78 jours, 2 h et 16 min pour le Vendée Globe : pourra-t-on encore longtemps faire tomber les records? <!-- --> | Atlantico.fr
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François Gabart devrait franchir la ligne devant les Sables-d'Olonne (Vendée) ce dimanche vers 11h30
François Gabart devrait franchir la ligne devant les Sables-d'Olonne (Vendée) ce dimanche vers 11h30
©Reuters/Charles Platiau

Performance

François Gabart a franchi la ligne ce dimanche devant les Sables-d'Olonne (Vendée) en 78 jours, 2 h et 16 min.

Loïc Madeline

Loïc Madeline

Loïc Madeline est rédacteur en chef de Voile Magazine.

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Atlantico : François Gabart a franchi la ligne devant les Sables-d'Olonne (Vendée) ce dimanche en 78 jours, 2 heures et 16 minutes. Le temps à battre appartenait à Michel Desjoyeaux, vainqueur de l'épreuve en 2009 en 84 jours 3 heures et 9 minutes. Êtes-vous surpris par la performance de François Gabart ?

Loïc Madeline : Non. Le temps réalisé par le vainqueur du Vendée Globe s'est amélioré presque à chaque édition, à l'exception notable de la deuxième (voir rappel en bas de page). Même si la durée de la course est directement dépendante des conditions météo rencontrées et si le parcours est à chaque édition un peu plus long à cause de la mise en place de "portes des glaces" pour éviter aux concurrents de croiser des iceberg ou des growlers sur leur route, les progrès réalisés dans tous les domaines liés à la performance se traduisent logiquement par une amélioration.

Les skippers sont de mieux en mieux préparés, comme les bateaux. Les analyses météos et les prévisions qui guident les trajectoires des coureurs sont beaucoup plus fines et fiables. Les pilotes automatiques qui barrent le bateau pendant la très grande majorité de la course sont de plus en plus précis et réactifs car ils bénéficient du traitement informatique d'un maximum d'informations sur les mouvements du bateau grâce à de nombreux capteurs.

L'engouement des Français a-t-il pris de l'ampleur lors de ces dernières éditions ? Est-ce relatif à l'amélioration des performances ?

Je ne crois pas. La France a une relation très particulière à la mer, lieu d'exploit solitaire depuis la victoire d'Eric Tabarly dans la transat anglaise de 1964. Le Vendée Globe permet d'admirer des héros romantiques (l'homme seul face aux éléments) sur un format simple à comprendre : un tour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance. Le succès du Vendée est d'abord un succès de communication. Les règles de la course qui éliminent ceux qui cassent (impossibilité de faire escale sinon dans le port de départ et seulement pendant dix jours) sont cruelles. Et les océans traversés, comme les caps à saluer, participent à une mythologie maritime évocatrice de danger encourageant une dramatisation du récit. La simplicité de la règle facilite la lecture de la course. Et en plus c'est un Français qui gagne à la fin (logique statistique : ils sont les plus nombreux au départ avec le plus de moyens). Est-ce vraiment important de savoir que le vainqueur termine en 78 ou 82 jours ? Je ne le pense pas.

Quelle est la marge de progression encore possible tant au niveau technique qu'humain ?

Logiquement, elle devrait se réduire et si le bond entre la performance de Michel Desjoyeaux en 2008-2009 (84 jours) et celle du vainqueur de cette édition est spectaculaire (6 jours de moins, plus de 7%), il faut aussi y voir le signe d'une météo favorable, notamment lors de la descente puis de le remontée de l'Atlantique nord. Il est théoriquement possible d'abaisser le record jusqu'à 74 jours au vu des performances actuelles des bateaux mais cela suppose l’enchainement quasi-parfait des systèmes météo rencontrés. Un cas de figure d'autant plus difficile à imaginer que la date de départ de la course est fixée longtemps à l'avance, à la différence d'une tentative de record où l'on peut choisir le moment où s'élancer. 

L'homme peut-il se dépasser plus encore ? Quid du dopage ?

Très certainement. Il n'y a, a priori pas de limites que l'on ne puisse repousser en associant un entraînement physique poussé à un suivi médical ultra pointu. Mais la durée de la course qui demande de garder une vigilance extrême pendant près de trois mois exclue a priori aussi la possibilité de se passer de sommeil ou de trop le limiter, les risques seraient trop grands pour le coureur. Pour ce qui est de la nourriture, on sait parfaitement calculer les apports de calories nécessaires en fonction des zones traversées et des températures rencontrées.

Ensuite, il faut savoir si l'on veut utiliser des aliments "boostant" la performance ou la vigilance, mais la voile obéit aux mêmes règles anti-dopage que les autres sports olympiques. Il sera intéressant de comparer la moyenne d'âge des premiers avec celle de l'ensemble des coureurs au départ. Logiquement, les trois premiers sont parmi les plus jeunes, ce n'est sans doute pas un hasard.

Ne sommes-nous pas passés d'un affrontement de navigateurs à un affrontement d'ingénieurs ?

Peut-être, mais quand ? Les grands marins ont toujours une connaissance aigüe de leur matériel. Encore plus sur une course en solitaire où ils doivent être capables de faire face aux éventuelles casses matérielles ou défaillances constatées. Il est logique que les leaders de cette épreuve aient une formation scientifique qui les aide à analyser les situations. D'autant que les bateaux sont de plus en plus sophistiqués dans leur conception comme dans leurs équipements. Cela ne les empêche pas d'être d'excellents navigateurs, ils sont seulement plus complets.

Pour mémoire, le premier Vendée Globe (1989-90) a été remporté par Titouan Lamazou en 109 jours et 8 heures,ensuite les temps ont été de 110 jours et 2 heures (Alain Gautier en 1992-93), 105 jours et 20 heures (Christophe Auguin en 1996-97), 93 jours et 3 heures (Michel desjoyeaux en 2000-2001), 87 jours et 10 heures  (Vincent Riou en 2004-2005) puis 84 jours et 3 heures (Michel Desjoyeaux en 2008-2009).

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