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"Contes italiens" : n'écoutez pas les critiques
La plupart des critiques font la fine bouche devant le dernier film des frères Taviani. Allez-y, vous verrez qu'ils ont tort.
Le réalisateur
En l'occurrence, il s'agit de deux réalisateurs, les inséparables frères Taviani, tous deux octogénaires confirmés, qui, après des années de silence, poursuivent leur retour sur le devant de la scène entamé avec l'Ours d'or obtenu à Berlin en 2012 pour César doit mourir. On ne présente plus ces Dalton du cinéma à la fin d'une longue et brillante carrière dans le métier. Vingt deux longs métrages à leur compteur, nombreuses récompenses, dont la Palme d'Or à Cannes en 1977 pour Padre Padrone. Combien de temps vont-ils encore nous bercer dans l'illusion que le cinéma italien est toujours bien vivant? Outre les films déjà cités, rappelons-nous qu'on leur doit aussi, entre autres, Allonsanfan, La nuit de San Lorenzo, Fiorile et Kaos. Ce dernier, inspiré de Pirandello est sous-titré "Contes siciliens" et relève de la catégorie des films à sketches. Bien des similitudes avec ces Contes Italiens inspirés par Boccace, autre monstre sacré de la littérature italienne.
Thème
Dans ce quattrocento de la Renaissance, la peste rôde à Florence. Pour s'en préserver, un groupe de jeunes nobles cultivés se réfugie à la campagne dans une villa. Ils vont passer là quinze jours à parler de l'amour dans toutes ses formes et toutes ses dérives. Chacun y va de son histoire sur ce thème, qui va se révéler le seul remède à cette menace qui plane sur la société de l'époque. Sur les cents nouvelles qui composent le Décaméron, les Taviani n'en ont retenu que cinq, qui leur ont paru particulièrement significatives des maux dont souffrent notre temps et plus particulièrement les plus jeunes d'entre nous.
Points forts
- Un thème de tous les temps centré sur l'amour plus fort que la mort, mais aussi sur les dégâts que peut engendrer le manque d'amour.
- Le rôle incontournable attribué à la femme dans la société, elle "qui vit avec une grande liberté tous les sentiments, y compris les sentiments amoureux".
- Une reconstitution historique et une photographie très soignées qui donnent la sensation d'une belle promenade dans l'œuvre de Giotto.
- La musique, au centre du film, qui passe imperceptiblement des Rossini, Puccini et Verdi, utilisés en toile de fonds, au contemporain pour souligner les moments forts de chaque nouvelle.
- L'impression plutôt agréable, pour ceux qui ont lu le livre, d'en retrouver totalement l'atmosphère, même si les réalisateurs revendiquent leur complète originalité par rapport à Boccace: "parler de nous, de nos angoisses et de nos désirs".
Points faibles
- Un parti pris d'esthétisme qui peut irriter.
- La formule du film à sketches qui n'a jamais réellement séduit les cinéphiles.
En deux mots...
Plutôt mal reçu par la critique institutionnelle, ce film mérite beaucoup mieux. Sous ses dehors passéistes, il est résolument moderne si l'on veut bien considérer que la peste d'autrefois ressemble à s'y méprendre aux maux qui rongent notre société d'aujourd'hui. Le remède de l'amour proposé par les Taviani peut lui aussi paraître désuet et ringard, mais qu'a-t-on proposé de mieux au fil des siècles ? Ne serait-il pas le seul susceptible de permettre à l'homme d'atteindre son humanité? On peut aussi rêver sans pour autant se faire taxer d'utopiste invétéré, surtout si l'on veut bien faire une petite place à la partie féminine qui sommeille à l'intérieur de chacun d'entre nous...
Une phrase
"J'ai aimé et s'il est vrai que j'ai aimé, j'aimerai toujours après la mort" (Boccace, Le Décaméron).
Recommandation
Excellent
Informations
"Contes italiens" : de Vittorio et Paolo Taviani. Avec Ricardo Scarmacio, Kim Rossi Stuart, Jasmine Trinca. Sortie en salles le 11 juin.
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L'éternelle jeunesse des frères Taviani.
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