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“La Sapienza” : et si les jeunes avaient quelque chose d’essentiel à nous apprendre ?
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Avec subtilité, esthétisme et poésie, le dernier film d'Eugène Green, "La Sapienza", prend le contre-pied de la pensée dominante, en affirmant que ce sont les jeunes qui ont le plus le sens de la lumière et de la vie.

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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LE REALISATEUR

Eugène Green est né aux Etats-Unis en 1947, mais a ressenti très jeune le besoin de quitter ce pays, qu'il dénomme la "Barbarie", pour l'Europe. C'est son attirance pour la culture latine, et notamment pour la langue française, qui l'a conduit à se fixer définitivement à Paris, après être passé par d'autres hauts lieux de la culture européenne. Arrivé en 1977, il démarre dans le théâtre et crée sa compagnie, "le Théâtre de la Sapience", avec laquelle il se spécialise dans le théâtre poétique et le théâtre baroque. Au tournant du nouveau millénaire, il devient romancier et cinéaste. Son premier film, "Toutes les nuits", sort en 2001 et reçoit le prix Louis Delluc. Suivront "Le Monde Vivant" en 2003, "Le Pont des Arts" en 2004 et "La Religieuse Portugaise" en 2009.

THEME

Alexandre a 50 ans et tout semble lui sourire dans son métier d'architecte. Néanmoins, profondément insatisfait tant dans sa vie professionnelle que dans sa vie conjugale, il décide de partir en Italie pour y terminer l'ouvrage qu'il rêve de consacrer à son maître en architecture, Franco Borromini, le rival du Bernin à la grande époque du baroque. Sa femme Aliénor, psychanaliste, décide de l'accompagner, mais elle restera sur les bords du lac Majeur pour s'occuper de Lavinia, une jeune fille mélancolique, rencontrée inopinément, tandis qu'Alexandre part à Rome en compagnie de Goffredo, le frère de Lavinia,  futur étudiant en architecture.

POINTS FORTS

 - Les trésors baroques de Rome superbement filmés, qu'il s'agisse de Borromini, "baroque mystique", ou du Bernin, "baroque rationnel". On retiendra particulièrement, à la fin du film, la visite de l'église Sant'Ivo alla Sapienza et la lumière qu'elle diffuse à l'intérieur de l'édifice du haut de sa lanterne. 

- La transmission inversée: contrairement aux attentes et aux apparences, ce ne sont pas ici les "sachants" qui transmettent leur savoir au plus jeunes. Ce sont au contraire ces derniers qui, par la simplicité de leur questionnement, ramènent les deux adultes à la lumière et donc à la vie.

- La musique de Monteverdi parfaitement adaptée à cette redécouverte initiatique du baroque.

- Les beaux yeux verts de Christelle Prot qui avaient déjà attiré les regards dans "Toutes les nuits".

POINTS FAIBLES

Le démarrage du film, caricature du style extrêmement froid et formel de Green, qui peut décontenancer le spectateur non averti et l'empêcher d'entrer dans le jeu.

EN DEUX MOTS...

Eminemment symbolique, ce film est une forme de réponse de Green à tous ceux qui le taxent de conservatisme, voire même d'obscurantisme. Il ne pousse pas à reproduire ce qui a déjà été fait dans le passé, mais cherche à y trouver un sens. De ce point de vue, c'est  du sens de la lumière décelé chez Borromini que viennent selon lui l'esprit et la sagesse. Alexandre le ressent très bien, qui regrette d'avoir conçu un hôpital totalement refermé sur lui-même et donc structuré pour conduire inéluctablement les malades vers la mort. De la même façon, Aliénor puise dans la pureté de la jeunesse de Lavinia la force qui conduira à sa régénérescence et lui permettra d'envisager à nouveau d'avoir des enfants. "C'est par la lumière que nous aurons des enfants", conclut Alexandre.

UNE PHRASE

"La sapience, ce n'est ni le savoir, ni la sagesse, mais le savoir qui conduit à la sagesse" (E. Green).

RECOMMANDATION

EXCELLENT Excellent

Mais réservé à ceux qui refusent " l'idée qu'un film doit être (nécessairement) la captation brute de la réalité" (Eugène Green).

CINEMA 

LA SAPIENZA

un film de Eugène Green

avec Fabrizio Rongione (Alexandre), Christelle Prot Landman (Aliénor), Ludovico Succio (Goffredo), Ariana Nastro (Lavinia).

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