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AgTech : l’innovation technique progresse chez les agriculteurs français
©GUILLAUME SOUVANT / AFP

Révolution verte

La Révolution verte qui s'annonce avec d'innombrables innovations ne pourra néanmoins se faire que sous certaines conditions.

Laurent  Pahpy

Laurent Pahpy

Laurent Pahpy est ingénieur (Centrale Lyon) et analyste en politiques publiques. Il collabore également avec l’IREF, notamment sur les questions agricoles.

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Drones, robots, puces connectées … de drôles de bêtes peuplent peu à peu les étables et les champs. Après la mécanisation, la fertilisationou l’amélioration génétique, l’innovation agricole continue de cultiver le champ des possibles. La Révolution verte est loin d’être terminée et s’appuie aujourd’hui sur Internet, l’intelligence artificielle et les objets connectés.

Dans le monde, les startups qui innovent de la ferme à la fourchette ont levé près de 15 milliards d’euros en 2018d’après AgFunder, un montant multiplié par huit en cinq ans. En France, la ferme digitaleréunitdes dizaines de jeunes pousses qui ont désormais leur stand attitré au salon de l’agriculture.

La nouvelle vague d’innovation passe d’abord par l’agriculture de précision. Les agriculteurs s’appuient sur des drones qui comptent le nombre de plants ou mesurent le taux de chlorophylle en survolant les champs. Des algorithmes optimisent ensuitel’apport en azote, prédisent les maladies avant qu’elles ne surviennent et pilotent l’irrigation. Ces solutions offrent des gains de rendement tout en limitant l’usage de produits phytosanitaires et la consommation d’énergie.

La robotisation et l’automatisation permettent quant à elles de se débarrasser des missions les plus pénibles et les plus chronophages. Certaines startups conçoivent des tracteurs autonomes et connectés qu’il n’est même plus nécessaire de conduire. Des robots permettent de désherber avec une grande précision et sans abîmer les plants. Autant d’heures de travail manuel libérées qui permettront de réaliser des tâches plus productives et moins pénibles. Autre solution déjà adoptée par près d’un éleveur sur cinq, la vidéosurveillance couplée à des capteurs de température et d’humidité dans les étables assure un suivi plus attentif de l’état des bêtes tout en prévenantles maladies.

Enfin, le e-commerce agricole concurrence les circuits classiques de distribution, que ce soit en amont ou en aval des filières. Les plateformes numériques introduisent plus de flexibilité et des prix parfois avantageux pour acheter des engrais et du matériel ou vendre la production au meilleur moment. D’autres sites permettent aux exploitants de louer leurs machines pour générer des revenus complémentaires.

D’après un sondage BVA-Groupama, 80 % des agriculteursse connectent àInternet pour leur activité professionnelle. Les deux tiers utilisent déjà au moins un objet de nouvelles technologies pour leur exploitation, comme un GPS dans leur tracteur, des caméras dans leur exploitation ou une station météo connectée.

Pour que ces opportunités se développent, l’environnement réglementaire devra lui aussi innover, car il constitue un des plus gros freins expliquant la dégringolade de la compétitivité de l’agriculture nationale, passée à la sixième place dans les exportations mondiales, derrière l’Allemagne et les Pays-Bas. Les exploitants passent en moyenne neuf heures par semaine sur du travail administratif et il est très difficile pour eux de faire évoluer leur outil de production comme ils le souhaitent.

Autre condition préalable indispensable : que ces technologies ne soient pas bridées par des peurs scientifiquement infondées, à l’image des nouvelles techniques d’amélioration génétiques des plantes. Ces dernières permettraient d’augmenter les rendements tout en rendant les cultures plus résistantes aux stress et aux maladies. Ces biotechnologies constituent un espoir de réponse écologique concrète en réduisant la consommation de pesticides et les surfaces agricoles nécessaires à la production. Malheureusement, elles pourraient faire l’objet d’une interdiction alors même que le consensus scientifique est très clair quant à leur innocuité intrinsèque.

Prenons garde aux faux espoirs, toutes les innovations qui nous pronostiquent une nouvelle Révolution verte ne trouveront pas forcément leur marché et doivent d’abord démontrer leur véritable valeur ajoutée. Mais il est indéniable que les pratiques changeront ces prochaines années comme elles n’ont cessé d’évoluer radicalement depuis près d’un siècle. À condition de ne pas les entraver, les agriculteurs continueront de cultiver et de récolter les fruits de l’innovation.

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