Comment la Covid est devenue une cause de mortalité substantielle chez les enfants<!-- --> | Atlantico.fr
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Une jeune fille se fait vacciner contre la Covid-19.
Une jeune fille se fait vacciner contre la Covid-19.
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Victimes collatérales

Certains discours sur le Covid chez l’enfant ont pu laisser penser que le virus ne présentait pas de risques majeurs. Or, le Covid représente une cause de mortalité substantielle, mais évitable, parmi les causes de décès des moins de 15 ans.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Vous avez alerté sur l'impact du Covid sur les enfants et notamment de la mortalité au Royaume-Uni, que nous disent les données ? 

Antoine Flahault : La mortalité par Covid-19 était connue pour marquer clairement une marche à partir de 50 ans, augmentant alors graduellement pour devenir très élevée après 80 ans. Cela, c’était avant la vaccination. À une époque où l’on ne percevait pas le problème chez les enfants que l’on testait peu. Jusqu’au jour où les Britanniques ont publié leurs cas, montrant qu’en 2022 les taux d’hospitalisations pour Covid en soins intensifs avant l’âge de 14 ans étaient aussi élevés que ceux des adultes âgés de 45 à 54 ans.

Avons-nous les mêmes mesures en France ? 

Oui, les chiffres disponibles en France vont dans le même sens. Les taux d’hospitalisations pour Covid-19 en soins conventionnels, en soins critiques ou en réanimation des enfants de moins d’un an représentent à eux seuls la moitié de ceux de tous les enfants admis pour Covid. Par ailleurs, dans toute l’Europe, l’excès de mortalité des 0-14 ans dépasse en 2023 de beaucoup celui de 2022 et de 2021. Car il faut ajouter cet hiver, au tribut que les enfants paient au Covid, celui dû à la grippe et au VRS.

A quoi est-dûe cette situation, au simple relâchement des Etats face aux Covid ou aux conséquences de discours erronés ?

Les petits enfants sont aujourd’hui le segment de la population qui reste l’un des moins bien protégés de toute la population. En effet, étant très peu vaccinés, ils bénéficient peu de l’immunité dont tous les adultes immunocompétents jouissent aujourd’hui vis-à-vis du Covid, grâce au vaccin et/ou aux infections passées auxquelles les tout petits n’ont pas encore été exposés. Entre la naissance et six mois, les nourrissons sont le plus souvent bien protégés par les anticorps de leur mère dont on peut rappeler l’importance de les vacciner pendant leur grossesse. Mais après l’âge de six mois, les enfants se retrouvent dans une situation très vulnérable. La plupart des familles et les crèches ont abandonné désormais toute mesure de protection. On semble avoir rapidement oublié que le virus continuait à circuler et s’avèrait aussi redoutable aujourd’hui qu’au début de la pandémie chez les personnes non immunisées.

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Que faudrait-il faire pour que les enfants cessent des victimes collatérales de nos mauvais choix face au Covid ? Et notamment au vu de la frilosité vaccinale ?

Vous apportez dans votre propre question sinon la réponse, du moins deux explications au phénomène. Le premier des mauvais choix n’est-il pas déjà celui pris par les autorités en décidant de ne pas suivre l’avis de l’EMA, qui recommandait de vacciner tous les enfants de plus de six mois en Europe ? Deuxièmement, la frilosité vaccinale que vous évoquez est en effet difficile à justifier vis-à-vis d’un vaccin particulièrement efficace et bien toléré chez le tout petit, notamment chez lequel on n’a jamais rapporté de myocardites post-vaccinales à ce jour. Alors que le risque d’hospitalisations pour Covid chez l’enfant n’est pas négligeable, celui de mourir du Covid non plus, en plus de celui de souffrir de complications post-infectieuses du Covid, les PIMS par exemple qui sont des manifestations graves immuno-allergiques. Bref il s’agit d’un virus dangereux à tout âge contre lequel existe un vaccin efficace et bien toléré chez l’enfant. Quel parent ou pédiatre conscients de ces faits pourraient ne pas regretter d’avoir négligé de vacciner leur enfant s’il développait par la suite une complication grave du Covid ?

Et puis, il y a eu une importante désinformation autour des vaccins en général et de celui contre le Covid en particulier. Des mouvements anti-science ont menacé ceux qui faisaient la promotion du vaccin, alors qu’ils défendaient une avancée de la médecine qui a représenté un tournant majeur dans la pandémie pour les adultes. Ils ont aussi voulu discréditer les experts. Je n’ai pour ma part aucun conflit d’intérêts avec les laboratoires fabricant ces produits. Zéro contact à titre personnel ni à celui de l’Institut de santé globale que je dirige à l’université de Genève, ni directement ni indirectement. Comme la plupart des experts de la pandémie, nous ne faisons que relayer les décisions officielles des agences internationales chargées de l’homologation et du suivi de la sécurité des vaccins. Ces agences sont des organisations publiques, qui s’appuient sur des comités d’experts de différents pays, dont les éventuels conflits d’intérêt sont méthodiquement écartés. Nous expliquons qu’il vaut mieux faire confiance à l’expertise collective indépendante issue de ces agences plutôt qu’à quelques charlatans, parfois beaux parleurs, mais toujours grotesques lorsqu’ils agitent leurs menaces puériles et couardes sous le prétendu anonymat des réseaux sociaux.

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