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La NASA a dévoilé la première carte détaillée de l'intérieur de la planète Mars, grâce aux travaux et aux avancées de la mission InSight.
La NASA a dévoilé la première carte détaillée de l'intérieur de la planète Mars, grâce aux travaux et aux avancées de la mission InSight.
©NASA / DR

Planète rouge

Avec la mission InSight, la NASA a été en mesure de déterminer la structure interne de Mars jusqu’à son noyau. Le rover Perseverance poursuit sa quête à la recherche de traces de vie passée sur Mars.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico : Alors qu’Elon Musk et Richard Branson se sont envolés dans l’atmosphère, des chercheurs sont déjà en train de percer les mystères d’une planète étrangère : Mars. Grâce aux opérations InSight et Perseverance, nous recevons un grand nombre de données de la planète rouge et notre compréhension grandit de celle-ci jour après jour. Cette semaine des scientifiques ont publié leurs découvertes à propos de l’intérieur même de ce nouveau monde. Qu’avons-nous appris de la structure de Mars grâce à InSight ? En quoi est-elle différente de celle de la Terre ?

Olivier Sanguy : La mission InSight a permis de «sonder» la structure interne de Mars. Comment ? En écoutant son activité sismique, autrement dit ses tremblements de Terre. Il est à noter qu’InSight est une mission de la NASA avec une forte participation française. Il s’agit d’un atterrisseur qui a été envoyé vers la planète rouge en mai 2018 et qui y s’est posé en novembre 2018. Cet engin transporte plusieurs instruments scientifiques et le principal est justement un sismomètre appelé SEIS (Seismic Experiment for Interior Structure) fourni par le CNES, l’agence spatiale française. En analysant les ondes sismiques, les scientifiques, avec le Français Philippe Lognonné à leur tête, ont pu dresser un portrait bien plus précis de la structure interne de Mars. Pour résumer, la croûte de cette planète se révèle plus fine que ce qu’on pensait avec environ 20 à 35 km d’épaisseur alors que certains modèles prédisaient jusqu’à 100 km. Cette croûte est apparemment dotée de 2 ou 3 sous-couches. Le manteau, sous la croûte, présente une seule couche de 1560 km. Enfin, le noyau, liquide et chaud, est plus grand que prévu avec un rayon de 1830 km. Une publication du CNRS note que le flux de chaleur, à l’intérieur de Mars, serait ainsi trois à cinq fois plus faible que celui de la Terre.

Ces dernières constatations permettent-elles de mieux comprendre la vie de Mars avant notre ère ?

Pas directement, mais cela va beaucoup aider. L’exploration de Mars, et notamment les données du rover Curiosity, ont permis de démontrer que la planète rouge avait présenté des conditions favorables à l’éclosion du vivant dans son lointain passé. Par «lointain», comprenez plus de 3,5 milliards d’années ! L’apport d’InSight, plus exactement de l’instrument SEIS, est de contraindre fortement les modèles liés à l’histoire de cette planète, car cette histoire dépend de sa structure interne. Et cette histoire concerne bien évidemment aussi le fait que ce monde a été habitable un moment puis a perdu cette capacité. Philippe Lognonné, responsable scientifique de SEIS, le dit en ces termes dans un article publié par The Conversation : «Avec ce premier modèle de structure interne et de profil thermique actuel, ce sont donc toutes les théories de formation et d’évolution thermique de Mars qui doivent être maintenant ajustées, avec à la clef une meilleure compréhension de l’évolution de la planète, puis de la perte d’«habitabilité» de Mars durant les 500 millions d’années qui suivirent sa formation.»

Le rover Perseverance tente de découvrir des signes de vie sur Mars. Cette exploration a-t-elle permis aux scientifiques de se mettre sur une piste ? Pouvons-nous rêver d’une forme de vie martienne ?

Il faut être prudent avec les termes. Le rover Perseverance cherche exactement des traces de vie passée. La NASA insiste bien sur ce point de traces de vie passée et ne met pas en avant la recherche directe de vie, comprenez des microbes ou bactéries (on oublie les civilisations martiennes qui ont fait tant rêver via la SF !). Cette précaution de langage de l’agence américaine est là histoire d’éviter de trop grandes espérances. Pour simplifier, c’est comme si en allant sur une plage je ne cherchais pas les touristes, mais les traces de pieds qu’ils ont laissées dans le sable. Perseverance est donc la suite logique de Curiosity (ces 2 rovers de la NASA sont d’ailleurs semblables, mais n’ont pas exactement les mêmes instruments scientifiques). Curiosity a démontré que Mars avait été habitable. Perseverance cherche à savoir si Mars a été habitée. Avec ses différents instruments, Perseverance ne verra peut-être pas des microbes, mais plutôt les traces fossiles laissées par l’activité de ceux-ci il y a très longtemps.

Crédit : NASA / DR

Crédit : NASA / JPL

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