"La valse européenne" de Elie Cohen et Richard Robert : Même si tous les pays de l’Union et de l’Eurozone ne dansent pas sur le même pied... cette "valse" restera un ouvrage de référence<!-- --> | Atlantico.fr
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Elie Cohen et Richard Robert ont publié "La valse européenne" aux éditions Fayard.
Elie Cohen et Richard Robert ont publié "La valse européenne" aux éditions Fayard.
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Elie Cohen et Richard Robert ont publié "La valse européenne" aux éditions Fayard.

Jean-Jacques Pluchart pour Culture-Tops

Jean-Jacques Pluchart est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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"La valse européenne" de Elie Cohen et Richard Robert

Fayard - 478 pages

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Thème

La rétrospective historique met en lumière les difficultés rencontrées par les gouvernants européens et nationaux pour résoudre les crises qui se sont succédées à un rythme accéléré au sein de l’Union. Les difficultés résultent de la complexité des institutions instaurées par le traité de Maastricht et des divergences entre les politiques économiques des pays du nord et du sud.

La zone euro est une construction basée sur le modèle des « zones monétaires optimales », conçu par Robert Mundell au cours des années 1960, qui est bâti sur un « triangle d’incompatibilité ». En cas de choc asymétrique touchant différemment les Etats-membres de l’eurozone, la BCE ne peut prendre des mesures adaptées à chaque pays. Le modèle favorise les échanges entre les économies nationales mais il ne peut assurer leur convergence. Il contribue à creuser les écarts entre les pays du nord et du sud. Les soutiens aux pays les plus vulnérables encouragent les passagers clandestins.  Le cas de la crise grecque et des menaces du Grexit a révélé « les trous et fissures du tissus  institutionnel européen 

Les auteurs examinent ensuite les risques respectifs du Brexit  mais aussi, d’un Italexit, d’un Frexit et d’un Dexit. Le leave anglais est d’autant plus surprenant que « c’est au nom du libre-échange » et d’un global britain mythique que le Royaume Uni se sépare de ses principaux partenaires commerciaux. Le retrait de l’Italie est jugé improbable malgré ses faiblesses, car elle est too big to fail et too big to save. Les séparations de la France et de l’Allemagne sont impensables, car elles marqueraient la mort de l’Union européenne. Les auteurs estiment que «l’alliance franco-allemande est sur-jouée », car si les allemands sont attachés à la règle et à la responsabilité, les français en ont une perception relative, étant plus attachés à la solidarité.

Points forts

Le titre du livre évoque  les trois temps de la valse, ceux des  incertitudes face aux crises puis des réveils  et des espoirs. 

Sa structure présente trois dimensions : historique, avec des analyses approfondies des crises des subprimes, du marché interbancaire, de la Grèce, puis de l’Italie et de l’Espagne, de l’euro, des immigrés, du Brexit, de la concurrence chinoise, de l’isolationnisme américain  et de la pandémie ; théorique, avec des questionnements sur les modèles économiques et monétaires qui ont été successivement appliqués depuis le traité de Rome ; prospective, avec des hypothèses sur les dispositifs de relance de la dynamique européenne après la pandémie. 

Les auteurs relèvent trois paradoxes dans les approches de l’Union européenne : les Européens critiquent l’euro mais ne peuvent s’en passer ; les réflexes nationaux s’effacent lorsque les crises deviennent critiques ; l’Union ne se construit que dans les crises.

Points faibles

L’abondance des références et de figures de style rendent la lecture du livre parfois exigeante.

En deux mots ...

Les gouvernants européens doivent désormais préférer une “meilleure intégration” à une “grande intégration”.

Un extrait

Elie Cohen et Richard Robert constatent que les think tanks ont multiplié les propositions de réforme. La plupart conseillent d’achever l’union bancaire, de doter la Commission d’un budget d’investissement, de mutualiser certaines dettes publiques (à l’instar des coronabonds) et de renoncer au Pacte de stabilité. Stiglitz suggère de créer un « euro fort » dans les pays du nord et un « euro faible » dans ceux du sud. Le think tank Brughel propose de créer une Europe des clubs (Euro, Shengen, Sécurité-Défense…). Ils concluent en ouvrant une «dizaine de portes pour l’Europe», afin que L’Union ne  devienne pas une «Europe allemande» mais plutôt une «fédération d’exception face aux crises».

L'auteur

L’économiste français Elie Cohen est directeur de recherche au CNRS. Il intervient fréquemment sur les radios et télévisions. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, publiés seul (notamment chez Fayard) ou en collaboration. 

L’historien des idées, Richard Robert enseigne à Sciences po et publie ses articles économiques sur le site Telos.

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