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Réseaux sociaux : mais où sont passés les militants d’En Marche! ?
©Reuters

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Bien que critiquées par certains, les analyses big data sont néanmoins révélatrices d'une réalité : les partisans d'Emmanuel Macron sont particulièrement rares et discrets quand il s'agit de défendre leur candidat sur Internet.

Xavier Tytelman

Xavier Tytelman

Formateur en aéronautique, spécialiste de la sécurité aérienne et président du Centre de Traitement de la Peur de l'Avion (www.peuravion.fr), Xavier Tytelman est également chargé d'étude Veille Analyse Anticipation au profit du Bureau Opérations et Gestion Interministérielle des Crises (Ministère de l'Intérieur / DGSCGC).
 
 
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Depuis plusieurs semaines, toutes les analyses big data donnent invariablement François Fillon vainqueur de cette présidentielle, qu'il s'agisse de Filteris, ElectionScope, YouGov et Multivote, ou plus simplement des sondages appelant les internautes à faire un choix... Même si elles ont déja démontré leur pertinence (élection de Trump, Brexit, primaires de la droite et du centre), ces analyses attirent systématiquement les critiques des sondeurs et celles des partisans d'Emmanuel Macron. Elles restent néanmoins révélatrices d'une réalité : les partisans d'En Marche sont particulièrement rares quand il s'agit de défendre leur candidat sur Internet.

Prenons par exemple le grand débat diffusé sur TF1 le lundi 20 mars, événement ayant généré plus d'un million de tweets dans la soirée. Si l'on considère uniquement les messages de soutien aux trois principaux candidats (#JeVoteFillon, #FillonPresident et #Fillon2017 pour Fillon,  #EnMarche, #Macron2017 et #MacronPresident pour Macron, #Marine2017, #AvecMarine et #AuNomDuPeuple pour Le Pen), le constat est sans appel : 16.600 tweets et retweets pour Macron, 56.500 pour Le Pen et plus de 106.000 pour Fillon. Et la même démonstration pourrait être faite sur chacun des meetings des 3 candidats, Macron réussissant même l'exploit de cumuler davantage de tweets négatifs que de soutiens depuis un mois, même en faisant abstraction du fait que #EnMarche soit factuel ou négatif dans plus de la moitié des cas... Le FN et les Républicains ont-il réussi à accroître artificiellement leur puissance, ou Macron est-il réellement un nain numérique ?

Il est possible de faciliter la diffusion de tweets pour un candidat, par exemple en invitant les internautes à télécharger les applications smartphone. Google ne fournit qu'un ordre de grandeur du nombre d'installations, mais le constat est là aussi sans appel et Macron est largement distancé : l'application "En Marche" compte "plus de 100 téléchargements", "Fillon 2017" dépasse les 5.000, et "Marine 2017" plus de 10.000. On peut donc imaginer que les autres candidats profitent d'un système bien huilé et d'une équipe de campagne numérique plus aguerrie. Sauf l'on découvre très vite que Macron utilise des bots, c'est-à-dire des comptes plus ou moins actifs mais dont l'objectif est de diffuser en grand nombre des mots clés, l'objectif étant de faire monter artificiellement des sujets dans les tendances ou donner un soutien fictif au candidat ! On ne peut donc pas dire que le candidat se contente de laisser ses vrais militants diffuser sa bonne parole.

Cette disproportion entre Internet et les médias est encore plus flagrante lorsque l'on observe les 50 articles concernant Macron les plus partagés sur Twitter depuis 1 mois : seuls 3 sont clairement favorables au candidat (sondages favorables et publication de son programme), tous les autres égrenant ses casseroles (Servier, Las Vegas...), son statut de successeur de Hollande et du PS, les doutes sur son patrimoine, les vêtements de luxe que son épouse se fait offrir ou ses difficultés récentes (défections dans ses rangs et salles vides)... Seulement 3.500 diffusion pour le premier article favorable contre 6.000 pour le plus partagé. De son côté, malgré ses affaires et leur bruit médiatique, on trouve 26 articles favorables à Fillon dans son top 50, sans compter ses éléments de communication comme le "cabinet noir" de l'Elysée...

Le système d'analyse Visibrain offre par ailleurs une capacité d'analyse sur les soutiens de chaque candidat. On apprend par exemple que 34% des 4.630 comptes ayant émis un tweet favorable à Macron pendant le débat comptent moins de 100 abonnés, autrement dit leur influence est très faible. Lorsque l'on analyse les profiles des militants moyens (entre 500 et 3000 abonnés) générant le plus de retweets, on observe qu'il s'agit presque systématiquement de transfuges socialistes. Ce fait se mesure d'ailleurs très simplement : alors que #EnMarche était utilisé par moins de 8000 twittos jusqu'au premier tour de la primaire socialiste, leur nombre explose au lendemain de l'échec de Manuel Valls pour dépasser les 14.500 ! En autres termes, un bon tiers des soutiens actuels de Macron sont des militants socialistes ayant refusé de suivre Hamon. Ce type d'évolution n'est pas mesurable chez les autres grands candidats, Marine Le Pen restant par exemple stable entre 25.000 et 30.000 soutiens, 

Comme tout le monde, j'ai appris à me méfier des sondages depuis leurs erreurs des dernières années, d'autant plus lorsque les big data étaient souvent capables de prédire les bons résultats... Mais l'analyse du cas Macron est à mon sens inédit : le grand favori d'après les médias ne se trouve même pas dans le trio de tête des candidats ayant le plus de soutiens sur internet ! Après le buzz ayant entouré le lancement de sa candidature, la réalité des salles de meeting à moitié vides et cette absence de militants mobilisables sur internet sont-ils les signes d'une réalité que le monde médiatique n'est pas encore parvenu à déceler ?

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