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Alzheimer : des scientifiques découvrent pour la première fois comment détruire des particules toxiques à l’origine de la maladie
©JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Avancées dans la recherche

Une équipe de chercheurs suédois en partenariat avec Cambridge aurait trouvé le moyen de détruire des particules toxiques agissant dans la destruction des cellules saines du cerveau aggravant la maladie d'Alzheimer.

Maï Panchal

Maï Panchal

Docteur ès Sciences de l’Université Paris 6, le Dr. Maï Panchal a été chercheur sur les maladies neurodégénératives pendant plus de 12 ans. Depuis 2012, elle est la directrice scientifique de la Fondation Vaincre Alzheimer. Elle est responsable de l’évaluation des programmes de recherche et de leurs subventions en France. Elle développe les orientations scientifiques pour répondre aux besoins de la recherche française sur la maladie d’Alzheimer.  

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Atlantico : En quoi consiste exactement cette découverte ? 

Dr Maï Panchal : La maladie d'Alzheimer est une maladie neurodégénérative qui est due à l'accumulation de protéines toxiques dans le cerveau. L'une de ces protéines toxiques s'appelle la protéine beta-amyloïde (ou Abeta). 
Dans les conditions normales, la protéine Abeta est produite dans le cerveau en petite quantité. Cette protéine Abeta se dégrade ensuite dans l'organisme. Dans la maladie d'Alzheimer, il existe un déséquilibre: la protéine Abeta n'est plus bien régulée et elle se retrouve en trop grande quantité dans le cerveau. Elle commence alors à s’agréger sous forme de petites formes appelées "oligomères" qui sont très toxiques pour les neurones. Ces oligomères continuent à s'agréger entre eux pour former de longues fibrilles insolubles qui forment à terme, les plaques amyloïdes dans le cerveau des malades d'Alzheimer. 
Plusieurs essais cliniques ayant pour but de nettoyer le cerveau en enlevant les plaque amyloïdes ont échoué; en effet, on sait maintenant qu'il faut agir bien en amont de la formation des plaques amyloïdes, au moment de la formation des petits oligomères d'Abeta toxiques. Le grand défi des scientifiques est maintenant de trouver des molécules capables d'empêcher la formation de ces oligomères d'Abeta, afin d'enrayer le processus d'agrégation au plus tôt.
Dans cette étude, des chimistes anglais et suédois ont collaboré ensemble sur le développement d'une nouvelle méthode de cinétique chimique. Cette méthode a permis de tester des molécules-candidats capables de réduire le nombre d'oligomères d'Abeta formés pendant la phase d’agrégation. Les chimistes ont réussi à générer une molécule dérivée de la rhodanine qui est capable d'empêcher la formation des oligomères d'Abeta.

Ces particules toxiques pourront-elles être totalement éradiquées ? Quelle action ont-elles exactement sur les cellules saines du cerveau ?

Dans cette étude in vitro (expériences réalisées dans des tubes à essai), les chimistes montrent que leur molécule-candidat est capable d'empêcher spécifiquement la formation des oligomères d'Abeta. C'est une belle démonstration mais cela reste une première étape dans le développement d'un nouveau traitement de la maladie d'Alzheimer. Il faut tout d'abord tester cette molécule-candidat dans des modèles expérimentaux plus complexes (neurones, souris malades d'Alzheimer) et analyser in vivo son efficacité à réduire la formation des oligomères toxiques d'Abeta dans le cerveau. 
Il est intéressant de cibler ces oligomères d'Abeta car dans la maladie d'Alzheimer, ils se fixent au niveau des synapses (connections qui permettent de faire passer l'information d'un neurone à un autre), ce qui perturbe la communication entre les neurones. 

En quoi cette découverte pourra faire avancer la recherche sur Alzheimer ? 

Cette découverte est importante car elle permet de proposer de nouvelles molécules-candidats qui visent à réduire les formes toxiques d'Abeta présents dans le cerveau des malades d'Alzheimer. Mais il ne faut pas oublier que dans la maladie d'Alzheimer, une autre protéine (tau) s'agrège à l'intérieur des neurones pour former des neurofibrilles; c'est aussi une cible importante à prendre en compte. Récemment, les chercheurs ont également montré qu'il existait dans le cerveau malade d'Alzheimer une importante neuro-inflammation. Ainsi, la communauté scientifique s'accorde à dire qu'il n'y aura pas un seul traitement mais une combinaison de traitements, en vue d'une stratégie multi-cibles. Entre le début de la recherche pré-clinique (modèles expérimentaux) et l'autorisation de mise sur le marché d'un médicament, il faut compter une durée moyenne de 15 ans. La recherche est longue, mais elle est primordiale pour mieux comprendre les mécanismes qui amènent au développement de la maladie d'Alzheimer et trouver de nouvelles cibles thérapeutiques. C'est pour cela qu'il faut continuer à soutenir la recherche médicale, seule solution pour vaincre la maladie d’Alzheimer.

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