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 “Jamais l'opposition n’a été aussi déterminée à renverser Poutine”
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Printemps arabe, hiver russe ? Oui !

A la suite d'élections législatives désastreuses pour le parti de Vladimir Poutine, la mobilisation sociale continue contre le chef du gouvernement russe et sa volonté de se re-présenter au suffrage présidentiel de 2012. D'importantes manifestations sont prévues ce samedi...

Cécile Vaissié

Cécile Vaissié

Cécile Vaissié est professeur des universités en études russes et soviétiques à Rennes II.

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Le « parti des voleurs et des voyous » : c’est ainsi qu’en février 2011, le juriste russe Alexeï Navalny, qui enquête sur les détournements de fonds publics, a appelé Russie Unie, le parti créé pour soutenir Vladimir Poutine. Cette expression s’est répandue en Russie comme une traînée de poudre, tandis que des rapports, rédigés par l’opposition, exploraient les enrichissements spectaculaires des proches du Premier ministre russe.

Depuis 2000, Vladimir Poutine et son clan – dont ses anciens collègues du KGB et/ou de Saint-Pétersbourg, voire ses voisins à la campagne – contrôlent l’essentiel de la vie politique et économique du pays où ils ont construit, non tant une verticale qu’une pyramide, sur un principe « féodal » – c’est le terme couramment employé en Russie : « loyauté absolue contre possibilités d’enrichissement ». Ils ont réduit à zéro le rôle du Conseil de la Fédération, transformé la Douma en chambre d’enregistrement, créé une opposition factice, interdit l’apparition de partis autonomes, fait taire les principaux médias… Ils ont aussi repris de vieux procédés du KGB pour discréditer leurs opposants, y compris sur internet. La justice est soumise au pouvoir politique, national ou local, et la corruption a explosé.

L’annonce officielle, le 24 septembre, de la candidature de Monsieur Poutine à un troisième mandat présidentiel a joué un rôle déclencheur dans la mobilisation sociale croissante qui a accompagné les élections législatives du 4 décembre : l’information circule sur internet où le débat bat son plein, et des citoyens ont tenté – malgré les difficultés - de jouer le rôle d’observateurs dans des bureaux de vote. Mais, le 4 décembre, des attaques Dos bloquaient les sites de médias démocratiques et celui de Golos, cette association qui répertorie les violations à la législation électorale. Or, les fraudes en faveur de Russie Unie ont été massives : des témoignages et des exemples détaillés abondent sur les réseaux sociaux russes. Même avec ces fraudes, Russie Unie a obtenu moins de 50% des voix, dont… 99,5% dans la Tchétchénie tenue d’une main de fer par Monsieur Kadyrov.

Le 5 décembre, plusieurs milliers de citoyens russes sont descendus dans les rues pour clamer leur indignation devant ces falsifications : c’était la plus importante manifestation à Moscou depuis au moins dix ans. Des centaines de personnes ont été arrêtées, dont Alexeï Navalny et Ilia Iachine, l’un des jeunes dirigeants de l’opposition russe. Le lendemain, une autre manifestation a eu lieu, et les autorités ont eu recours à une violence démesurée : des femmes, des journalistes, des manifestants ont été frappés et brutalisés, et il y aurait eu 600 interpellations. Mais déjà, des juges se prétendent malades pour ne pas avoir à condamner ces citoyens. D’autres manifestations sont annoncées pour le samedi 10 décembre, à Moscou, dans de nombreuses villes russes, ainsi qu’à Paris, Londres et Berlin. Une page est en train de se tourner : face à un pouvoir d’autant plus dangereux que sa légitimité est sérieusement ébranlée, la société civile russe affirme son existence et sa volonté d’être prise en compte.

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