Dérèglement climatique : produire le carburant pour avions à partir de déchets alimentaires permettrait de réduire drastiquement les émissions de CO2<!-- --> | Atlantico.fr
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La production de carburant pour avions à partir de déchets alimentaires permettrait de réduire drastiquement les émissions de CO2, selon une nouvelle étude.
La production de carburant pour avions à partir de déchets alimentaires permettrait de réduire drastiquement les émissions de CO2, selon une nouvelle étude.
©ERIC PIERMONT / AFP

Solutions alternatives

C’est ce qu’affirme une équipe de chercheurs américains selon laquelle l’utilisation de ces nouveaux carburants entraînerait une chute de 165% des émissions nocives pour l’effet de serre.

Gilles Rosenberger

Gilles Rosenberger

Ingénieur, pilote privé 

35 ans d’expérience dans l’industrie aéronautique 

Cofondateur de la startup Faraday dédiée à la proposition électrique et hybride pour aéronefs 

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Atlantico : Actuellement, la plupart des déchets alimentaires qui sont utilisés pour l'énergie sont convertis en gaz méthane. Des chercheurs américains ont trouvé un moyen de transformer ces déchets pour les moteurs à réaction, comment ont-ils fait ?

Gilles Rosenberger : Le processus de méthanisation peut être arrêté un peu plus tôt dans le process pour fabriquer des huiles que l'on sait ensuite transformer et raffiner pour finir par donner un certain nombre de produits dont le kérosène.

L’utilisation de biodéchet pour faire des hydrocarbures est une technique bien connue. Et, au lieu de raffiner du pétrole, on raffine des huiles saturée. Dans la tour de raffinerie, on va ainsi retrouver en haut de l’essence plus ou moins légère et plus bas des kérosène et des diesels. Ici, ces chercheurs proposent d’utiliser ce produit dans l’aviation.

Cela pourrait-il être une intéressante pour réduire limpact carbone de lindustrie aéronautique ?

Oui cette alternative est écologique, mais comme d'autres et son impact est moins important que ce que la publication ne l'affirme. Aujourd’hui, nous avons accès à une vingtaine de technologies qui sont potentiellement utilisables pour faire fabriquer des carburants durables. L’avantage de ces hydrocarbures durables étant qu’ils peuvent immédiatement être utilisées dans l’avion et remplacer kérosène sans nécessiter de refaire de nouveaux avions, de nouveaux moteurs, ni de nouveaux circuits de distribution. Ils peuvent facilement s’insérer dans la chaîne qui existe aujourd’hui. Cette technique s’appelle le drop-in.

Dans cette vingtaine de technique de production d’énergie, à peu près la moitié se fait à partir de produits vivants, de la biomasse et l'autre moitié par capture de CO2. Ici, on utilise la partie des déchets alimentaires qui contiennent de la biomasse qui a initialement capté le CO2 par la photosynthèse. Tous ces produits en présence de bactéries vont habituellement générer huiles puis du méthane, il suffit d'interrompre le processus à temps pour obtenir des huiles raffinables en essence et kérosène.

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D'autres solutions peuvent être intéressantes. Notamment produire des hydrocarbures de synthèse en faisant réagir de l’hydrogène et du monoxyde de carbone (CO) qui, lui, est obtenu à partir du CO2 récupéré dans l’atmosphère ou auprès des cimenteries par exemple (les plus gros émetteurs de CO2). On peut ainsi produire de l'essence ou du kérosène.

Est-ce une meilleure option que les batteries ?

Toutes ces nouveaux carburants ont besoin d'énergie propre, donc d’électricité, pour leur élaboration. On peut ainsi affirmer que c’est déjà de l’aviation électrique. Dans le cas de la batterie, l'énergie est l'électricité et la batterie est un vecteur de stockage que l’on charge en amont. Avec ces nouveaux carburants, la source d’énergie amont est aussi de l’électricité dont on a besoin pour fabriquer de l’hydrogène, pour capter le CO2, pour raffiner, …. Et le vecteur est ici soit le bio-hydrocarbure soit l'hydrocarbure de synthèse.

Aujourd’hui, personne ne pense réellement que la batterie puisse stocker suffisamment d'énergie faire autre chose qu’un vol court avec peu de passagers. Les scénarios raisonnables, sur les 10-15 ans qui viennent, pour la batterie, sont ceux où elle alimente des petits avions ou ceux qui font des sauts de puces. Et la batterie restera un complément nécessaire pour les autres usages.

Est-ce plus écologique ?

Tous les carburants, y compris les "nouveaux" émettent du CO2 quand on les brûle dans un moteur. Tous, sans exception. L’intérêt de ces carburants durables étant que la masse de CO2 ainsi émise soit équivalente à celle du CO2 que l’on a récupéré pour les produire. C’est en cela que la chaîne est vertueuse. On capture du CO2 par la biomasse (ou dans l'air) que l’on transforme en huile puis en carburant : les molécules de carbones sont réutilisées et non extraites du sol. Il s’agit d’une économie circulaire où l’on recycle en permanence le CO2 et qui ne contribue donc pas à l'augmentation de la température.

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