Épidémie de cratères en Sibérie : la bombe à retardement climatique annoncée ne devrait pas en être une<!-- --> | Atlantico.fr
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Les scientifiques ont beaucoup cherché pour savoir à quoi étaient dus ces fameux trous en Sibérie
Les scientifiques ont beaucoup cherché pour savoir à quoi étaient dus ces fameux trous en Sibérie
©Capture /Youtube

Du CO2 pour le développement de la vie

La revue Nature a récemment publié une étude qui contredit toutes les prévisions scientifiques. Si la fonte de la glace sur le pergélisol, une toundra normalement gelée, rejettera bien du gaz carbonique dans l'atmosphère, la formation de lacs et les écosystèmes qui s'y développeront pourraient en réutiliser une grande partie. Un mécanisme dont on est sûr, reste à savoir combien de temps cela mettra.

Pierre Mollo

Pierre Mollo

Pierre Mollo est enseignant chercheur en biologie marine, il a écrit des ouvrages concernant le plancton dont Le Manuel du plancton et L'Enjeu plancton.

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Atlantico : Une récente étude parue dans la très sérieuse revue Nature vient de publier une étude. Celle-ci émet l’hypothèse selon laquelle la fonte des glaces, qui entraine la formation de lacs sur le pergélisol, permettrait à terme de réduire la température. Comment s’explique ce phénomène ?

Pierre Mollo : Ce que l’on peut dire concernant cette formation de lac, c’est qu’on ne sait pas encore exactement quelles espèces vont s’y développer. Cela dépendra de leur température, de leur taux de salinité et d’acidité, de leur Ph… de tout un ensemble de facteurs. On sait qu’il y a des millions d’années, certains lacs étaient chargés d’éléments minéraux, de métaux lourds, de gaz. Et des espèces comme les cyanobactéries pourront sans doute s’y développer comme ça a été le cas. Très souvent, ces lacs seront des airs de repos comme les oiseaux, qui transporteront dans ces lacs d’autres espèces, ce qui pourra créer des écosystèmes. Le phytoplancton végétal pourrait également s’y développer.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir   Crédits REUTERS/Dmitry Solovyov

Par quelle action une forme de vie aquatique peut-elle absorber les éléments responsables du réchauffement climatiques présents dans l’air ?

Ce qui se trouve dans l’atmosphère, comme le CO2, ou les autres gaz responsables du réchauffement climatique, sont plus lourds que l’air. Ils ont donc tendance à retomber à la surface du sol, et donc parfois dans l’eau. Ensuite, les micro-algues et les cyanobactéries ont besoin de trois éléments pour pouvoir faire leur photosynthèse : de lumière, d’éléments minéraux, et de gaz carboniques, exactement comme les autres plantes terrestres. Quand il y a présence de CO2, il y a obligatoirement présence de végétaux si les minéraux et la lumière s’y trouvent également. Nous avons donc les trois critères pour le développement de ces végétaux, et l’action de captation du CO2 est donc bien possible, même si cela se passe dans des milieux extrêmes.

A quel point celui-ci pourrait effectivement modifier la température ambiante ?

La question de savoir si ce phénomène, déjà bien décrit dans la littérature scientifique, pourrait effectivement contrebalancer les effets du réchauffement climatique est probable. En revanche, l’interrogation qui subsiste est combien de temps ? Les écosystèmes dont on parle ne se forment qu’au bout de plusieurs milliers d’années pour ceux qui sont vraiment riches. J’ai eu la chance d’aller dans la cordillère des Andes pour observer des lacs haut de 5 000 mètres par rapport à la mer, où il existe encore des espèces vieilles de plusieurs milliards d’années. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans des milieux hostiles.

Mais on peut imaginer que le développement des premiers végétaux soit très rapide, car le pergélisol contient encore des graines d’avant la dernière glaciation, et qui pourront donc renaître, ou d’autres formes de vie unicellulaires.

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