Apple se plie à la réglementation européenne sur les chargeurs<!-- --> | Atlantico.fr
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Une loi de l’UE exige en effet que les fabricants de téléphones adoptent une connexion de recharge commune d’ici décembre 2024 afin d’économiser de l’argent pour les consommateurs et de réduire le gaspillage.
Une loi de l’UE exige en effet que les fabricants de téléphones adoptent une connexion de recharge commune d’ici décembre 2024 afin d’économiser de l’argent pour les consommateurs et de réduire le gaspillage.
© LOIC VENANCE / AFP

Entrer en conformité

Le dernier iPhone d'Apple sera très certainement équipé d'une prise de charge USB-C lorsqu'il sera dévoilé le 12 septembre. Mais la firme à la pomme va-t-elle totalement jouer le jeu après avoir tenté de démontrer qu’un chargeur universel serait un obstacle à l’innovation ?

Gilles Dounès

Gilles Dounès

Gilles Dounès a été directeur de la rédaction du site MacPlus.net  jusqu’en mars 2015. Il intervient à présent régulièrement sur iWeek, l'émission consacrée à l’écosystème Apple sur OUATCH.tv, la chaîne TV dédiée à la High-Tech et aux loisirs.

Il est le co-auteur, avec Marc Geoffroy, de l'ouvrage iPod Backstage, les coulisses d’un succès mondial, paru en 2005 aux Editions Dunod.

Vous pouvez suivre Gilles Dounès sur Twitter : @gdounes

 

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Atlantico : Le tout dernier iPhone d'Apple, qui sera dévoilé le 12 septembre, devrait être équipé d'une prise de charge USB-C afin d’entrer en conformité avec les règles européennes. Une loi de l’UE exige en effet que les fabricants de téléphones adoptent une connexion de recharge commune d’ici décembre 2024 afin d’économiser de l’argent pour les consommateurs et de réduire le gaspillage. Après avoir évoqué le fait que ce dispositif pouvait être un frein à l’innovation, la société Apple va-t-elle véritablement se plier à cette évolution ? Des adaptateurs Lightning vers USB-C sont-ils déjà accessibles pour contourner ce mécanisme ?

Gilles Dounès : Apple n'a pas le choix : la firme de Cupertino doit se plier à la directive européenne, d'autant que d'autres grands marchés comme celui de l'Inde ont emboîté le pas à l’Union européenne en rendant obligatoire le fameux port USB-C sur les téléphones portables et les tablettes. En ce qui concerne l’Union européenne, le couperet tombe en décembre 2024 : Apple avait donc une marge de manœuvre d'une année supplémentaire, sachant que le renouvellement de gamme de l'iPhone intervient traditionnellement en septembre, mais tout porte à croire que le basculement vers l'USB-C interviendra dans quelques jours.

Mais Apple a déjà basculé la totalité d'une autre gamme vers l'USB-C, puisque l'année dernière c'est l’ensemble des modèles d'iPad qui avait embarqué le nouveau port de communication, à la suite de l’iPad Pro, puis de l’iPad Air. Mais la transition totale de l'ensemble de l'offre de valeur d'Apple ne serait pas bouclée pour autant, puisque les différents modèles d'AirPods utilisent un port Lightning pour se recharger. Les dernières rumeurs les plus sérieuses indiquent que ce changement devrait intervenir en début d'année 2024, à la faveur de l'évolution de l'AirPod Max sur un modèle 2.0. Apple gère donc son calendrier.

Bien entendu, il existe des adaptateurs Lightning vers USB-C, et surtout des câbles puisque les chargeurs proposés par Apple sont d'ores et déjà dotés d'une prise USB-C , et les câbles fournis avec l'iPhone pour quelques jours encore dans les boites sont de type Lightning vers USB-C.

C'est ensuite, lorsqu'il va falloir faire cohabiter les différentes générations d'iPhone et de chargeurs (certains sont encore à la norme USB–A et fonctionnent toujours très bien), qu'ils seront indispensables. Mais il est conseillé d'attendre encore quelques jours le lancement officiel de la nouvelle gamme d'iPhone, et de bien choisir des modèles certifiés MFI (Made For iPhone) afin d' éviter tout problème ultérieur avec des câbles bas de gamme sur un élément de la chaîne de recharge.Et c’est la même chose pour les chargeurs d'ailleurs, qui ne sont plus fournis par le constructeur : même si les accidents sont rares, les risques d’ incendie ne peuvent pas être tout à fait exclus.

Qu’est-ce que cela va changer pour les téléphones d’Apple ? Quels modèles seront concernés ? Est-ce le signe d’une vraie révolution pour l’iPhone ?

Ce basculement du Lightning vers USB-C est tout sauf une révolution d'un point de vue technique, à moins de considérer la pétaudière que le changement va entraîner, au moins pour plusieurs années.

Concrètement, la prise à la base de l'iPhone va prendre un peu plus de place que l'ancien port Lightning qui était beaucoup plus mince, et le câble fourni avec le téléphone sera à la norme USB-C à chaque extrémité. Vraisemblablement, l'ensemble des modèles qui devraient être disponibles à partir de vendredi devraient être équipés en USB-C , c'est-à-dire l'iPhone 14, le 13 et probablement l'iPhone SE.

On comprend mieux pourquoi l'ensemble des distributeurs a procédé très tôt cette année à des déstockages massifs, à des prix agressifs, pour purger leurs canaux de distribution. Mais il y aura sans doute encore de bonnes affaires à faire quelques semaines encore après le lancement de la nouvelle gamme.

L’ajout de la prise USB-C va-t-il changer les habitudes des utilisateurs d’iPhone ? Cela ne va-t-il pas engendrer des confusions, des déceptions, et de nouvelles dépenses chez les fans de la marque à la pomme ? Faudra-t-il acquérir séparément un chargeur et un câble adaptés très onéreux ? Les utilisateurs pourraient-ils être tentés de se tourner vers des chargeurs non officiels, plus risqués sur le plan de la sécurité ?

Apple a enlevé pas mal de choses des emballages d'iPhone au fil des années : les écouteurs, le chargeur mais il reste tout de même le câble de recharge, même s'il est également possible depuis plusieurs années d'effectuer la recharge avec un chargeur sans fil au standard du marché (Qi), Depuis plusieurs années. Il faut donc acheter un chargeur séparément si on n'en possède pas un, et il vaut d'ailleurs mieux le changer si l'on est nouveau sur la plate-forme, ou si l'on a cédé le sien en même temps que son téléphone.

Le marché de la seconde main, voire de la troisième ou de la quatrième, est en effet très important d'une manière générale pour les produits Apple, et en particulier pour l'iPhone. Il n'est pas rare que plusieurs générations d'iPhone cohabitent au sein de la même famille, au fur et à mesure que les enfants grandissent, et les anciens modèles sont bien souvent une porte d'entrée vers les smartphones pour les grands-parents. Il va donc falloir faire cohabiter plusieurs générations de connectique et de chargeurs, et éventuellement trouver du matériel de remplacement au fur et à mesure des pannes. Les câbles fournis par Apple sont en effet connus pour leur fragilité au fil du temps.

Mais il est important de répéter la nécessité de privilégier le label MFI, qui signale un processus de certification de qualité sur une chaîne batterie-câble chargeur, lequel présente un risque potentiel de surchauffe et même d’incendie.

Quels sont les avantages de ce changement pour les utilisateurs ? Sera-t-il possible d'utiliser un seul chargeur pour iPad, Mac et iPhone ? Les vitesses de téléchargement seront-elles plus rapides ? Tous les modèles d’iPhone seront-ils concernés par la charge rapide ? Pour bénéficier de ce dispositif, faudra-t-il opter pour le câble officiel Apple, moins abordable que souhaité ?

Honnêtement, je n'en vois pas. Les iPhone ont troqué un port relativement fin contre une prise nettement plus imposante, ce qui limite théoriquement les perspectives de limitation future de l'épaisseur des terminaux mobiles, et il risque d'y avoir pas mal de confusion et même des surprises au sein du foyer ou des familles, avec des iPhone souvent de générations différentes et donc avec des câbles de recharge à des standards différents. Ce n'est sans doute pas pour rien que la rumeur promet des câbles de recharge assortis à la couleur de l'iPhone pour cette génération.

Toujours à propos des câbles de transfert, l'analyste Ming-Chi Kuo qui puise ses informations dans la supply chain asiatique des fournisseurs de composants, la gamme pro de l'iPhone (iPhone pro et iPhone ultra) devrait recevoir des câbles capables de fournir les débits proposés jusqu'ici par l'USB 3.2 ou le Thunderbolt 3 (40 Gb/s). Et selon Majin Bu, une autre source sur les réseaux sociaux mais dont la fiabilité mérite d'être confirmée, les gammes-grand public se verraient cantonnées à des taux de transfert de l'ordre de 480 Mb/s, c'est-à-dire à peine de l’USB 2.0.

La perte de l’adaptateur Lightning exclusif marque-t-elle une étape importante pour Apple ? La firme va-t-elle trouver d’autres dispositifs encore plus innovants à l’avenir, pour ses futurs modèles ?

Apple a régulièrement changé ses ports de communication au cours de son histoire, et pour ce qui est de l'histoire récente, le port de 30 broches de l'iPod, puis des premiers iPhone à cédé la place au port Lightning en 2012, après environ 10 ans de bons et loyaux services. Le port Lightning permettait en effet d’atteindre des débits théoriques de 5Gb/s, à peu près comparables à celui de l'USB 3.2 (première génération), tout en autorisant la recharge simultanée. Il est vraisemblable qu'Apple aurait rapidement et de toute façon fait évoluer son port de communication, avec l’augmentation de la taille des fichiers produits par les dernières générations d'iPhone ou de l’iPad Pro. 

C'est bel et bien la taille de l'USB-C qui semble avoir posé problème, Apple ayant un moment envisagé d'opter pour un port micro USB, lorsque la commission a commencé à faire pression pour la généralisation systématique des standards ouverts. Ce fameux port USB C n'est d'ailleurs qu'un standard de connecteur, véritable auberge espagnole à l'intérieur de laquelle cohabitent toutes les vitesses de transmission. 

Au moment de la tentative de standardisation des taux de transmission de l’autre norme, d’abord en direction des ordinateurs sensu stricto, l'insistance des constructeurs de PC à imposer des taux de transfert relativement bas, pour des raisons de coûts, avait conduit Apple et Intel à développer de leur côté une version beaucoup plus ambitieuse, baptisée Thunderbolt, et dont la version 4 actuelle permet des débits qui cumulent jusqu'à 10 Gb/s, comme l'USB 3.2. de deuxième génération.

Il ne s'agit donc en définitive que d'un port physique, au sein duquel les constructeurs sont libres d’imaginer à leur guise, à ceci près qu'il est plus imposant que le port Lightning qui le remplace, et qu’il limite donc les possibilités d'évolution du design des smartphones, en particulier en épaisseur. De même, il empêche théoriquement l'adoption ultérieure d'un port différent, quels que soient par ailleurs les avantages que celui-ci pourrait apporter… Sauf à perdre plusieurs années à la négociation d'une nouvelle directive.

Pour autant, d'autres solutions existent théoriquement, avec le découplage de la fonction de transfert des données et de celle de recharge de la batterie. L'amélioration des vitesses de charge en technologie sans fil Qi pourrait représenter une alternative, tandis que les progrès récents des taux de transfert du WiFi (WiFi 6 et bientôt WiFi 7) permettent des taux de transfert théorique au-delà des 100 Gb/s.

Mais, en l'occurrence, à la différence du règlement RGPD où les acteurs américains des libertés individuelles étaient très demandeurs d'une législation équivalente aux États-Unis, tout se passe comme si l'Europe avait produit de la norme faute de pouvoir produire de l’innovation. On n'en a malheureusement sans doute pas fini avec la baisse de la sécurité, sacrifiée sur l'autel de la concurrence, sachant que la directive sur les services numériques prévoie l'ouverture à la concurrence des boutiques d'applications. 

Il y a fort à parier que, là aussi, certains nouveaux entrants seront moins regardants sur la qualité que les anciens  « gatekeepers », aujourd'hui sur la sellette. Il est malheureusement prévisible qu'un certain nombre de boutiques se révéleront beaucoup moins intransigeantes vis-à-vis des margoulins jusqu'ici tenus à l'écart, et dont les applications gratuites se sont révélées fréquemment de véritables « pots de miel » destinés à faire les poches des consommateurs en siphonnant leurs données personnelles.

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