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2024 : Face à l'impuissance des politiques, les démocraties libérales comptent sur les chefs d’entreprise pour lutter contre les extrémistes et les « wokes »
©Jc Milhet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

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Les chefs d’entreprises et plus généralement tous les acteurs du système capitaliste libéral ont été épargnés jusqu’à présent par les extrémistes radicaux, religieux ou idéologues, les « wokes » en général. Or, les chefs d’entreprise ne pourront pas rester neutres

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Emmanuel Macron, dans son allocution des vœux à la nation, n’a pas été très original. Sauf qu'en annonçant le réarmement de la France pour affronter le désordre mondial et les menaces, c’est évidemment au réarmement économique auquel il pensait. 

En d'autres termes, si l'on veut résister au terrorisme et aux menaces et protéger nos valeurs démocrates et libérales, il va falloir renforcer notre potentiel industriel, financier, s’affranchir des fournisseurs d'énergie ou d’importations pas chères, et sans doute s’allier plus étroitement à nos partenaires européens. 

Macron aurait pu être plus précis. Parce que protéger nos valeurs, notre identité, notre culture et notre histoire, c’est un vœu mieux partagé par beaucoup, sauf qu'il en faut les moyens et nous n'en aurons les moyens que si et seulement si on aura su mobiliser les moyens, en travail, en productivité, en compétitivité, en innovation, en recherche et en investissement. 

"L’année 2024 sera l'année de la détermination…" Très bien, sauf que ce sera aux entreprises de jouer. Beaucoup de patrons d’entreprise l’ont compris comme ca !

Les groupes terroristes se sont ligués pour détruire les valeurs occidentales, les modes de vie de l'Occident, mais jamais ils ne se sont ligués contre les moyens matériels qui ont façonné ce mode de vie occidental. Ils utilisent tous les produits de l’innovation occidentale pour mener leur guerre. Ils ont besoin tous les jours de nos réussites scientifiques et particulièrement médicales. Leurs chefs qui ont de l'argent se font soigner dans les hôpitaux français ou américains.

La guerre des classes qui a dominé le fonctionnement des sociétés occidentales pendant tout le 19e siècle et le 20e siècle, opposant des groupes sociaux en fonction de leur place dans les fonctions de production. Cette lutte des classes, étudiée et conceptualisée par Karl Marx, opposait ceux qui possédaient les outils de production et ceux qui ne possédaient que leur force de travail. L'objectif de la guerre des classes définie par Marx n'était pas de détruire les systèmes de production, il était de faire disparaître la classe des propriétaires et des dirigeants du système capitaliste et de les remplacer par des fidèles du collectivisme.

Depuis le 19e siècle (révolution industrielle) jusqu’à la fin du 20e siècle (effondrement du bloc communiste), la planète était donc organisée en deux camps hostiles selon le fonctionnement de leur système économique. 

D’un côté, les pays du bloc communiste, de l’autre les pays libéraux. Les premiers étaient organisés sur le plan politique dans le cadre d’un régime autoritaire. Les seconds vivaient sous l'empire des démocraties libérales. 

Après la dernière guerre mondiale, ces deux blocs antagonistes se sont opposés dans une guerre froide mais néanmoins violente qui s’est terminée par l'effondrement du monde communiste, et du système économique collectivisme remplacé par les modèles fondés sur la concurrence de marché ; en fait, le système capitaliste s’est imposé comme le modèle le plus efficace pour créer de la richesse et personne dans le monde n'a suggéré de système alternatif.

Du coup, depuis le début des années 2000, les antagonismes sociaux se sont formés à partir d'autres critères que les critères appartenant à la sphère économique ou financière. On le voit bien aujourd'hui, de nombreux courants identitaires se sont définis à partir de critères ethniques, religieux ou raciaux sans fondement très précis appartenant à une idéologie politique. On retrouve certes dans ces amalgames, les nostalgiques du communisme très centralisé, des anarchistes, mais surtout des populations qui se définissent par la couleur de leur peau, leur appartenance à ces pays anciennement colonisés et qui estiment que la décolonisation n’a pas fait le travail d'émancipation et qu'elle a maintenu une sorte de servage sur ces peuples et leurs descendants. Ces courants se définissent aussi par une interprétation identitaire de leur genre (les féministes ultra sont aussi des anticolonialistes radicaux) ou par leur orientation sexuelle. Le courant LGBT défend la cause et la liberté des homosexuels et c'est en fait une arme de combat politique, etc. Parce qu'en défendant une minorité, le courant LGBT va se rapprocher d'autres minorités (écologistes, végétalistes radicaux, islamistes radicaux, etc.).

Le point commun entre tous ces courants de pensée est qu'ils ne croient pas à la vérité historique, ni aux faits objectifs, ni même aux chiffres. Pour tous ces courants de pensée, la vérité de l'histoire, les faits et les chiffres ne dépendent pas de l'évidence ou de la preuve objective comme nous l’a enseigné le siècle des Lumières, mais la vérité est celle qui ressort de l'interprétation qu'ils en font. Et cette interprétation dépend de l'origine de celui qui interprète, ou qui dispose de pouvoir au sein du groupe.

Les ultra-féministes, par exemple, se battront avec vigueur pour l'égalité des femmes et des hommes en général, mais leur solidarité ou leur compassion sera à géométrie variable. Ils seront légitimement heurtés par le harcèlement d'un artiste très connu à l'encontre d'une femme, ou même un accès de violence dans un quartier chic de Paris. En revanche, ils seront d'une discrétion totale quand il s'agira de défendre le sort des femmes victimes d'une pratique islamique moyenâgeuse en Iran, ou même de faire preuve de compassion à l'égard des viols et des atrocités commis par le Hamas le 7 octobre dernier à l'encontre des femmes. Il est vrai que ces femmes avaient le tort d'être juives. 

L'antisémitisme est devenu un dénominateur commun pour la plupart de ces groupes qui s'opposent dans le monde aux autres et notamment ceux qui sont blancs, qui sont d'origine européenne, et qui, pour couronner le tout, sont de culture chrétienne ou juive.

Ce qui est très intéressant dans cette évolution et qui peut donner une clé de compréhension pour l'avenir, c'est que le wokisme, dont on peut penser qu'il regroupe tous les courants, radicaux, extrémistes, terroristes et finalement tous ceux qui voient dans les valeurs occidentales la main du diable, le wokisme dans toutes ses formes ou expressions, ne s'attaque jamais directement aux entreprises, ni même au système de concurrence de marché. L'interprétation donnée par le Djihad islamique de l'attentat tragique du 11 septembre fut moins de s'attaquer aux centres de décision de l'économie financière mondiale que de détruire une élite judéo-chrétienne qui travaille dans ce quartier de New York.

Alors pourquoi depuis le début des années 2000, le terrorisme ne vise pas les centres de production ou de recherche pour se concentrer sur les populations civiles et les symboles d'un mode de vie libéral (le Bataclan ou Charlie Hebdo). Pourquoi ? 

Pour une seule raison, ces groupes armés de munitions et d’arguments ont besoin des dividendes de la modernité et notamment des fruits de la richesse créée par les entreprises, pour la plupart occidentales. Ils aspirent à recréer une société pure et parfaite fondée sur des principes rigoureux d'une morale dont ils sont les seuls à définir les contours, mais qu'ils cherchent à imposer au monde entier. Et pour mener à bien leur funeste projet, ils ont besoin d'argent pour acheter des armes, pour communiquer avec les procédés digitaux les plus modernes, etc., mais ils ont aussi besoin d'offrir à leurs troupes non seulement des promesses, mais un peu de prospérité économique. Les groupes wokisme, radicaux ou terroristes ont besoin de richesses. Comme ils ne savent pas les créer eux-mêmes, ils achètent cette richesse en la payant le plus souvent avec des matières premières ou de l'argent sale de la drogue. Ils en fabriquent un peu, mais ils cherchent surtout à mettre la main sur ce qui existe. Tout la stratégie du pillage des magasins lors de manifestation violentes . 

En dépit des sanctions ou des avertissements, le capitalisme international continue actuellement à faire du business avec des pays très sensibles, parce que le marché existe et ne fait pas de politique, et quand il en fait, beaucoup d'acteurs du marché considèrent que le business est un facteur de paix et de responsabilité. 

Depuis le Covid, depuis la guerre en Ukraine, depuis les tensions entre la Chine et les USA sur le sort de Taiwan, depuis le conflit israélo-palestinien, on sait que le business de la mondialisation n’a pas amélioré les chances d’une paix mondiale. Il faudra donc s'y prendre autrement sachant qu'un pays autoritaire, radicalisé, extrémiste tient généralement son peuple par des promesses de grandeur, mais qu’au final le peuple a besoin d'autre chose, il a besoin de manger, de s'abriter, de se divertir, de bonne santé et d'éducation. Au final, il a besoin de liberté, pour s’éduquer, penser, et créer de la richesse pour les autres. 

Les chefs d’entreprise, et l’ensemble du capitalisme mondial, vont avoir un rôle déterminant pour asphyxier l’extrémisme ou le wokisme. Et surtout, il va falloir s’affranchir des marchés qu'ils représentent. Si les peuples sont privés des objets produits par le capitalisme international, leurs dirigeants seront comptables de ces privations. Ce jour-là, les rapports de force peuvent changer rapidement

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