Changement climatique : un risque financier supervisé<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
La BCE, dont la présidente est Christine Lagarde, entend guider les banques européennes sur la voie de la transition écologique.
La BCE, dont la présidente est Christine Lagarde, entend guider les banques européennes sur la voie de la transition écologique.
©JOHN THYS / AFP

Impact important

Le changement climatique a un impact financier très matériel, qu’il s’agisse des inondations, des sécheresses qui affectent le secteur agricole ou de manière plus générale d’avènements de catastrophes naturelles et météorologiques.

Charaf Louhmadi

Charaf Louhmadi est ingénieur. Il a notamment travaillé au sein d'un cabinet de conseil en stratégie et d'audit et pour de grandes banques françaises comme Société Générale, Natixis, Crédit Agricole et BPCE SA à travers des missions en analyse quantitative, ALM, risques de marchés/contrepartie. Il est l’auteur du livre « Fragments d'histoire des crises financières ».

Voir la bio »

La crise climatique impacte le secteur bancaire

Le problème lié au climat est un des défis majeurs du 21ème siècle, c’est aussi un facteur de risque financier. Le changement climatique a un impact financier très matériel, qu’il s’agisse des inondations, des sécheresses qui affectent le secteur agricole ou de manière plus générale d’avènements de catastrophes naturelles et météorologiques. La diminution des rendements agricoles impacte directement la croissance économique locale et nationale. Autre facteur à ne pas négliger, celui de la baisse des pollinisations animales, menaçant notre biodiversité et notre sécurité alimentaire.  

La transition énergétique constitue elle-même un risque financier de par son incertitude relative au passage à un système économique sobre en émissions de CO2.

Les banques françaises, conscientes des effets néfastes du réchauffement climatique sur leurs activités et leur bilan, se sont toutes engagées dès 2015, à respecter les accords de Paris (COP 21).

Les réformes relatives aux transitions écologiques et énergétiques changent structurellement les systèmes économiques et financiers des Etats. Les banques sont obligées d’une part de se conformer et d’autre part de considérer ces changements structurels, soient d’ajouter à leur longue liste de risques, celui lié au climat et à la transition.

Les recommandations de la BCE aux banques européennes

La Banque centrale européenne a publié un guide en novembre 2020, contenant les attentes prudentielles du régulateur vis-à-vis des banques européennes en matière de climat. Il s’agit là, pour la BCE, de suivre et contrôler les pratiques de gestion et de communication des institutions financières de la zone euro en lien avec les risques climatiques. 

Le régulateur s’est basé entre autres sur les travaux et recommandations du Groupe de travail sur le changement climatique (GTCC), et attend que les banques considèrent la problématique du climat dans :

-        Leur gestion des risques

-        Leur stratégie et leurs objectifs

-        Leur gouvernance

-        Leur quantification du risque climatique en mettant en place des indicateurs pertinents

En ce qui concerne la gestion des risques, il est attendu que les banques puissent détecter et évaluer le risque climatique et son impact sur leurs activités et leur bilan.

A noter que les principaux axes de risques pour une banque sont souvent répertoriés comme suit :

-        Le risque de crédit 

-        Le risque de marché 

-        Le risque de contrepartie

-        Le risque opérationnel

Pour la stratégie, il est attendu des banques européennes de décrire et mesurer les opportunités et risques climatiques ainsi que leur incidence sur les activités de l’établissement sur le court, moyen et long terme. Il s’agit, par exemple,  de tester la robustesse des plans stratégiques bancaires sur des scénarii de hausse des températures.

Sur le volet de la gouvernance, il est attendu des établissements bancaires de décrire le rôle du conseil d’administration dans la surveillance, la gestion et l’évaluation du risque climatique.

Enfin, les banques européennes sont attendues sur la mise en place d’indicateurs (ou KPI) permettant de quantifier leur exposition au risque climatique.

Stress tests réglementaires : La BCE entend guider les banques européennes sur la voie de la transition écologique

Selon la Banque centrale européenne, les résultats du test de résistance aux risques climatiques de l’année 2022, ont montré que les banques de la zone euro devraient fournir plus d’efforts en vue d’intégrer ce risque à leurs dispositifs et modèles internes.  La BCE souligne toutefois les progrès réalisés depuis 2020. 

Ces résultats de l’exercice 2022, disponibles sur le site de la BCE, devraient aider les banques européennes à se préparer à la transition énergétique et aux risques associés.

Ces tests de résistance n’ont pas d’impacts sur les fonds propres des banques, toutefois, ils permettent au régulateur de recueillir et de centraliser des données lui permettant d’évaluer :

-        L’exposition des banques aux risques climatiques et à la transition associée

-        De proposer de bonnes pratiques aux banques de la zone euro en vue de faire face aux risques liés au climat

Cet exercice réglementaire, auquel ont participé plus de 104 banques européennes, a été subdivisé en trois fragments ou modules :

-        Le premier qui porte sur des tests de résistance climatique

-        Le second a vocation à quantifier la dépendance vis-à-vis des secteurs fortement émetteurs en CO2

-        Le troisième permet de visualiser l’impact sur les résultats suite à l’application de différents scénarii hypothétiques, et ce sur des horizons variables

Le troisième module a été limité à 41 banques, celles de tailles importantes.                        

L’exercice pilote de l’ACPR 

L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution a mené en 2020 un exercice réglementaire pilote de stress test climatique, sur base de volontariat. Cet exercice avait réuni plus de neuf groupes bancaires et quinze assureurs.  

L’ACPR réitère cet exercice en 2023 en ciblant exclusivement le secteur assurantiel, le superviseur français a procédé à un certain nombre de changements méthodologiques pour ce nouvel exercice, en étalant à titre d’exemple, les prévisions jusqu’en 2050 ; le régulateur a également ajouté des scénarii sectoriels ainsi que des hypothèses dynamiques. Un scénario court terme à également été ajouté en vue de mesurer les impacts sur la solvabilité des assureurs.

 Le cadre réglementaire et comptable dans lequel s’inscrivent ces tests de résistance est entré en vigueur le 1er janvier 2023. A noter que ces exercices prudentiels en 2023 tout comme en 2020 demeurent volontaires.

En entrée de ces tests, l’ACPR s’est reposée entre autres sur les prévisions et projections  de Météo France, les travaux du réseau des banques centrales européennes et internationales ou encore sur les modélisations  de la CCR (Caisse Centrale de Réassurance).

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !