Ça pique les yeux
Vous pensez souffrir d’allergies ? Attention, leurs symptômes peuvent en fait cacher d’autres maladies
Un récent sondage montre qu'un Français sur trois se déclare allergique à quelque chose. Si la hausse du nombre des allergies est un phénomène reconnu, bon nombre de personnes confondent souvent leurs symptômes avec ceux d'autres maladies n'ayant rien à voir.
Atlantico. Selon un récent sondage conduit par Stallergènes, 1 Français sur 3 se déclare allergique. Ce ressenti est-il en phase avec la réalité ?
Florence Trébuchon : Il existe plusieurs types d'allergies : les allergies alimentaires, les allergies aux médicaments, et les allergies aux hymenoptères et enfin les allergies respiratoires.
Ce sondage fait référence, je pense, aux allergies respiratoires qui se manifestent par des rhinites parfois accompagnées de conjonctivite et de l'asthme. Ces allergies sont provoquées par ce que l'on respire: pollen, acariens, phanères d'animaux.
Aujourd’hui on estime que 30 % des adultes sont concernés par une rhinite allergique ce qui est proche du résultat du sondage. Par ailleurs la prévalence de l'asthme est de 7 % dans la population générale, mais concerne 10 % des enfants.
Cependant il y a différent degré de sévérité dans l'allergie respiratoire . Certaines personnes vont être gênées 3 semaines au printemps de manière très modérée et facilement soulagées avec un traitement antihistaminique alors que d'autre vont avoir des symptômes handicapants pendant plusieurs mois nécessitant la prise quotidienne de plusieurs traitements. L'enjeu actuel est de diagnostiquer et de prendre en charge correctement les allergies invalidantes: les rhinites sévères non controlées par les traitements anti histaminiques, l’asthme...
Quels sont les symptômes qui incitent le plus souvent à en conclure qu'on est allergique à tort ? A quels autres types d'affections ces symptômes peuvent-ils être liés ?
Les symptômes les plus évocateurs d'allergies sont un rhume persistant avec des éternuements des démangeaisons et une conjonctivite. Si ces signes apparaissent de manière saisonnière ils sont d'autant plus évocateurs d'allergie.
L'allergie est une réponse inadaptée du système immunitaire qui au lieu de tolérer certains pollens, ou les acariens, les identifies comme "une menace" et fabrique des anticorps que l'on appelle les IgE. Ces IgE sont spécifique d'un allergène, mais au lieu de protéger l'organisme elles sont à l'origine de la réaction allergique quand elles rencontrent pollens ou acariens dans la muqueuse respiratoire.
Cependant dans certains cas il peut s'agir de rhino-conjonctivites inflammatoires favorisées par le vent et l'action mécanique et toxique irritante des pollens sur la muqueuse du nez et sur la conjonctive. La pollution atmosphérique souvent très présente quand il fait chaud agit aussi de la même manière sur les voies respiratoire. Dans ces cas le il n'y a pas de mécanisme imuno allergiques, et la gêne n'est pas spécifique d'un pollen, elle est plutôt la conséquence de plusieurs facteurs directement agressifs pour les voies respiratoires. Dans ce cas le traitement est plutôt basé sur des anti-inflammatoires locaux.
Enfin, il arrive que les deux mécanismes soient intriqués: la pollution atmosphérique majore les symptômes de l'allergie, ce qui explique qu'il y ait de plus en plus de personne qui se sentent gênées par leurs allergies en zone urbaine.
Certaines confusions peuvent-elles s'avérer dangereuses ? Comment les dissiper ?
Dans certaines situations comme les rhinites chroniques persistantes avec troubles de l'odorat, le diagnostic de l'allergie aux acariens est évoqué parfois à tort, et il peut s'agir d'une polypose rhinosinusienne qui doit être prise en charge par l'ORL.
Dans d'autre cas, les patients prennent depuis de long mois des traitements antihistaminiques pour une rhinite non étiquetée sans réelle amélioration.Face à une suspicion d'allergie, il est légitime de réaliser un bilan allergologique chez l'allergologue, simple rapide, fiable il permettra de confirmer ou d'infirmer le diagnostic et d'orienter la prise en charge la plus adaptée.
Il faut rappeler que ce bilan peut être réalisé même chez le jeune enfant.
Comment expliquer que tant de personnes se déclarent allergiques sans réel diagnostic ? Peut-on aller jusqu'à parler d'une tendance ? Quels facteurs l'alimentent ?
L'allergie respiratoire s'installe souvent de manière insidieuse, les gênes s'aggravent progressivement d'années en année, le malade s'habitue a ses gênes et vit avec. Il est dommage que les médecins référents n'orientent pas plus les patients vers l'allergologue pour un bilan. Mais il faut dire pour leur décharge que les personnes allergiques sont souvent des sujets jeunes en bonne santé par ailleurs et qui consultent peu. Cependant, le bilan allergologique semble incontournable pour faire le tri entre ce qui est allergique et ce qui ne l'est pas; pour évaluer aussi la sévérité de la maladie et son impact sur la fonction respiratoire. Un bilan allergologique est toujours contributif, même si il est négatif car il permet d'orienter le traitement
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