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Un avion paré au décollage
Un avion paré au décollage
©REMY GABALDA / AFP

Le vol de l'enfer ?

Le réchauffement climatique a des effets parfois insoupçonnés. Il devrait ainsi perturber vos voyages en avion... explications.

Nicolas Gourdain

Nicolas Gourdain

Professeur à l’ISAE – Supaero, spécialisé dans les questions énergétiques et climatiques liées à l’aviation.

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Atlantico : A quel point la problématique du changement climatique se pose-t-elle pour l’aviation ?

Nicolas Gourdain : Il y a environ quatre ans, notre laboratoire a commencé à se pencher sur les effets du changement climatique pour l’aviation. Un avion a une durée de vie d’environ 30 ans. Donc les avions qui sortent actuellement des usines voleront encore en 2050. Globalement, il y a deux grandes catégories de risques. Les risques physiques liés à la modification de la circulation atmosphérique (notamment le changement des courants). Si les vents dominants changent, par exemple, il faudra réfléchir à une nouvelle conception des pistes. La deuxième grande catégorie est celle des effets socio-économiques, avec le fait que certaines destinations prisées actuellement vont cesser de l’être.

Certains travaux font écho d’un renforcement de l’intensité et du nombre des turbulences en raison du changement climatique. Qu’en savons-nous ?

Cela va très clairement se produire mais à ce jour il n’y a pas encore d’augmentation significative. Les changements de propriétés de l’atmosphère viennent avec une probabilité accrue d’augmenter l’apparition et l’intensité des turbulences en ciel clair. Pour schématiser, le jet stream, que l’on retrouve tout autour de la terre, est créé par la différence de température entre le sol et la terre et entre l'Équateur et les pôles. Or le changement climatique réchauffe les pôles en surface et l’Equateur en haute atmosphère. C’est comme si on désamorçait la pompe de ce courant jet. Les trajectoires du courant vont devenir beaucoup plus sinueuses. C’est ce mouvement chaotique qui va créer des turbulences. On devrait commencer à voir une intensification dans les prochaines décennies mais surtout dans la deuxième moitié du XXIe siècle. Et c’est dans l’Atlantique Nord que les perturbations risquent d’être les plus marquées.

Est-il possible d’adapter les avions à un climat de turbulences plus intenses et nombreuses ?

On peut s’adapter, dans une certaine mesure, et moyennant un certain coût. Plusieurs solutions existent, mais de toute manière, l’adaptation va être nécessaire. L’aviation peut, dans un premier temps, s’assurer d’avoir une conception plus robuste. Les avions sont déjà certifiés comme résistant à des rafales importantes, mais peut-être faudra-t-il tester des rafales plus fortes et nombreuses. Cela réclamera un cahier des charges plus rigoureux. Il ne faut pas oublier, aussi, qu’il y a un temps de latence dans l’adaptation des appareils. L’autre élément d’adaptation va être d’éviter les zones les plus propices à créer des turbulences, mais cela va rajouter des contraintes de trajet, le rallonger, et donc augmenter le carburant consommé et, par-là, le prix du billet.

La multiplication des turbulences pourraient-elles rendre le ciel moins praticable ?

Difficile à dire. Les turbulences en ciel clair sont déjà un problème aujourd’hui. Elles sont déjà responsables d’une large majorité des accidents d’origine météorologique. Mais les principaux impacts du changements climatiques ne sont pas encore palpables.

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