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Afin de mettre un terme à la plus grande crise institutionnelle et « existentielle » jamais connue depuis la guerre civile espagnole par l’Espagne, menacée d’implosion depuis la « Déclaration d’indépendance unilatérale (DIU) de l’ex-exécutif Catalan, Mariano Rajoy avait décidé d’organiser de nouvelles élections ce 21 décembre. Il avait parié sur une montée des partis anti-indépendance et sur une peur de la crise économique consécutive à la proclamation d’indépendance de la Catalogne. En bon technocrate désincarné, légaliste et enclin à sous-estimer les thèmes identitaires, Rajoy a cru à tort que l’application stricte de la « légalité constitutionnelle » et les préoccupations socio-économiques du peuple de Catalogne, touché par le chômage et la paupérisation, auraient le dessus sur les considérations identitaires.
Il s’est lourdement trompé, car en Catalogne comme ailleurs en Europe, les questions identitaires taraudent les électeurs parfois même au détriment de leurs soucis économiques. Le pari de Rajoy était de toute façon très risqué et il l’a perdu car il a oublié que le principe de légalité ne pèse jamais autant, dans les consciences, que celui de légitimité, auquel son adversaire direct, Carles Puigdemont, n’a cessé de se référer habilement. Mariano Rajoy a eu également tort, comme Sarkozy face à Hollande, de sous-estimer un homme au départ peu charismatique et timide qui était devenu la première fois président de la Generalitat sans être élu grâce à un concours de circonstances. L’homme simple de la campagne à la coupe ridicule s’est avéré bien plus malin que le technocrate légaliste.
D'après les résultats quasi définitifs, les trois partis indépendantistes (ERC-CatSi, Ensemble pour la Catalogne, CUP) ont doncobtenu la majorité des sièges au parlement régional catalan— 70 sur 135, même si c’est le parti libéral anti-séparatiste Cuidadanos qui est arrivé en tête des suffrages avec 25 % des voix (37 sièges). Le fait que la participation ait atteint un niveau historique (82 %, contre 75 % en 2015)et que les indépendantistes aient retrouvé le même nombre de sièges que dans l’assemblée précédente dissoute, a donnéaux séparatistes une légitimité cette fois-ci encore plus incontestable qu’avant. Madrid est pris à son piège et ne peut pasle remettre en question. Et si Carles Puigdemont revient en Espagne, le nouveau casse-tête/piège tendu au gouvernement « répressif » de Rajoy consistera à laisser les juges le mettre en prison, ce qui radicalisera encore plus ses partisans contre l’Etat espagnol et fera encore monter le vote séparatiste…
La liste Junts per Catalunya du président séparatiste destitué Carles Puigdemont, a obtenu 34 élus, et la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), de son ex-vice-président emprisonné, Oriol Junqueras, 32. Si on ajoute à ces suffrages ceux des séparatistes radicaux d’extrême-gauche de la CUP (4 élus), indépendantistes totalisent ensemble 70 sièges et ont donc de nouveau une majorité absolue dans le parlement catalan. Quant au parti de Mariano Rajoy, qui gouverne le pays, avec ses 3 députés, il est littéralement humilié.
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