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Ecologiste (croyant mais pas pratiquant) à l'agonie
Ecologiste (croyant mais pas pratiquant) à l'agonie
©passenger shaming

Moi c’est moi et toi prends le train

Les personnages publics théoriquement les plus concernés par leur empreinte carbone sont souvent les meilleurs clients du transport aérien. Qu’est-ce que ça nous dit ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Ça n’est pas vraiment nouveau, même si ça tient désormais davantage du « flying gag » que du « running gag » traditionnel, mais ça continue de m’intriguer autant qu’un ministre du Budget qui encaisserait des pots-de-vin puis les enverrait discrétos faire des petits dans un paradis fiscal...

Car enfin, qu’est-ce qui peut bien pousser les personnalités publiques les plus farouchement hostiles au transport aérien et les plus ardemment convaincues qu’il faudra un jour rationner les billets d’avion à accumuler les miles Air France avec autant d’enthousiasme ? 

Cette semaine, ce sont les insoumises Manon Aubry et Mathilde Panot qui s’y (dé)collent en allant arpenter des allées de supermarchés du côté de la Martinique histoire de protester contre la vie chère. Quinze jours plus tôt, c’était le tour de Marine Tondelier, timonière d’EELV, qui s’envolait vers la Guyane afin d’y regarder pousser un arbre auquel elle rendrait d’ailleurs visite chaque année de son propre aveu.

Et je ne dis rien des jet-setters du monde du spectacle qui, bien que sans responsabilités politiques, mettent volontiers leur charisme et leur notoriété au service du plane-bashing mais passent la moitié de leur vie dans les nuages : ces Harrison Ford qui pilotent leur propre appareil jusqu’au festival de Cannes pour y alerter la Croisette sur les rejets de dioxyde de carbone, ces Alexandra Lamy que l’urgence climatique font paniquer le matin sur France inter mais qui publient leurs diapos de vacances à Madagascar et à l’Ile Maurice dans Elle l’après-midi…

Ça m’intrigue, donc, parce que je ne sais pas quoi en faire. Est-ce qu’ils sont sincères dans leurs convictions et vivent comme un impératif sacrificiel d’avoir à parcourir le globe pour prêcher la bonne parole ? Car qui irait dénoncer la valse des étiquettes dans la grande distribution antillaise, stimuler la croissance forestière sud-américaine ou édifier les paparazzi azuréens sur le recul du trait de côte s’ils ne se dévouaient pas ? Personne sans doute. 

Ou sont-ils plutôt de banals hypocrites, des pharisiens qui n’auraient embrassé une cause que parce qu’elle était porteuse chez les électeurs comme chez les spectateurs et apprécieraient juste, autant que vous et moi, d’aller faire un tour à la plage en plein mois de décembre ? Ça serait terrible.

Je dois continuer de cogiter. Il y a certainement une troisième possibilité. Si j'en croise un à Roissy, je lui poserai la question.

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