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Abstinence médiatique, vague de déplacements en province : Nicolas Sarkozy à la reconquête des électeurs
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Tout terrain

Alors que ses concurrents sillonnent la France depuis des mois, l'ancien Chef de l’État recommencera, en fin de semaine, les déplacements à la rencontre des français. L'heure de la reconquête a-t-elle sonné ?

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Enchaîner des heures de train pour passer l'après-midi à visiter des fermes, engloutir, à chaque fois, une spécialité maison, l'idée mettait jusque-là Nicolas Sarkozy de méchante humeur. Et si, en prime, le soir, l'ancien locataire de l’Élysée ne pouvait pas rentrer dormir villa Montmorency, il refusait tout net. Cela faisait pourtant des mois et des mois qu'une partie de ses soutiens lui conseillaient de refaire du terrain, de repartir à la rencontre les français. Mais il faisait la sourde oreille, prétextant dix mille autres priorités, parfois réelles, mais promettant d'y consentir… plus tardEn octobre, lors des journées parlementaires qui se sont tenues à Reims, il était resté dormir sur place et déjà, cette entorse à ses habitudes, avait sonné comme un signal. Mais cette fois, l'heure est venue de reprendre la route plus régulièrement. Samedi, en marge de la réunion durant laquelle il a présenté ses vœux aux nouveaux adhérents, Nicolas Sarkozy a confié à ses proches réunis autour d'un plat de macarons qu'il avait "très envie de reprendre le fil de sa conversation avec les français". Une conversation interrompue il y a presque 10 ans.

Depuis 2007, Nicolas Sarkozy n'a pas vraiment fait de terrain. Devenu Président de la République, les obligations notamment liées à sa sécurité, l'ont isolé. Et le lien si particulier qui le liait aux français a commencé à s'émousser. Après sa défaite de 2012, il n'a pas souhaité le renouer. Entre rancune et désamour, il a préféré travailler, dans ses bureau de la rue de Miromesnil, recevoir des invités choisis et donner des conférences à travers le monde. L'un de ses plus proches conseillers, artisan de la victoire de 2007, s'inquiétait déjà en 2014 : "La campagne de 2017, ça ne sera pas une conférence à Singapour, ça va être dur, il faut qu'il s'y prépare et ça n'est pas ce qu'il fait. Partout où il va il est accueilli comme un roi, ça ne l'aide pas à réaliser que les français, eux, ne l'attendent pas les bras ouverts".

Mais cette fois, Nicolas Sarkozy ne peut plus reculer, sa chute dans les sondages face à un Alain Juppé qui sillonne la France depuis déjà des mois et des mois, doit être enrayée au plus vite. L'ancien Président s’apprête donc à repartir à la rencontre les français dès vendredi. Le plus grand secret entoure l’événement. Les proches du futur candidat à la primaire ne veulent rien dire de plus, ni le lieu du déplacement, ni la thématique choisie, afin qu'aucun média ne viennent faire barrage entre lui et ces français qui l'attendent.

"Il a une expérience de l’État comme ancien Président et ancien ministre de l'Intérieur très intense, sans doute la plus intense, c'est aussi lui le plus imaginatif mais il n'a pas la science infuse, il est conscient qu'il a besoin d'écouter", explique un conseiller et cadre des Républicains qui ajoute : "Il est très égalitaire, il aime qu'on lui parle directement et aime lui aussi parler directement."

Écouter, c'est sans doute ce qui a fait défaut à Nicolas Sarkozy depuis plusieurs années, encore récemment certains proches se plaignaient : "On ne peut plus rien lui dire de peur qu'il nous vire". Les temps ont-ils changé ? Nicolas Sarkozy sera-t-il plus à l'écoute avec ses électeurs que de son entourage ? "En tous cas, cette étape est nécessaire car s'il y a bien une chose qu'il a su faire par le passé c'est transcrire les envies et les angoisses des français, ça a été sa force entre 2002 et 2007, il a su entretenir un lien fusionnel avec ses concitoyens, c'est ce lien qu'il doit retrouver", explique un élu parisien proche du président des Républicains.

Mais si Nicolas Sarkozy veut écouter, prendre le pouls de la population qui a changé depuis 10 ans, comprendre ce que les français ressentent et attendent aujourd’hui de lui, ce qui lui permettra notamment d'étoffer le corpus idéologique des Républicains, il veut aussi, selon l'un de ses conseillers : "Etre écouter. C'est un homme qui aime convaincre, entrer dans le raisonnement de celui à qui il parle". Il va donc ainsi aller chercher les voix une par une. Comme il l'a fait pour Jacques Chirac en 2002 ce qui lui a valu de réintégrer le cercle des chiraquiens et d'être nommé ministre de l'Intérieur, comme il l'a fait en 2006, pour lui-même cette fois, ce qui lui a valu d’accéder à l’Élysée. Il va aller chercher les voix physiquement "parce que la politique se fait avec de la chaire, de l’âme et du cœur. Elle se fait avec des hommes et des femmes qui sont les citoyens de France, ça ne se fait pas sur tweeter ni sur Facebook". C’est pourtant le mode d'expression qu'à, jusqu'ici, privilégié l'ancien chef de l’État. En mai dernier, il répondait encore aux questions des internautes via tweeter. Visiblement l'opération ne l'a pas convaincu et l'ancien Président en revient aux méthodes traditionnelles : des poignées de mains aux hommes, des bises aux femmes et aux enfants. Il va aller "au contact, dans des territoires très différents, avec une véritable qualité d'écoute", résume un proche. Une campagne comme au bon vieux temps, il n'y a que ça de vrai finalement.

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