Alessandro Baricco : quand un brillant intellectuel de gauche se fait conservateur <!-- --> | Atlantico.fr
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Alessandro Baricco.
Alessandro Baricco.
©REUTERS/Tony Gentile

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Dans son dernier essai "Les Barbares", l'auteur de "Château de la colère" et de "Soie" se fait le défenseur convaincu de la culture classique. Avec plus ou moins de bonheur.

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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L'auteur

Mêlant légèreté et profondeur, subtilité et humour, Alessandro Baricco est considéré comme un des meilleurs écrivains italiens contemporains, chouchou de la critique. Ses romans ont été traduits en de nombreuses langues, notamment "Soie", publié en 1997. Il a reçu le prix Médicis étranger pour "Châteaux de la colère", en 1995. Il est également homme de théâtre et musicologue. Il aurait refusé le poste de Ministre de la culture que lui aurait offert Mattéo Renzi, prétextant son incompétence.

Il est lié à la Republica, quotidien dans lequel il a publié en feuilleton l’ouvrage sous revue.

Thème

"I barbari", "Les barbares", a été publié par épisodes en 2006 en Italie.

Il sort aujourd’hui en français car l’auteur est persuadé que les thèses qu’il y défend sont plus que jamais d’actualité.

Baricco s’efforce de comprendre par quels mécanismes la culture classique est en voie de disparition et qui sont ces barbares –les adeptes des nouvelles technologies ?- qui "saccagent les villages de la culture" (le vin, le football, les livres…) .

Il feint de ne pas s’offusquer de cette mutation, tout en concluant que dresser des remparts contre cette modernité destructrice serait sans effet. C’est la parabole de la grande Muraille de Chine qui n’a pas arrêté les barbares.

Points forts

- Le traitement, avec un détachement apparent et un certain humour, de thèmes classiques sur le changement, la mutation du monde sous l’impulsion de “barbares“ réfractaires à la culture classique qui nous est essentielle : destruction de l’âme, mort du sacré, disqualification de l’effort, perversion par l’argent, homogénéisation du goût…

- La subtilité de quelques analyses, notamment sur internet/Google et ses conséquences sur le système de valeurs : profondeur, réflexion, méditation/zapping, rapidité, mouvement, surf.

Points faibles

- Sous un style brillant et une originalité de façade, se retrouvent les thèmes conservateurs classiques du “c’était mieux avant“, à la croisée de la mondialisation, des technologies de l’information et de la démocratisation de la culture, de la société du spectacle, avec un zest de critique de la société de consommation.

- Bien des développements sont contestables sur le fond: sur le vin, les livres, l’âme, Faust… Il est d’ailleurs amusant de prendre cet intellectuel de gauche en flagrant délit de révérence vis à vis de la bourgeoisie travailleuse du XIXème siècle qui fut peut-être moins romantique que notre auteur se plaît à la croire. Enfin, ce style de fausse connivence avec le lecteur est difficile à avaler.

En deux mots...

C’est brillant, subtil, parfois intéressant, souvent agaçant, mais on peut se prendre au jeu...

Une phrase

"Quant à comprendre en quoi consiste précisément cette mutation, ce que je peux dire, c’est qu’à mon avis elle repose sur deux piliers fondamentaux : une idée différente de ce qu’est l’expérience et une dislocation nouvelle du sens dans le tissu de l’existence." Comprenne qui pourra !

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