Ciaran : y a-t-il quelque chose à faire pour limiter les effets de la potentielle nouvelle tempête du siècle qui fond sur la France ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La France s’apprête à subir les effets de la tempête Ciaran.
La France s’apprête à subir les effets de la tempête Ciaran.
©FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Vents violents

La France s’apprête à affronter la tempête Ciaran. Comment expliquer un phénomène aussi soudain et brutal en cette saison ?

Serge Zaka

Serge Zaka

Docteur en agroclimatologie chez ITK, administrateur d’Infoclimat et chercheur-modélisateur, Serge Zaka étudie l’impact du changement climatique sur l’agriculture.

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Atlantico : La tempête Ciaran va balayer la France jeudi. Sur X (ex-Twitter), vous écrivez que « la situation pourrait potentiellement être explosive ». Expliquez-nous. 

Serge Zaka : Pour prévoir une tempête, il faut regarder plusieurs paramètres météorologiques de surface et d'altitude. En altitude, le vent sera autour des 300 km/h, voire plus. En surface, on aura une dépression. Cette dépression va être propulsée comme sur un tapis qui roule, par le vent, et pourrait provoquer de très fortes rafales sur le Nord-Ouest de la France. 

Pour la tempête Ciaran, on a toute cette conjonction qui est présente pour prévoir une tempête dite explosive ; c'est- à- dire une tempête qui, très rapidement, va se renforcer, accélérer sa course et venir frapper une côte. On peut avoir des rafales de vent extrêmement fortes et qui pourront dépasser les 150 km/h sur les côtes bretonnes. En réalité, on se situera plutôt entre 130 et 150 km/h sur les côtes et voire les 130 km/h dans les terres bretonnes et normandes. Ça, c'est la moyenne des prévisions. La Bretagne risque d’être particulièrement impactée. Avoir plus de 130 m/h dans les terres, c’est rare. Il faudra être très prudent car nous attendons une deuxième tempête qui, pour l’instant, est très mal modélisée. Si elle se confirme, elle pourrait concerner toute la côte atlantique entre Bordeaux et les Landes. 

Dans le cas des tempêtes les plus fortes qu'on ait pu observer en France, celles de 1987 et les deux de 1999, on avait plus de 170 km/h dans les terres et parfois plus de 200 sur les côtes. Nous ne serons pas au niveau des tempêtes du siècle, mais il est vrai que ça fait plusieurs années en France qu'on n'a pas eu de tempête.

Comment explique-t-on un phénomène aussi soudain et brutal en cette saison ? Le réchauffement climatique joue-t-il un rôle ?

C'est normal dans notre climatologie d'avoir des tempêtes. En France, la saison des tempêtes se produit vraiment de mi- septembre jusqu'à décembre. La saison des tempêtes tempérées est toujours accompagnée d'un phénomène brutal. 

Le changement climatique n'augmente ni l'intensité, ni la fréquence de ces tempêtes. Il n'y a d’ailleurs aucune étude à ce sujet en France. Il n'y a pas forcément plus de tempête en France avec le changement climatique. Par contre, il implique deux facteurs qui sont à surveiller : l'intensité des précipitations qui peut être plus importante et l'humidification des sols qui peut être assez rapide lorsqu'il y a des tempêtes. Un sol plus malléable peut faire tomber des arbres plus facilement, soyez prudent. A surveiller également : l’augmentation du niveau de la mer qui risque de provoquer des dégâts sur les côtes.

Pour l'instant, on a beaucoup d'incertitudes sur l'évolution de l'intensité venteuse avec le changement climatique. Par contre, pour l'intensité pluvieuse, on l'a déjà observé, conclu et classifié. Il y a bien une augmentation des précipitations et une augmentation des risques sur les côtes à cause de l'augmentation du niveau de l'eau.

Quels sont les risques de destructions ou d'endommagements pour les habitations et les infrastructures à l'occasion du passage de cette tempête ? Quels conseils donner ? 

A partir du moment où les rafales de vents atteignent les 100 km/h, il peut y avoir des dégâts sur les habitations : déplacements de tuiles, infiltration d’eau… D'ailleurs 100 km/h, c'est le seuil pour les assureurs. S'il y a des dégâts en dessous, c'est qu'on considère que les habitations n'étaient pas assez solides pour résister. 

Il faut aussi faire attention aux risques de chutes d’arbres beaucoup plus nombreuses sur les lignes électriques, sur les réseaux SNCF sur les routes et également dans les jardins sur les maisons. Ne montez surtout pas sur le toit lorsque vous perdez des tuiles ou lorsqu'il y a des infiltrations, parce que vous avez un risque de tomber du toit et donc des dégâts corporels. La tempête aura lieu la nuit, ne prenez pas non plus la voiture. Ne prenez pas la route ce soir-là, notamment en Bretagne et en Normandie. En ville, surveillez que les objets ne risquent pas de s’envoler comme les pots de fleurs sur les balcons ou les trampolines dans les jardins. Sur la côte, n’allez pas voir la mer se déchaîner. Éloignez-vous des côtes et surtout, ne gardez pas votre voiture en bord de mer, il peut y avoir des inondations. 

Des dégâts sont-ils à craindre à Paris  ?

Sur Paris, nous avons encore pas mal d'incertitudes. Les rafales devraient atteindre au moins les 90 km/h. Il faudra surveiller les arbres, c’est le paramètre le plus important de cette tempête. Nous avons eu un automne extrêmement doux, les feuilles sur les arbres ne sont pas tombées encore suffisamment C'est ce qui accentue la prise au vent sur un arbre. À 90 km/h de vent, on peut observer des chutes de branches en région parisienne, notamment sur les arbres qui ont le plus de feuilles. Autant vous dire, par contre, qu'en Bretagne et en Normandie, à 130 km/h dans les terres, avec présence de feuilles sur les arbres, là, il y a un risque majeur de chute d'arbres. C'est surtout ce paramètre qu'il faudra surveiller, c'est la chute d'arbres et les conséquences qu'il peut y avoir sur les habitations et sur les lignes électriques.

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