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Un an de Macron : tous les indicateurs sont au vert. Tous sauf un, celui de la compétitivité. Or, c’est le cœur du projet, la clef du redressement durable.
©REUTERS/Ralph Orlowski

Atlantico Business

Les milieux d’affaires n‘en parlent guère mais ils s’en préoccupent un peu. L’économie française n‘a toujours pas amélioré sa compétitivité face à ses concurrents.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le déficit de compétitivité était au cœur du diagnostic établi par Emmanuel Macron. Ce diagnostic était partagé par une grande majorité des analystes, des économistes et de beaucoup de chefs d’entreprise.

Ce déficit de compétitivité traduisait une difficulté pour l'appareil de production d’affronter la concurrence étrangère. Les produits et les services conçus, produits et fabriqués par des entreprises extérieures sont plus attractifs pour les consommateurs français. D’où le déficit commercial abyssal, d’où l’ampleur des importations et la faiblesse des exportations. En clair, le revenu distribué en France allait plutôt vers des fournisseurs extérieurs que chez nous. D’où la faiblesse de notre croissance et surtout un chômage de masse qui touchait les 10% de la population active.

Pour réduire ces dysfonctionnements, Emmanuel Macron a établi un programme de redressement de l'appareil de production en prévoyant d’agir à la fois sur la compétitivité coût (salaires et charges trop élevés), sur la productivité (produire plus et mieux pour le même prix) et surtout sur la compétitivité hors coût, c’est à dire sur la nature des produits et services offerts, sur l’innovation.

Cette politique de l’offre avait déjà été amorcée sous le quinquennat précédent puisque Manuel Valls avait lancé le CICE (choc de compétitivité) et démarré la réduction de quelques fiscalités décidément trop pénalisantes.

Emmanuel Macron a très vite et dès le départ de son mandat, lancé des mesures de conjoncture et des réformes de structures : réforme du travail pour plus de flexibilité, réforme de la fiscalité pour attirer les investisseurs et protéger les entreprises, réforme de la formation, réforme d’un certain nombre d’institutions publiques (SNCF par exemple) et surtout, il a maintenu la pression sur les salaires (fonction publique) et sur le cout du travail en baissant les charges.

Toutes ces réformes ont ete menées tambour battant, parfois dans la grogne et dans la rogne, mais encore au bout d’un an, avec le soutins de l opinion des français qui espère que ça produira des résultats.

Au bout d’un an, c’est vrai un certains nombres de résultats sont au rendez vous, la croissance est meilleure, l ‘activité est plus dynamique, des secteurs tout entier tournent a plein régime, comme l’automobile et le bâtiment.

La consommation s’est redressée, et les investissements des entreprises se sont relevés au niveau de ce qu ‘ils étaient avant la crise. Sur l emploi, le taux de chômage est orienté à la baisse pour approcher désormais les 8% avec des secteurs proches du plein emploi (le bâtiment, les travaux publics, l informatique et le tourisme)

Alors tous les indicateurs sont au vert, avec en prime une image de la France très améliorée, tous les indicateurs sauf un, celui de la balance commerciale qui reste déficitaire, ce qui marque la persistance de ce  déficit de compétitivité. Puisque quand la consommation et l’investissement repartent en France, ils repartent au profit des fournisseurs étrangers. Allemands, britanniques, et surtout asiatiques ...

Il y a donc quelque chose qui ne fonctionne pas dans le logiciel d’offre qui a ete actionné.

Ce déficit de compétitivité peut venir de trois sources.

-Le montant des charges sur salaires, mais ça n’est pas la cause première d’autant que des la rentrés, les entreprises vont encore bénéficier de nouveaux allègements.

-Une pénurie de main d’ouvre adaptée aux besoins. Exemple, le bâtiment et le tourisme ont des offres d’emplois qu ils ne trouvent pas à satisfaire. Ce décalage là ne pourra se réduire que par la formation et la qualification (ce qui va demander un peu de temps) ou par l immigration choisie (ce qui est un peu complique politiquement actuellement)

Pour ce qui est des emplois de service qui ne sont pas pourvu, on constate que la générosité du systeme d’aide sociale peut ne pas être très encourageante a la recherche d’emplois. Spécialement quand les emplois ne sont guère qualifiés et peu considères.

-cela dit le déficit de competivité se situe dans notre déficit de productivité (question d’organisation) et surtout déficit d’innovation dans le produit. Le dynamisme du secteur Françaix du luxe, s’explique pare la formidable qualité et l originalité des produits et accessoires produits sous la marque et avec le savoir faire français. Ces produits de luxe ne se vendent pas bien parce qu ils sont moins chers.

Idem pour les voitures allemandes de haut de gamme, si le monde entier achète des Audi, des Mercedes et des porches, ce n’est évidemment pas parce que ces voitures allemandes sont moins chères.

Le problème de la maison France est donc d’élever en gamme beaucoup de ses produits et services, de son agro alimentaire au transport aérien.

Ça passe par des innovations permanentes, par de l imagination commerciale, et par un état d’esprit. La France a vécu trop longtemps sous l'emprise des logiques de la demande chères à JM Keynes. Il va falloir se résoudre à l évidence, dans une marche mondialise, et concurrentiel comme il ne l a jamais ete, le seul moyen de s’en sortir sera d’appliquer les recettes de Schumpeter. Dans un pays encore colbertiste, avec un Etat hyper présent, dont les fonctionnaires ont souvent l’arrogance d’avoir trop souvent raison sur les entrepreneurs, ça va être compliqué.

Le poids de la fonction publique, le poids des dépenses publiques, c’est une muraille à laquelle Emmanuel Macron ne s’est pas encore attaque. C’est sans doute sa principale erreur.

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