Comment le réseau électrique ukrainien a réussi à résister à autant de bombardements russes<!-- --> | Atlantico.fr
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Le réseau électrique ukrainien est souvent la cible des assauts russes.
Le réseau électrique ukrainien est souvent la cible des assauts russes.
©YURIY DYACHYSHYN / AFP

Guerre en Ukraine

Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, le réseau électrique ukrainien est souvent la cible des attaques.

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

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Atlantico : Comment expliquer que le réseau électrique ukrainien ait aussi bien résisté aux assauts russes ?

Damien Ernst : Pour mettre un réseau électrique par terre, il y a trois stratégies. La première consiste à frapper les sous-stations, où l’on trouve des transformateurs. La deuxième consiste à frapper les moyens de génération. La troisième est de viser les lignes électriques. Cette dernière option est rarement utilisée car les lignes sont facilement réparables. Les sous-stations où sont localisées les transformateurs sont beaucoup plus précieuses. Tout gestionnaire de réseau a une quantité limitée de pièces de rechange. Quand elles sont épuisées, impossible de faire fonctionner le réseau. Et il y a de nombreuses sous-stations, ce qui les rend impossible à protéger toutes. Il y a donc vraisemblablement eu un approvisionnement européen pour nourrir la réserve de transformateurs. Ça a notamment été le cas de la campagne Generators of Hope, appelant les villes à fournir des générateurs et des transformateurs pour faire face à l’hiver. Plus globalement, ils ont eu une capacité extraordinaire à remplacer le matériel touché.

A côté de ça, ils ont aussi pu bénéficier d’un grand nombre de générateurs diesel, qui ont servi notamment pour alimenter les hôpitaux. Ils ont reconfiguré leur réseau électrique et construit quelque chose de très robuste en quelques mois à peine. Par ailleurs, les Russes n’ont pas osé frapper les centrales nucléaires, ce qui garantissait une certaine protection des moyens de génération.

A quel point les Ukrainiens ont-ils aussi pu protéger leur réseau, notamment via des technologies anti-missiles ?

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Pourquoi les céréales ukrainiennes font peser un risque pour la sécurité alimentaire mondiale ?

C’est très difficile de protéger des transformateurs. On ne peut pas déployer des défenses anti-aériennes sur tous. Leurs efforts ont sans doute été concentrés pour protéger leurs centrales thermiques.

Le réseau ukrainien, pré-guerre, était-il particulièrement robuste ? quid du rattachement à l’Europe ?

On dit beaucoup que ce sont des réseaux « à la soviet » et que pour cela, ils seraient particulièrement résistants. Mais cela est en partie faux. Il y a bien sûr des marges de sécurité, mais les réseaux sont faciles à mettre par terre malgré tout.

Le découplage d’avec la Russie et le rattachement à l’Europe a aidé mais de manière limitée. Nous sommes d’ailleurs dans une situation où l’Ukraine est exportatrice d’électricité vers l’Europe. Elle peut vendre de l’électricité car sa propre économie est à l’arrêt.

Quelle est, à l’inverse, l’état de l’infrastructure russe ?

Aujourd’hui, les Ukrainiens ripostent et ciblent les réseaux électriques qui alimentent les trains, mais ne ciblent pas la population globale. Les Russes pourraient rapidement tomber à court de transformateurs s’ils n’ont pas de soutien étranger.  Ce qui est inquiétant, c’est le risque que les russes s’attaquent à des infrastructures électriques hors de l’Ukraine.  C’est notre risque numéro un sur le plan énergétique.

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