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Débris spatiaux : cette menace qu’on a trop longtemps laissée de côté
©ARUN SANKAR / AFP

Le danger vient d'en haut

Avec le lancement de milliers de nouveaux satellites supplémentaires ces prochaines années, les collisions avec des débris orbitaux semblent inévitables.

Anna Alter

Anna Alter

Anna Alter est journaliste et écrivain. Docteur en astrophysique, elle a été journaliste à Science et Vie, à l'Evènement du jeudi, grand reporter à Marianne et rédactrice en chef adjointe de La Recherche. 

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Atlantico : Alors que les projets aérospatiaux se multiplient, les débris spatiaux qui s’accumulent depuis des années autour de la Terre commencent à devenir problématiques. A combien peut-on les estimer et à quel point sont-ils un frein à des opérations comme la mise en orbite de nouveaux satellites ?

Anna Alter : Les débris spatiaux se comptent par milliers. Le premier Spoutnik soviétique qui en pleine guerre froide en faisant résonner des bip bip au-dessus des deux blocs a ouvert la route des étoiles en abandonnant l’étage principal de son lanceur R7-Semiorka sur orbite, n’a pas montré le bon exemple en 1957: six tonnes de fusée, plus la petite casserole sont restés dans l’espace. Depuis on n’a pas réussi à faire de satellites propres, chaque lancement s’accompagne de son lot de pollution : on ne sait toujours pas lancer un engin spatial sans laisser un étage de sa fusée autour de la terre et on ne compte pas les bouts de ferrailles et les boulons qui se perdent…Résultat des courses : quelques 34 milles objets de plus de dix centimètres ont été recensés en 2019 dont 2000 satellites encore en activité et 5000 éteints en orbite basse, et 5400 de plus d’un mètre à 36 000 kilomètres de notre planète sur l’orbite géostationnaire où on en envoie nos engins de télécommunication. Et ça ne s’arrange pas, le privé s’y met, Elon Musk en tête illumine nos nuits de chapelets de satellites Starlinks, à elle seule son entreprise Space X en a lancé un peu plus de mille et ce n’est pas  fini.  Sans compter que des résidus plus petits qui ne se voient pas du sol peuvent faire de gros dégâts sur l’orbite où leur vitesse est d’autant plus grande qu’ils sont proches de la Terre en vertu de la loi de Kepler : à 10 kilomètres par seconde, un débris de  quelque millimètres fait mal…son énergie cinétique équivaut à celle d’une balle de fusil. S’il mesure un centimètre, toujours invisible du sol, il produit le même effet qu’une enclume tombant en chute libre sur la carlingue et à 5 centimètres le choc est équivalent à une collision avec un autobus

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En mars dernier, un satellite militaire chinois s’est désintégré après une collision avec un déchet spatial provenant du lancement d’une fusée russe en 1996. Sommes-nous mis au pied du mur après avoir mis ce problème connu de longue date sous le tapis ?

En un demi siècle de conquête spatiale on a réussi à créer un vrai dépotoir autour de notre planète, une décharge tournante qui ne se vide que très lentement : il faut au moins vingt ans pour qu’un objet gravitant à 300 kilomètres redescende sur terre et beaucoup plus pour les plus éloignés…Pas étonnant qu’il arrive des pépins ! On n’a pas su tout de suite ce qui s’était passé avec le satellite militaire chinois en mars dernier, on l’a juste vu se désintégrer en laissant une traînée de débris au-dessus de la Terre. Un astronome du Center for Astrophysics vient d’annoncer avoir résolu l’énigme : l’engin militaire chinois Yunhai 1-02 s’est pris de plein fouet un morceau de ferraille provenant d’un lancement de fusée russe en 1996. Un accident spectaculaire qui inaugure sans doute une longue série noire…Avec tous les pays qui se lancent à l’assaut du ciel et les entreprises qui cherchent des débouchés là haut le risque de collision va augmenter de manière exponentielle…

Quelles sont les solutions techniques envisagées ? Qui aurait la responsabilité de "nettoyer" notre orbite ? En clair, qui paiera l'addition ?

On n’en est pas encore à payer. Pour le moment on établit un état des lieux et le montant des factures. On place sous haute surveillance les gros débris, on imagine des satellites plus propres qui ne laissent pas le dernier étage de leur fusée en orbite et qui en s’arrêtant de fonctionner n’abandonnent plus leurs vieilles carcasses en l’air, on invente des stratégies pour balayer devant notre porte dans l’espace. Les générations précédentes insouciantes laissaient tout traîner aussi bien des boulons que les épaves. Pour ne pas reproduire à l’avenir les erreurs du passé, les engins du futur une fois hors service au lieu de laisser des  débris suspendus au-dessus de nos têtes se plieront en quatre pour retomber sur terre, ils se désintégreront dans l’atmosphère et même s’ils restent des morceaux, ils ont toutes les chances de s’abîmer en mer, notre planète étant recouverte aux deux tiers d’eau. Mais ce n’est pas fait…Pour l’heure on recommande de laisser l’orbite aussi propre qu’on l’a trouvée en entrant…Un vœux pieux tant que les pollueurs ne seront pas les payeurs.

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