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Cette Histoire que les Français n’apprennent plus : le "rapt" du drapeau tricolore par le Front national
©Reuters

Bonnes feuilles

Dans son nouvel ouvrage, "l'Histoire de France de l'ombre à la lumière" (Flammarion) l'historien Dimitri Casali dénonce les pans entiers d’Histoire que les Français n’apprennent plus à l’école de la République. Il revient en outre sur le drapeau tricolore et son "rapt" par le Front National et met en perspective le patriotisme des Français en 1914 avec celui d'aujourd'hui. Des vérités qui font mal... Extrait (1/2)

Dimitri  Casali

Dimitri Casali

Dimitri Casali est Historien, spécialiste du 1er Empire et ancien professeur d’Histoire en ZEP, il collabore régulièrement avec la presse écrite, la radio et la télévision. Il est auteur d’une quarantaine d’ouvrages notamment : La France Napoléonienne (Albin Michel 2021), le Grand Procès de l’Histoire de France, lauréat du prix des écrivains combattants 2020 (Robert Laffont 2019), du Nouveau Manuel d’Histoire préface de J-P Chevènement (La Martinière 2016), de l'Altermanuel d'Histoire de France (Perrin), lauréat du prix du Guesclin 2011 ; l'Histoire de France Interdite (Lattès 2012). Par ailleurs, il est le compositeur du « Napoléon l’Opéra rock » et de l’« l’Histoire de France l’Opéra rock », spectacles musicaux historiques et éducatifs.

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LE DRAPEAU DE LA FRANCE

Sous l’Ancien Régime, la monarchie ne possède pas un drapeau, mais plusieurs. Les bannières de l’armée arborent souvent le blanc, couleur royale, avec des fleurs de lys.

Dans l’enthousiasme des grandes heures de la Révolution française naît une nouvelle bannière dont les symboles doivent incarner la nouvelle identité de la nation. Le 15 février 1794, 27 pluviôse an II selon le calendrier révolutionnaire, la Convention adopte le drapeau tricolore, déclaré « pavillon national ». L’association des trois couleurs date des grandes heures de 1789. La loi de la Convention précise que le bleu devra être rattaché à la hampe de la bannière. C’est le peintre David, député montagnard, qui obtient cette précision – mais la disposition des couleurs n’est pas encore bien fixée. En cercles concentriques sur la cocarde, on les trouve aussi en bandes horizontales sur les bannières militaires. Le bleu et le rouge décorent parfois les angles d’un drapeau à fond blanc. Il faut attendre la campagne de Russie menée par Napoléon en 1812 pour voir adoptées les bandes verticales. Grâce aux victoires de la Grande Armée de Napoléon Ier, le drapeau tricolore à bandes verticales devient le symbole du triomphe de la France révolutionnaire à travers toute l’Europe.

Léon Coignet, Juillet 1830 ou Aux Ténèbres enfin succède la clarté…, v. 1830, lithographie, Paris, Bibliothèque nationale de France. © akg-images

 LE DRAPEAU DU FRONT NATIONAL ?

Le drapeau tricolore est le premier signe officiel de la République française. Pourtant, il est devenu aujourd’hui impossible d’arborer nos trois couleurs sans être soupçonné de sympathies extrémistes. Dans tous les pays du monde, le drapeau national est déployé à la moindre occasion et sans aucune gêne ; à l’inverse, en France, il provoque un sentiment de honte. À Brasilia, à Shanghai ou à New Delhi, chaque habitant est heureux de brandir un drapeau à sa fenêtre lors d’une fête ou d’une célébration nationale. Toutes les nations revendiquent leur fierté. Toutes, sauf la France. Afficher les trois couleurs suscite des regards méfiants et suspicieux. La France est-elle devenue une exception mondiale ?

L’impérative nécessité d’apprendre à reconnaître et à respecter les emblèmes de la République a disparu de nos écoles et elle est systématiquement dénigrée dans les médias. Alors que la question de l’appartenance à notre nation est au coeur de la construction de l’identité des élèves, tous ces symboles sont parfois remis en cause par l’institution scolaire elle-même. L’école a pourtant joué un rôle fondamental dans la construction de la République : le drapeau tricolore était l’image de la patrie. Nous devons le respecter comme nous respectons le drapeau des autres nations.

Récemment à Moulins, dans l’Allier, à l’occasion d’un atelier avec des collégiens et lycéens, s’est produit un événement très significatif. Cette rencontre avait été précédée d’un concert de rock sur l’histoire de France. À la question de savoir s’ils avaient apprécié le concert, tous acquiescèrent avec enthousiasme. En revanche, plusieurs firent remarquer qu’ils n’avaient pas du tout aimé la présence d’un drapeau tricolore sur la scène du spectacle musical. On leur répondit que c’était légitime, puisque qu’il s’agit de notre drapeau national, et qu’il fallait au contraire en être fier. C’est alors qu’une vingtaine d’adolescents clamèrent en choeur : « Non, ce n’est pas notre drapeau, c’est le drapeau du Front national ! » Ignorance, malentendu, désinformation ? Il faut, dans ces cas-là, faire preuve de pédagogie et rappeler comment sont nés les grands symboles de notre pays.

Extrait de "l'Histoire de France de l'ombre à la lumière", de Dimitri Casali, publié chez Flammarion, 2014.

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