des effets de ces interventions). Par exemple, la lutte contre l'âgisme et les stéréotypes négatifs et unilatéraux liés à l'âge, ainsi que la diffusion de points de vue positifs et équilibrés sur le vieillissement (dans les médias, dans la politique et dans la science) pourraient avoir pour effet de rajeunir la perception de l'âge des individus. Par exemple, le débat au début de la pandémie de COVID-19 a été caractérisé par la représentation fréquente des adultes âgés comme un "groupe à risque" homogène et très vulnérable. Il s'agit d'un stéréotype négatif sur l'âge qui néglige l'hétérogénéité du groupe des adultes âgés et qui néglige également le fait que la vieillesse n'est pas seulement une phase de vie de "risques", mais aussi de potentiels et de compétences.

À Lire Aussi

Oui aux morts (y compris évitables), non à la (vraie) mobilisation contre le Covid-19 : ce choix collectif que nous ne voulons pas nous avouer

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !