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"Berlin sera notre tombeau" : Peut-on parler de héros quand il s'agit de soldats français au service du régime nazi ?
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Consacré au destin final du dernier bataillon français de la division Charlemagne, cette BD peut mettre mal à l'aise, même si elle est d'une excellente facture. A vous de juger.

Bertrand Devevey pour Culture-Tops

Bertrand Devevey pour Culture-Tops

Bertrand Devevey est chroniqueur pour Culture-Tops. 

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.). 

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BD

Berlin sera notre tombeau, Tome : 1  Neukölln.
Scénario et dessins : Michel Koeniguer. 
Collection Mémoire 1939-1945
Éd Paquet 
48 p.
14,00 € 

RECOMMANDATION 

EXCELLENT 

THEME

Dans Berlin à feu et à sang en avril 1945, l'unité d'Henri Fenet, survivante de la 33ème division d'infanterie SS Charlemagne, est la dernière à rejoindre les défenseurs de la ville. Leur particularité : Français, ils ont choisi de se battre au sein de l'armée allemande dans cette unité dans laquelle ils sont majoritaires. Envoyés à Neukölln, un quartier au sud de Berlin, ils vont tenter d'enrayer l'avancée de l'armée Russe. Dans un récit construit jour après jour, ils vont vivre d'intenses combats, arrêter provisoirement l'avancée des chars, faire preuve d'un courage hors pair. Ce premier volume d'une série annoncée en trois tomes met en scène ces hommes, leurs combats qui les mèneront (dans les tomes à suivre), à être les derniers à défendre le bunker où s'était réfugié Hitler avant son suicide.

POINTS FORTS 

1. Une histoire singulière. Ces Français, militants d'extrême droite ou de droite extrême pour beaucoup, ont été des combattants probablement héroïques - c'est du moins ce que ce récit suggère - sans cacher l'ambigüité de leur sacrifice : mourir au combat en défendant la "capitale éternelle du Reich" ou être fusillés comme SS par les Russes ou les Français.

2. Leurs sentiments et leurs espoirs - que les Américains arrivent à Berlin et libèrent la ville à la place des soviétiques - sur une trame historique précise, sont décrits sans parti pris, mêlant les liens d'avant guerre, les histoires personnelles, les relations avec la population et le commandement allemand.

3. Un récit qui s'avère assez troublant puisqu'il décrit les derniers moments d'une division de l'armée allemande formée majoritairement de Français, dont l'engagement, sur le plan militaire, semble avoir été "remarquable".

4 . Scénario et dessins sont de grande qualité, servis par un maitre de la bande dessinée des aventures militaires du 20ème siècle : Michel Koeniguer. A ce titre, les amoureux du genre "militaria" (collectionneurs et passionnés d'histoire militaire) apprécieront tout particulièrement la précision des dessins, armes et véhicules en particulier. Cette édition originale contient en supplément un cahier qui présente, en noir et blanc, les premières planches du tome 2.

POINTS FAIBLES 

L'histoire de ce dernier bataillon français de la division Charlemagne, même s'il ne lui a pas été attribué de "crimes de guerre" mais combattant pour protéger le Führer et Berlin en avril et mai 1945, peut ne pas être appréciée, ou être considérée comme ne méritant pas les honneurs d'une bande dessinée.

C'est peut être ce point faible qui en fait un point fort, comme tous les récits que la littérature propose au tribunal de nos mémoires individuelles et collectives. Peut on parler de héros quand ils sont dans le camp des perdants ?

Ce caractère particulier explique que cette BD ne soit (apparemment), que la seconde sur la division Charlemagne - la première ayant été publiée en 2006.

EN DEUX MOTS 

Les amateurs de récits en Bandes dessinées apprécieront sans doute cette histoire hors norme sur le fond, et classique sur la forme. La trame historiquement exacte d'un Berlin au désespoir et en ruine, dont l'intensité et la violence des combats sont présentés sous une forme réaliste, exclut cette BD des ouvrages pour enfants. La mise en couleur donne beaucoup d'intensité au récit, et le dessin exprime très sensiblement la détermination et  la fraternité d'arme de ces combattants désespérés.

Attendons la suite (2 tomes à venir), mais cette trilogie pourrait être la version "sombre" d'un remarquable récit de guerre traduit en roman et en série TV : Band of Brothers/Frères d'armes, écrit par l'historien Stephen Ambrose sur le parcours de la 101ème division aéroporté américaine des plages du débarquement au Nid d'aigle en Bavière, (ed originale 1992, ed française Albin Michel 2002), réalisée et produite par Tom Hanks et Steven Spielberg (2001, 2002).

UNE ILLUSTRATION

L'AUTEUR 

Auteur, scénariste, dessinateur et coloriste, élève des Arts Déco de Strasbourg, Michel Koeniguer a collaboré à divers fanzine avant de se lancer dans la réalisation d'albums. Depuis le début des années 2000, il a réalisé la trilogie BushidoBrooklyn 62nd. Il se lance ensuite dans le domaine des récits de guerre, guerre d'Irak avec The Bridge, trilogie Bombroad et Misty Mission sur la guerre du Vietnam.

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