Ce racisme anti-Blancs qui gagne du terrain chez les jeunes violents<!-- --> | Atlantico.fr
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« On est là pour tuer des Blancs », aurait entendu à cette occasion un témoin, cité par Le Dauphiné Libéré, lors de la bagarre.
« On est là pour tuer des Blancs », aurait entendu à cette occasion un témoin, cité par Le Dauphiné Libéré, lors de la bagarre.
©OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP

Agressions en série

Il y a des quartiers, il y a des zones de non-droit dans lesquels les habitants font sécession et véhiculent un discours anti-français, voire anti-Blancs.

Stéphane Maitre

Stéphane Maitre

Stéphane Maitre est avocat au barreau de Paris.

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Atlantico : Dans un podcast diffusé par Le Dauphiné Libéré, de jeunes participants à la soirée sont revenus sur la nuit tragique de l'agression à Crépol et sur la mort de Thomas. Que détestent vraiment ceux qui "veulent planter des Blancs" ? Qu'est-ce qui a pu animer les auteurs de l'agression ? Comment expliquer cette justification des assaillants ? Et est-ce que, vous-même, par votre expérience de la justice en tant qu’avocat, vous avez été confronté à des cas similaires ?

Stéphane Maitre : Je me souviens d’une affaire pour laquelle Atlantico m'avait déjà interviewé. Cela concernait un cas de racisme anti-blanc. J'avais assisté devant le tribunal une famille de victimes qui vivait à Savigny-le-Temple, dans un quartier dans lequel, en tant que « Français de souche », ils étaient minoritaires. Ils ont été littéralement chassés de chez eux par des gens qui considéraient qu'ils n'étaient plus désirables dans ces lieux. Ils ont été chassés et violentés, notamment aux cris de « on va te faire la peau, sale pute, sale blanche ». J’ai encore ces phrases en mémoire parce qu'elles sont gravées d'ailleurs sur le procès-verbal du policier qui a été témoin de ces faits et de ces propos. Les affaires de racisme anti-blanc sont des affaires qui malheureusement existent.

Pour le drame de Crépol, restons prudents, l’enquête est en cours, et je n’ai pas accès au dossier. Mais il y a clairement des remontées laissant une probable notion de racisme anti-blanc dans ce qui s'est passé à Crépol. J’ai d’ailleurs été surpris de l’insistance avec laquelle le Parquet, dans ses communications sur l’enquêtes en cours, s’est empressé de souligner que les suspects sont « de nationalité Française » ; Comme s’il fallait très vite mettre hors sujet toute notion de « racisme anti-blanc » ou « anti français », et occulter le malaise provoqué par les remontées de ceux qui ont vécu de près ce drame, ceux qui en ont été les témoins et victimes directes… Un tel décalage entre le discours officiel, et les remontées de terrain, ne fait qu’attiser les inquiétudes et les suspicions.

Les auteurs de l'attaque à Crépol sont-ils animés par une haine de la France et de ses symboles ? Les jeunes auteurs de l'attaque font-ils preuve de racisme brutal ?

Le résultat concret est que, dans notre pays, des individus, qui peuvent être de nationalité française, manifestement détestent la France. Une espèce de détestation de la France, et peut-être des Français, a été enseignée soit par la famille, soit par l'environnement, la cité, la bande….

Cette situation est quand même très inquiétante et prend de plus en plus d’ampleur. Le discours officiel tend à occulter ou systématiquement minimiser cette réalité et cette situation.

Il y a des quartiers, il y a des zones de non-droit dans lesquels les habitants font sécession et véhiculent un discours anti-français, voire anti-blanc. Cette situation est inquiétante. Cela correspond à un racisme totalement renversé par rapport à tout ce qu'on enseigne sur le racisme. 

Ce phénomène existe, même s’il n’est pas généralisé et qu’il n’émane pas d’une seule catégorie de la population. Mais ce phénomène prend des proportions inquiétantes. J'en ai déjà fait l’expérience dans certaines affaires et dossiers judiciaires.

Le drame de Crépol fait écho à des expériences judiciaires que j'ai vécues comme avocat de victimes. Et cela remonte déjà à plus d'une dizaine d'années. Je constate que ce phénomène prend de l'ampleur et se répand. Sous réserve de ce qui pourra être vérifié au cours de l’enquête et de l’instruction (car les faits sont de nature criminelle), ce qui vient de se passer à Crépol en est probablement et malheureusement une triste illustration.

Il est néanmoins important de rester prudent et d’attendre les résultats de l’enquête pour l’agression à Crépol afin de faire toute la lumière sur ce drame.

Que pourrait ou que peut faire la justice face à de tels jeunes désespérés et des individus autant déstructurés ?

La justice traite les cas de façon différenciée. Les mineurs seront davantage orientés vers des mesures éducatives. Quant aux majeurs, ils s'exposent à la répression qui s'impose dans ce cas de figure. Le discours victimaire des jeunes délinquants qui ont perdu leur repères peut être justifié dans certains cas, mais il y a un moment où la justice doit quand même être réaliste et doit faire comprendre les risques qu’il y a lorsque l’on transgresse la loi et qu’une sanction doit réellement s'appliquer. Les sursis accumulés, les sursis avec mise à l'épreuve, les bracelets électroniques ne sont pas assez dissuasifs et efficaces.  

Les jeunes majeurs doivent comprendre que s'ils vont aussi loin, ils s'exposent à une sanction réelle et ferme. Dans l’affaire que j’évoquais au début de notre entretien, les mis en cause ont été condamnés à des sanctions dérisoires et jamais exécutées. La circonstance aggravante de racisme n’a même pas été retenue dans les poursuites !

Nous avons trop pêché par laxisme. Ce n’est d'ailleurs pas tellement un laxisme judiciaire. Les juges ne sont pas laxistes mais la loi les conduit à trop de laxisme. Nos lois conduisent la justice à systématiquement recourir à des peines alternatives à la prison qui ne sont pas ressenties et vécues comme de véritables sanctions par les délinquants. Quand vous mettez un bracelet électronique à quelqu'un qui en est à sa septième récidive, cela n’est pas ressenti comme une véritable sanction.

Le jeune majeur se moque de la décision lorsqu’il est condamné à ce genre de peines.

Nos lois doivent être plus réalistes et inciter notre justice à davantage de réalisme et de fermeté. Les peines plancher peuvent se justifier. Lorsque l’on est avocat de victimes, on a trop souvent en face de soi des délinquants, des agresseurs violents qui n'en sont pas à leur première fois, mais qui n'ont jamais vécu le véritable avertissement judiciaire consistant en une réelle sanction.

Est-ce qu'il y a un espoir par rapport à une partie de la jeunesse ? Ou est-ce que votre expérience judiciaire prouve qu'il y a une recrudescence de plus en plus importante d'actes violents et un phénomène très inquiétant ?

J'exerce une profession où le désespoir est interdit. Il y a toujours de l'espoir. Mais nous avons probablement affaire, avec le drame de Crépol, à un phénomène de sécession culturelle, de refus et de haine dirigée contre la France et les Français. Ce phénomène prend de l'ampleur et est très inquiétant. La justice ne fera pas tout. Il faudrait se montrer aussi sévère à l'égard des racistes anti-blancs qu'à l'égard de tout raciste. Il n'y a pas un « bon racisme » et un « mauvais racisme ». Si on combat le racisme, on le combat dans les deux sens. Quand il y a des phénomènes de racisme anti-français, anti-blanc, je trouve que l'on devrait user de la même sévérité que pour les autres racismes. Si cette notion est vérifiée dans ce qui s’est passé à Crépol, il ne faudra pas hésiter à retenir la circonstance aggravante de racisme dans les poursuites, comme on le fait très largement lorsque les victimes sont issues de minorités.

Il n’est pas normal qu'à chaque affaire de racisme anti-blanc, une espèce d'omerta règne, comme s’il s’agissait d’un sujet interdit, comme s’il n’était pas possible de parler de ce racisme-là alors qu'il est aussi condamnable que n'importe quel autre racisme. Il y a dans notre pays une autocensure, un refus de voir cette réalité en face. Or, cette réalité, elle va nous sauter au visage un jour.

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