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Édito - Dur semaine en perspective, Hollande va devoir affronter les grands patrons et Angela Merkel
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Après l’affaire Leonarda, séquence lamentable et catastrophique de la semaine dernière, le président de la République va devoir faire face à la fronde des grands patrons français d’un côté et répondre aux initiatives européennes d’Angela Merkel de l’autre. Ça risque de faire beaucoup.

Chez les patrons français, après la fronde des petites et moyennes entreprises qui ont carrément menacé le gouvernement d’engager une grève de l’impôt, ce sont les grandes entreprises du CAC 40 qui ont décidé de sommer François Hollande de réduire les dépenses publiques.

Pour la plupart, les dirigeants de ces grandes entreprises se retrouvent à l’AFEP, le cœur du cœur du patronat. Ils travaillent tous à l’etranger et ils estiment que si on veut encore sauver le tissu industriel français, il est urgentissime de redresser les grands équilibres budgetaires. Pour se faire, l’État ne peut plus augmenter l’impôt pour des questions évidentes de compétitivité mais surtout pour éviter une délocalisation massive des directions générales. Ces grandes entreprises font 80% de leur chiffre d’affaires à l’étranger, les actionnaires sont à plus de 50% des fonds étrangers, leur personnel n’est plus français.

Objectivement, ces entreprises-là n’ont aucune obligation de laisser leur centre de décision en France. Elles sont même assaillies de demandes de la part des collaborateurs pour déménager aux Pays-Bas, à Londres ou même à Monaco. Une des conditions pour que ce petit monde du pouvoir d’entreprise reste à Paris, c’est (en autre) une condition fiscale. La surtaxe à 75% qui va rapporter 240 millions par an pendant deux ans, va provoquer des manques à gagner bien supérieurs. Cette taxe c’est la goutte d’eau qui a mis les DG en colère.

Les patrons du CAC40 demandent donc au Président d’engager une réduction des dépenses publiques, seul moyen de réduire les déficits, les taux d’intérêt et la pression fiscale. La discussion de la dernière loi de finances se passe tellement mal que les dirigeants d’entreprises se sont décidés à réagir contre ce qu'ils appellent du « n’importe quoi ». Les avocats fiscalistes, les conseillers financiers sont tellement stressés par les changements permanents de législation et de règlementation qu’ils en viennent à indiquer non seulement la date mais l’heure de réalisation sur les documents prescripteurs de rapports de conseil. Pourquoi ? Pour ne pas se voir reprocher par les clients, d’avoir oublié un changement qui serait intervenu entre le moment où le rapport aurait été rédigé et le moment où il a été étudié par le client. Bonjour l’ambiance.

Les dirigeants des grandes entreprises ne promettent plus à l'État français de pouvoir rester en France si on ne démarre pas les réformes de compétitivité au plus haut niveau de l’État.

Du coté de l’Allemagne, Angela Merkel a décidé de consacrer son troisième mandat à convaincre les eurosceptiques et à les dissoudre dans sa majorité. Plutôt que de leur donner des gages et se replier sur elle-même, elle va accroitre sa participation aux charges communes, contribuer à plus de solidarité en Europe et va militer pour donner à la commission européenne plus de pouvoir en matière règlementaire, sur l’harmonisation et plus de pouvoir pour surveiller les budgets nationaux.

Cette démarche part toujours du même principe. Si l’Europe fonctionne comme une copropriété, il faut que chaque copropriétaire paie ses charges et soit transparent dans son respect des traités. Angela Merkel va proposer une réforme des traités pour renforcer la cohésion et la cohérence européenne.  

L’offensive patronale sur le terrain des réformes tout comme l’offensive Merkel pour plus d’Europe va mettre encore François Hollande à nouveau, en difficulté.

Une partie de sa majorité ne peut pas accepter qu'il aille parler à l’oreille des grands patrons. Par ailleurs, la démarche d’Angela Merkel  l’oblige à développer une véritable politique européenne. Plus question de faire semblant. Dans les deux cas, le président de la République française est coincé. Il serait pourtant plus important qu'il prenne en main le chantier des réformes, qui est complètement arrêté, plutôt que de s’occuper personnellement du problème d’une petite adolescente Kosovarde en situation d’illégalité flagrante mais surtout otage de ses parents qui ne sont pas des modèles d’honnêteté. Quel pays, quelle gouvernance…

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