Chine, Inde, Brésil, Russie… Ces BRICS n'ont pas le poids économique qu'ils prétendent<!-- --> | Atlantico.fr
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©ALET PRETORIUS POOL AFP

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Alors que les leaders des BRICS, comme la Chine et l'Inde, recrutent de nouveaux adhérents pour renforcer leur poids politique face au G7, ils n'ont jamais eu autant besoin d'une collaboration économique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les BRICS  sont des pays aux pieds d’argile . Les pays leaders du BRICS recommencent à jouer avec le feu et profitent du déséquilibre géopolitique qu'ils ont provoqué pour affirmer leur puissance et leurs projets. Le terme de BRIC désigne quatre économies mondiales qui avaient, au début du siècle, le projet de se réunir pour montrer aux pays du G7 qu'ils n'étaient pas seuls à prétendre dominer le monde. 

Face au G7, qui regroupe les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Italie, la France, l'Allemagne et le Japon, le groupe des BRICS s'est réuni pour la première fois en 2001 avec le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Quatre pays qui étaient à l'époque gratifiés d'un taux de croissance rapide pour réfléchir à ce qu'ils pouvaient faire ensemble pour faciliter leur développement. Dix ans plus tard, ils ont invité l'Afrique du Sud et ont essayé de séduire tous les chefs d'État qui se retrouvaient dans une situation difficile. Aujourd'hui encore, la Russie et la Chine ont entrepris une campagne de recrutement notamment en Asie, en Amérique du Sud et surtout en Afrique.

Leur objectif est de surpasser la puissance économique des pays du G7 et plus récemment, le FMI (Fonds monétaire international) a confirmé que le poids économique en PIB des 5 pays émergents était désormais supérieur à celui des pays du G7, soit environ 30 % du PIB mondial, 32 % pour les BRICS et 30 % pour le G7.

Les leaders des BRICS, notamment la Chine et la Russie, profitent de cette statistique pour démontrer que les rapports de force au niveau mondial ont tendance à s'inverser et qu'il serait temps que les grandes nations siégeant au conseil de sécurité de l'ONU en tiennent compte pour réfléchir à une nouvelle organisation du monde

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Tout cela sur fond de menaces de guerre mondiale autour du dossier de l'Ukraine que la Russie essaie de conquérir, ou celui de Taïwan que convoite la Chine de Pékin. Face à ces deux dossiers, les Occidentaux sont évidemment directement concernés. Les États-Unis d'un côté protègent leur influence sur la zone Asie, et l'Europe observe avec inquiétude et attention ce qui se passe en Ukraine.

Cela dit, l'agitation des BRICS relève d'une formidable opération de communication politique. Tout d'abord, parce que le poids du G7 et celui des BRICS ne sont pas comparables. Malheureusement pour les peuples concernés, mais les BRICS restent des pays émergents. Le pouvoir d'achat par habitant est encore aujourd'hui 3 à 4 fois supérieur au pouvoir d'achat moyen d'un Brésilien ou d'un Chinois. Ensuite, le rattrapage des BRICS est directement lié à l'augmentation démographique en Inde et en Chine. Le développement économique n'a pas suivi la progression de la démographie. Enfin, et c'est le point le plus important, le modèle économique des BRICS ne leur confère pas autant d'influence qu'ils le prétendent. Les BRICS ont des modèles économiques fondés sur l'exploitation des matières premières et de l'énergie (notamment la Russie et le Brésil), ou alors sur l'accueil des industries occidentales délocalisées auxquels ils apportent une main d’œuvre pas cher . Les marchés intérieurs sont très peu développés, parfois pour des raisons politiques, comme c'est le cas de la Chine qui n'a pas respecté les accords de réciprocité à l'importation de produits occidentaux, mais aussi au Brésil pour des raisons économiques. Il n'y a pas de marché de consommation de masse parce que la demande intérieure n'est pas solvabilisée par les salaires.

En fait, la démarche des BRICS aujourd'hui est très contradictoire. Ils veulent challenger l'Occident, montrer leur indépendance, leur puissance, alors même qu'ils auraient grand besoin de l'Occident. 

Ils ont besoin d'activité, ils ont besoin d'innovation technologique, car sans technologie, il n'y a pas de croissance, pas de performance économique, alors même qu'ils ont promis à leur peuple cette prospérité. Et c'est justement parce que des pays comme la Chine et la Russie sont pris au piège de leur incapacité à offrir à leur peuple la croissance et le pouvoir d'achat qui leur ont été promis, qu'ils leur parlent de grandeur, d'identité culturelle et de souveraineté, tout en proférant des menaces de guerre. Ajoutons à cela que les pays émergents ont besoin de recycler leurs excédents dans les pays occidentaux et notamment les élites qui investissent beaucoup en occident pour le compte de leurs Etats ou le plus souvent pour leur propre compte . 

A l’heure où les émergents multiplient les menaces contre les pays du G7 ils ont complètement oublié que les gouvernant occidentaux ont besoin de concurrence loyale , d’une économie de marche qui fonctionne correctement et par conséquent de transparence . La guerre ou les menaces de guerre ne sont pas des solutions acceptables ; d’où les sanctions économiques d’ailleurs .

Pour aller plus loin, le graphique publié par Statista et établi par Tristan Gaudiaut, data journaliste, se base sur les sources provenant du FMI

Infographie: Économie : le poids grandissant des BRICS | Statista

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