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Pourquoi les drones du Hezbollah sont une menace à prendre au sérieux par les Etats-Unis
©Reuters

THE DAILY BEAST

Un simple drone vendu dans le commerce et utilisé pour bombarder des rebelles syriens à Alep, et bientôt ailleurs dans le monde, prend de l’avance sur les défenses américaines.

David Axe

David Axe

David Axe est journaliste pour The Daily Beast.

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Copyright The Daily Beast. David Axe (traduction Gilles Klein)

Comme si les forces du régime Assad, les frappes aériennes russes et les divisions internes n’étaient pas assez inquiétantes, les rebelles syriens doivent, semble-t-il, désormais faire face à des drones du Hezbollah qui lancent des bombes.

Le 9 août dernier, un groupe libanais soutenu par l’Iran a publié une vidéo en ligne censée montrer un drone commercial à quatre hélices lançant des petits explosifs sur ce qui serait des positions rebelles à Alep, ville tenue par l’opposition au nord de la Syrie.

La séquence de 42 secondes semble être un montage d'images filmées par les drones eux-mêmes. Ils survolent des véhicules et des bâtiments touchés par de petites explosions qui provoquent des éclats, de la poussière et de la fumée.

Lors de la troisième attaque, on aperçoit des munitions de la taille d’une grenade, peut-être des sous-munitions chinoises MZD-2. Une personne au sol voit les bombes tomber et fuit, juste avant qu’elles explosent.

Le Hezbollah a déployé des milliers de combattants en Syrie pour soutenir les troupes fidèles au président syrien Bachar el-Assad. Les combattants du Hezbollah manquent de véhicules lourds et d’artillerie, mais ils ont rapidement adopté des petits drones peu coûteux pour des missions de surveillance et d’attaque.

Dès novembre 2004, le Hezbollah a envoyé des drones Mirsad fournis par les Iraniens, dans l’espace aérien israélien pour des missions d’espionnage, en surprenant les défenses aériennes israéliennes. Peu de temps après, le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prétendu que le Mirsad pouvait pénétrer "loin, très loin" en Israël en transportant 100 Kg d’explosif.

C’était une affirmation étonnante à l’époque. Les Etats-Unis ont été le premier pays à déployer un drone armé moderne, le Predator, en 2001. Pendant plusieurs années, les Etats-Unis ont eu un véritable monopole sur ces robots volants. Nasrallah exagérait peut-être, mais ce n’était pas du bluff. En août 2006, durant la guerre entre Israël et le Hezbollah au Liban, ses militants ont lancé trois drones Ababil chargés d’explosifs vers les Israéliens. Des chasseurs israéliens avaient abattus ces trois robots volants.

Les drones armés par le Hezbollah actuellement représentent une évolution dans son concept d’opérations avec des drones. Les Mirsad et Ababil étaient, en un sens, des armes stratégiques de terreur, destinées à franchir la frontière pour provoquer l’angoisse des populations. Les drones armés de sous-munitions que le Hezbollah a déployé au-dessus d’Alep, à l’opposé, sont strictement tactiques. Les drones commerciaux ne peuvent voler que sur des courtes distances à proximité de leur opérateur, et, au mieux, transporter quelques kilogrammes d’explosifs. Mais leur manque de puissance de feu est compensé par leur stabilité qui permet de larguer de manière précise une sous-munition non guidée.

Ils sont aussi peu coûteux, faciles à se procurer, et simples à utiliser. Pour une armée qui manque de moyens, un drone à quatre hélices est une bonne affaire. Cela veut dire qu’il pourra être utilisé non seulement en Syrie, mais aussi sur d’autres champs de bataille dans le monde, comme un mini-bombardier, ou comme une bombe destinée à s’écraser sur son objectif.

Le Pentagone reconnaît que les mini-drones, peu coûteux, et armés, représenteront bientôt un véritable danger pour les troupes américaines. "Je pense, personnellement, que les engins sans pilotes vont devenir une des plus importantes armes de notre époque",  a déclaré à Defense News Vincent Martinez, capitaine de l’US Navy, qui supervise le développement des bombardiers de la Navy.

Martinez a déclaré qu’il craignait les drones qui s’écrasent ou atterrissent avec un chargement d’explosifs, que le robot ou son opérateur peut déclencher à l’approche des troupes. "Nous allons devoir penser non seulement à détruire la charge explosive, mais l’engin lui-même. Quand je m’approche d’un tel engin, il me voit, il me sent, il m’attend".

L’armée américaine prépare des défenses anti-drones. Le 11 aout, le DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) a demandé aux chercheurs et aux entreprises de proposer des technologies qui puissent détecter, identifier, suivre et neutralier des sytèmes de ce genre, au cours de leur déplacement, dans un laps de temps très court, tout en limitant les dommages collatéraux.

Une société privée a déjà commencé à proposer ce genre de technologie : OpenWorks Engineering  avec son SkyWall 100. Il s'agit en gros d'un bazooka qui lance un filet destiné à immobiliser le drone, comme une arme anti-robot non destructrice. Les Marines, eux, ont dit qu’ils n’hésiteraient pas à faire exploser ces drones en vol. Sans attendre le DARPA, les Marines ont récemment annoncé leur projet de fixer un canon laser sur un nouveau véhicule blindé à partir de 2022.

Mais si le Hezbollah lance des grenades depuis des quadricopters en Syrie, les acteurs de ce genre, non-étatiques, sont au niveau des armées les mieux équipées et de leurs poussives bureaucraties.

Actuellement, les drones militarisés ont un avantage sur les sytèmes anti-drones. Si vous en abattez un, un autre peut rapidement prendre sa place. Et une fois qu’il a largué sa bombe, vous ne pouvez faire que ce que fait la personne que l'on voit sur la vidéo du Hezbollah : courir.

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