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Et pendant ce temps là, la Chine nouvelle vit sa semaine dorée et plus de 700 millions de Chinois sont sur les routes pour leurs congés
©Reuters

De l'autre côté du globe

C'est une "Golden-Week" qui commence en Chine : une semaine de congés payés suivant le jour de la fête national. Des festivités à travers lesquelles le gouvernement renforce une cohésion sociale sur laquelle il bâtit sa politique nationale.

Emmanuel Lincot

Emmanuel Lincot

Professeur à l'Institut Catholique de Paris, sinologue, Emmanuel Lincot est Chercheur-associé à l'Iris. Son dernier ouvrage « Le Très Grand Jeu : l’Asie centrale face à Pékin » est publié aux éditions du Cerf.

 

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Atlantico : en quoi consiste ces périodes de festivité chinoises ?

Emmanuel Lincot : Ce sont des moments très importants pour les Chinois, tout d'abord parce qu'ils correspondent à une période de congés et qu'ils permettent de se retrouver en famille. Mais surtout parce que ces moments coïncident avec les revendications nationalistes de la Chine actuelle et particulièrement cette année parce que la fête nationale précède de quelques jours l'ouverture du 19ème congrès du parti communiste chinois.

Quel contrôle exerce l'Etat sur les festivités ?

C'est un contrôle très fort par une vindication qui ne cesse d'augmenter et qui permet aux plus nantis de se déplacer sans encombre, cependant la masse est de plus en plus obligée de se plier à un certain nombre de contraintes horaires. Il est fortement déconseillé à un touriste occidental de se déplacer dans cette période. Tous les trains et avions sont pris d'assaut, c'est une sorte de chaos social mais en même temps organisé clairement, il faut le rappeler. Tout est planifié, il y a une logistique. De plus, la Chine a connu un boom technologique effarant, c'est-à-dire que l'on a maintenant des trains à grande vitesse à peu près partout sur le territoire qui permettent de réduire le temps de parcours de moitié ou plus. Et ce maillage technologique est très largement utilisé.

C'est un phénomène social sans précédent dans une Chine, où il y a peine 30 ans, il n'y avait pas de congés payés. C'est une façon pour la Chine d'institutionaliser une société nouvelle, celle des loisirs.

Qu'en est-il donc de l'utilisation de ces festivités pour une revendication nationaliste ?

Vaste question. On assiste à un renforcement de la cohésion nationale par des éléments et des moments festifs qui sont, soit récupérés, soit organisés par les institutions ou l'Etat-Parti pour que cela ne lui échappe pas et qu’il puisse contrôler les débordements. Mais tous ces moments de regroupements ou de chassés-croisés de population à l'occasion de la fête nationale et de fêtes considérées comme sacrées d'après le calendrier lunaire donnent lieu à des célébrations collectives et à une célébration d'une forme d'identité proprement chinoise. Par exemple par la revendication de valeurs communes qui sont celle de la famille, du travail, de la patrie. La Chine d'aujourd'hui nous rappelle quelque part, forçons le mot, un certain pétainisme social et politique.

Quelles sont conséquences pour la politique internationale chinoise ?

C'est une Chine qui a le don de l'autocélébration. Mais aussi le don d'exaspérer ses voisins plus ou moins proches ou lointains. C'est le risque du nationalisme chinois. La politique de Xi Jinping est désastreuse. Il surfe pour l'instant sur la vague du nationalisme mais cela va coûter cher aux intérêts chinois à terme parce que sa politique étrangère n'est pas de considérer les objectifs véritablement chinois. La diplomatie c'est quoi ? Créer sur le temps long une coopération pérenne pour qu'il n'y ait pas trop d'accroches avec les voisins et veiller à ce que les intérêts économiques et politiques trouvent un clair développement. Ce n'est pas le cas pour la Chine dans le rapport avec ses voisins. Elle n'a que seulement deux alliés, la Corée du Nord et le Pakistan. Xi Jinping a réussi à se mettre à dos toute la communauté internationale avec un projet qui n'est que du bluff, à mon avis, et ne tient pas la route. Il faut y voir en fait une sorte de fierté recouvrée, qui n'en est pas moins exacerbée, et qui conduit une politique quirelève de l'utopie.

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