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Dominique Restino - MoovJee : "En France, on aime de plus en plus les start-up"
©Reuters

L'interview Atlantico Business

Après les déclarations d'amour de François Hollande aux start-up lors de son voyage américain, c'est Fleur Pellerin, ministre des PME et l’Economie numérique, qui annonçait, dans un entretien à Challenges, un ensemble de mesures pour que "le high-tech Made in France devienne une référence mondiale". Dominique Restino, président-fondateur du Moovjee, vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, revient sur ces annonces et fait le point sur l’état de santé des start-up en France.

Atlantico Business : La France est-elle ou peut-elle devenir un pays de start-up ?

Dominique Restino :De plus en plus, je pense qu’elle est effectivement en train de le devenir. La France est un pays qui soutient le plus la création d’entreprise. Est-ce que vous connaissez beaucoup de pays où, alors qu’on se retrouve sans emploi, on peut pendant 15 mois, lorsqu’on a un projet de création de richesse et de valeur, plus que de créer son seul emploi en créer plusieurs ? Et bien la France permet ça à travers le phénomène de soutien à la création d’entreprise, et ça s’appelle Pôle Emploi. Il y a un terreau fertile. De plus en plus aujourd’hui on met en avant le lancement de start-up, que ce soit à travers ce que je fais à la CCIP, à l’Institut du mentorat entrepreneurial, ou encore avec Moovjee. Oui, on aide des jeunes qui créent des entreprises et de l’emploi, et ça donne envie aux autres ! Il y a un soutien à l’innovation avec le crédit d’impôt recherche. Par contre, il est vrai qu’il y a parfois le coté pile, parfois le coté face, mais je crois que tout le monde plébiscite le crédit d’impôt recherche. Je ne sais pas si les entreprises sont conscientes qu’au mois de mai elles pourront toucher l’argent du CICE… Ça  va venir.

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Faire des "start-up de la République", promouvoir une "French Tech", comme le propose Fleur Pellerin...  A-t-on vraiment besoin de toute cette communication gouvernementale ?

Depuis une dizaine d’année, j’entends qu’il faut être fier de nos entreprises et de nos entrepreneurs français. J’ai le sentiment que Fleur Pellerin fait exactement ça en souhaitant mettre les start-up  à l’honneur. Est-ce que le Made in France il y a 3 ou 4 ans, vous en entendiez beaucoup parler ? Le Made in France aujourd’hui, il s’appelle Arnaud Montebourg, un ministre qui va au charbon. Je ne veux pas dire ce qui est bien ou pas. Simplement, on est dans un contexte difficile. Certaines choses ont été rétablies dans le bon sens, comme la fiscalité. Des décisions ont été prises, notamment avec les Assises de l’entrepreneuriat dont j’ai été un des experts. Le meilleur à faire, c’est que les acteurs construisent ensemble la France de demain, plutôt que de flinguer la France d’aujourd’hui ou d’hier.

Percevez-vous un problème du coté de l’engagement de l’État ou des banques aux cotés des start-up ?

Qui aurait pensé il y a un an et demi que le président français irait à la Silicon Valley aux États-Unis, ou que la ministre délégué Fleur Pellerin annoncerait un dispositif en France pour faire passer de 300 000 à 1 million d’euros le crowdfunding, c’est considérable ! Regardez Xétic, organisme prêteur de microcrédits qui contribue à un système global. Aujourd’hui, il y a de plus en plus d’incubateurs, de pépinières, d’accélérateurs, de programmes d’accompagnement, à chacun de choisir. Arrêtons de dire que ce pays n’aime pas les entrepreneurs, au contraire, on les aime de plus en plus. Les sondages qui sortent montrent que le citoyen reconnait que ces entreprises sont celles qui créent des emplois.  Le jour où on aura compris qu’un banquier, ce n’est pas un médecin, un prêtre, mais avant tout une entreprise commerciale, un prestataire de service avec qui on doit échanger, on comprendra qu’il faut arrêter de supplier les banques. Elles ont leurs forces et leurs faiblesses, et font face à différentes règlementations, comme Bâle III. J’ai entendu à propos du président de la République qu’on réclamait «Des actes, des actes, des actes ! ». Ils vont venir, c’est lancé ! Il y a sans cesse une autoflagellation des gens en France, une véritable délectation à tout critiquer. Au contraire, on devrait faire en sorte de montrer le positif et améliorer ce qui va moins bien. Si « c’est nul en France », alors autant rayer notre pays de la carte ! On ne réussira pas à faire grandir nos entreprises ou élever nos enfants avec cet état d’esprit. Moi, j’aime ce pays. Je préfère être malade en France qu’ailleurs, par exemple.

Justement parmi ce qui ne va pas, comme la fiscalité, l’accession au statut de jeune entreprise innovante, les formalités et l’instabilité administrative … Ce sont des pistes de réformes ?

Oui, tout à fait. Il existe des chantiers du gouvernement en ce sens, notamment « Dites le moi une fois », un dispositif qui devrait faciliter la création d’entreprise sur la partie administrative. Un entrepreneur ne crée pas une boite parce qu’il y a une fiscalité ou une loi défavorable ou pas. Il le fait car il a la volonté de lui-même créer et de compter dans la société. Ils ont 25, 30, 35 ans, c’est leur passion. Il y a un risque, c’est vrai, mais ils le prennent. Je ne pense pas que ce sont des gens qui se plaignent, je pense qu’ils avancent avec une énergie absolument folle. Et globalement, ils ont besoin d’être accompagnés dans l’ensemble de leurs démarches. Ce n’est pas toujours facile de gérer un pays, qu’on compare tout le temps avec gérer une entreprise. Maintenant, d’être à son compte, c’est facile, mais gérer un pays n’est pas pareil. Le citoyen dit, le gouvernement écoute, et va essayer, par exemple, de réduire les dépenses publiques.

A-t-on parmi les start-up d’aujourd’hui les grands entreprises de demain ?

Criteo est coté a Nasdaq, une entreprise qui est née en France. Cela dépend de ce qu’on appelle « grande entreprise ». Est-ce qu’en Allemagne on a ces fameuses grandes entreprises ? Non. En revanche, il y a davantage de PME et d’ETI. Nous avons déjà ces grandes sociétés, et nous devons les conserver. On dit qu’elles n’embauchent pas, mais c’est déjà pas mal qu’elle garde leurs salariés ! Nous avons besoin de tout l’écosystème entrepreneurial. Il faut une chaîne d’accompagnement, d’avant la création, jusqu’aux derniers stades de développement. Il faut travailler davantage en coopération et en synergie pour le foisonnement de réseaux de l’économie française.

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