Environnement : verre à moitié vide ou à moitié plein ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Environnement
Les panneaux solaires de la ferme photovoltaïque de Columbus Energy à Jedrzejow, en Pologne, le 11 mai 2021.
Les panneaux solaires de la ferme photovoltaïque de Columbus Energy à Jedrzejow, en Pologne, le 11 mai 2021.
©JANEK SKARZYNSKI / AFP

Reportages

Dimanche soir, deux reportages d’investigation sur France 5 abordaient les enjeux de la contamination des fleuves, de la pollution de l’air et de l’exploitation illégale des ressources. Le journalisme d’investigation doit tendre vers une certaine objectivité.

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

Voir la bio »

Dans le monde, il y a deux catégories de personnes : ceux qui voient toujours le verre à moitié-vide et ceux qui voient toujours le verre à moitié-plein. Il y a aussi, bien sûr, ceux qui voient toujours le verre vide, et ceux qui se débrouillent pour avoir toujours le verre plein (ceux-là ont un problème avec la boisson).

Ceux qui voient toujours le verre à moitié-plein, ce sont les optimistes. Les autres sont les personnes qu’on qualifie de pessimistes. Ces derniers mois, il y a eu la (rapide) découverte des vaccins contre le coronavirus, l’atterrissage de Perseverance sur Mars, les voyages touristiques orbitaux, les véhicules électriques mais aussi et toujours les levers et couchers de soleil idylliques, les aurores boréales merveilleuses, etc. Qu’importe, ceux-là refusent de voir ce que ce qui est beau et admirable et n’acceptent de ne voir que ce qui les met en peine. On retrouve ces deux types de personnes en politique et dans de nombreuses autres sphères. Le journalisme n’y échappe pas.

Dimanche soir dernier, deux reportages d’investigation d’une longue série visant à aborder, dans la durée, la contamination des fleuves, la pollution de l’air, la radioactivité, l’exploitation illégale des ressources, les déchets toxiques... nous étaient proposés sur France 5, chaîne du service public, garantie a priori de programmes de qualité. Etaient offerts à notre sagacité d’une part, les impacts de la production d’engrais phosphatés sur l’environnement et la santé d’une partie de la population marocaine et d’autre part, les conséquences de l’exploitation du charbon en Pologne.

Bienvenue chez les pessimistes !

Sans remettre en cause les allégations avancées par le journaliste, la démonstration était lacunaire voire partiale et manquait de recul sur les thèmes proposés. A ne considérer que les aspects négatifs d’un sujet, un raisonnement, biaisé, perd de sa pertinence.

À Lire Aussi

L’Allemagne se rend compte que la Chine la concurrence plus que prévu sur son marché domestique

Sans dénier les faits avancés, il convient de garder en tête que l’Office chérifien des phosphates, est la plus importante entreprise industrielle du royaume en termes financiers (chiffre d’affaires supérieur à 5,3 milliards d’euros) et d’emplois (20 000 collaborateurs). Son élan dynamique constitue pour le Maroc et pour l’Afrique, sur les plans technique, commercial et social, une réussite et un exemple. Il consacre, de plus, une part non négligeable de ses efforts à la formation professionnelle en vue d’une promotion ouvrière tandis que se poursuit inlassablement un vaste programme de constructions à caractère social et culturel (logements, écoles, hôpitaux, terrains de sport, etc.). Enfin, il participe activement à l’amélioration du niveau de vie de la population, par son importante contribution au budget d’équipement tandis que les impôts dont il s’acquitte assurent à l’État des rentrées d’argent régulières. Bref, la balance des initiatives de cette entreprise est plutôt bénéfique pour la population, pour le pays.

Même chose pour ce qui concerne la Pologne. Il faut bien comprendre que l’industrie du charbon est, historiquement, une fierté nationale, que ce pays est fortement dépendant à cette ressource énergétique fossile, extraite localement ou importée, pour environ 80% de son électricité et que les revenus d’environ 80 000 Polonais découlent directement ou indirectement de l’activité minière. Cette République considère le charbon comme un garant de son indépendance énergétique à l’égard de la Russie et que la transition énergétique menée par l’Allemagne a mis Berlin dans une situation de dépendance à l’égard du gaz russe, situation inacceptable pour un pays qui ne se sent pas en sécurité à l’ombre de son voisin russe. Dans ce contexte, malgré une amende journalière de 500 000 euros infligée par la Commission européenne, la Pologne a, entre le charbon et le respect du droit européen, clairement choisi le charbon.

À Lire Aussi

Décroissance, emplois verts et fin du nucléaire : la pensée magique des candidats EELV sur l’économie

La raison nous rappelle qu’en toute chose, en dépit de certaines conséquences néfastes que nous ne pouvons taire, il aurait été nécessaire de présenter également, dans un souci de transparence, la place que représentent ces exploitations pour la population et pour la vie économique du pays, de considérer les tenants et aboutissants afin que le téléspectateur puisse être informé le mieux possible. Il aurait pu ainsi conforter objectivement son jugement. Au lieu de cela, il n’a eu droit qu’à une charge sur les méfaits de ces productions.

Bien que l’objectivité n’existe pas, la description de tout événement passant nécessairement par le filtre des sensibilités personnelles et subjectives, il faut, pourtant, et c’est là un paradoxe, que le journaliste d’investigation tende vers cette objectivité qui n’existe pas. Au risque de ne pas être crédible…

À Lire Aussi

Le taux de chômage suisse repasse sous la barre des 3% : mais comment font-ils ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !