Contrôle social : bienvenue dans l’ère de la surveillance auto-infligée <!-- --> | Atlantico.fr
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Les GAFAM participent de plus en plus à une forme de contrôle social.
Les GAFAM participent de plus en plus à une forme de contrôle social.
©JUSTIN TALLIS / AFP

Big Brother 2.0

Les nouvelles technologies et certaines firmes comme Google ou Amazon participent de plus en plus à une forme de surveillance. Comment faut-il se positionner face à la place grandissante prise par les géants du web dans notre vie quotidienne ?

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin est enseignant à Sciences Po et cofondateur de Yogosha, une startup à la croisée de la sécurité informatique et de l'économie collaborative.

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Atlantico : On dénonce souvent les sociétés de surveillance comment étant imposée aux gens mais oublie-t-on trop facilement que beaucoup d'entre nous y adhèrent de plein gré ? Comment expliquer cette adhésion volontaire ?

Fabrice Epelboin : Ça s'explique très simplement par le fait que l’on peut diviser la surveillance en 3 catégories :

-Il y a celle qui est faite par les États typiquement à l'insu pour votre plein gré.

-Celle qui est faite de façon commerciale. En échange du fait de profiter d'un service gratuit tel que Facebook, ils surveillent vos données en échange et vous faites confiance à Facebook pour qu’ils ne fassent pas trop de bêtises avec.

-Et puis il y à celle que vous ne voyez pas -Facebook à priori tout le monde est conscient que l’on est surveillé dès qu'on utilise Facebook- mais lorsque vous allez lire un site de presse typiquement la plupart des gens ne sont pas du tout conscient de cette surveillance.

Comment cela se manifeste-t-il au quotidien ?

Ça se manifeste par des choses dont on ne se rend pas du tout compte. Vous ne savez pas nécessairement que lorsque vous allez lire un article sur un site comme Libération, une bonne dizaine de trackers -au bas mot- surveillent et repèrent tout ce qui est consommé au moment de cette visite. Tout cela dans un but premier qui est publicitaire même si l’on ne sait pas très bien quels sont tous les usages possibles ces données. Toutes les technologies que l’on peut voir émerger tels les objets connectés de chez Amazon ou Google sont exactement basés sur le même système : offre du service contre de la surveillance. La différence est que les gens ne s’en rendent pas compte ou considèrent que c’est un bon deal.

Amazon a-t-il une forme de leadership sur ce domaine ?

Le leadership pour l'instant c'est Google et Facebook car, pour ce qui est de la surveillance commerciale, Amazon est loin derrière. C’est néanmoins le cas au niveau des enceintes connectées. Mais c'est une surveillance particulière qui fait que certaines personnes se sont aperçues à cette occasion qu'il y avait un problème au niveau de leur surveillance. Mais c'est purement psychologique car il n'y a pas plus de problèmes avec Amazon Alexa qu'avec les surveillances des navigations google. La différence c'est que Google Analytics vous ne savez pas forcément ce que c'est, ou c'est comment ou comment ça s'utilise.

Mais psychologiquement, il y a eu un déclic avec les objets connectés. Beaucoup de gens ne croyaient pas à ce genre de choses ou n’y prêtaient pas attention et avec ces nouveaux outils il s'est passé quelque chose qui fait que la prise de conscience est plus importante.

Cela contribue-t-il à une normalisation de la surveillance ? Et favorise l’émergence d’un contrôle social ?

Le contrôle social est en place à 2 niveaux. D'abord on a un peu partout l'apparition de grands géants de la manipulation l'affaire donc on a de très grosses entreprises dont l'un des objets sociaux c'est très clairement de manipuler l'opinion publique. Et ils le font en grande partie en s'aidant des données fournies par cette surveillant.

Je ne suis pas sûr qu’il y ait normalisation dans le sens où il y a beaucoup de gens qui étaient dans une ignorance et qui pensaient que c'était dans la catégorie conspiration. Ils n'y prêtaient pas attention et ne voyaient pas en quoi cela pouvait impacter leur vie et le fait qu'ils aient un objet physique présent dans leur environnement et qui les écoute tout d'un coup, ils ont réalisé qu'il y avait un problème.

Mais encore une fois il n’y a rien de de nouveau. Cette forme de surveillance qui nous écoute et qui essaie de comprendre ce que nous faisons de façon à mieux vous servir, ce sont des choses en place depuis 15 ans.  C’est la forme qui est très nouvelle mais ce n’est pas un danger supplémentaire objectivement. Il y a quand même pas mal de gens qui avec ces objets connectés ce sont dits y a un vrai problème, il faut s'en préoccuper. Au contraire c'est contre-productif au stade nous en sommes la période de béatitude vis-à-vis des GAFAM est derrière nous. Cela fait déjà plusieurs années que de plus en plus de gens se rendent bien compte que derrière ces offres gratuites et généreuses il y a quelque chose qui est très lourd à payer qui va être de plus en plus lourd. Et puis l’impact sur la société, sur la polarisation des opinions publiques, sur la montée des extrêmes ou de la haine y sont lié. De plus en plus de gens s'en méfient.

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