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Pourquoi la reprise de l’inflation en Europe va peser sur la croissance
©Reuters

Edito

L’inflation est de retour. Pendant plusieurs années, on avait déploré sa quasi disparition sous l’effet de l’effondrement des prix du pétrole tombés jusqu’à 30 dollars le baril. On lui imputait la mollesse de la croissance dans de nombreux pays, la plupart des économistes estimant qu’un rythme de hausse des prix annuellement proche de deux pour cent constituait le meilleur lubrifiant pour assurer une expansion plus dynamique.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Aujourd’hui leurs vœux sont exaucés, et même au-delà puisqu’on note au fil des mois une valse accélérée des étiquettes deux fois plus rapidement qu’un an auparavant. En octobre l’inflation s’est élevée à 2,2% en France, mais elle atteint 2,3% en Espagne et même 2,4% en Allemagne, un pays pourtant réputé pour sa sagesse. L’évolution du baril est responsable pour moitié de ce phénomène, les taxes pour un tiers, alors que le reste des indices demeure dans des limites raisonnables. Compte tenu des risques de la situation géopolitique avec la chute des exportations iraniennes attendues d’ici la fin de l’année, en raison de l’embargo décidé par les Etats-Unis, il n’est pas impossible que l’or noir poursuive son envolée jusqu’au niveau de cent dollars annoncé par certains spécialistes. Selon l’Insee une variation de dix dollars du prix du baril aurait une conséquence de 0,3% du produit intérieur brut, ce qui est loin d’être négligeable. 

Il reste que pour éviter un phénomène d’accélération de l’inflation, le président de la banque centrale européenne, Mario Draghi, a décidé de mettre un terme à la politique ultra accommodante mise en place depuis trois ans de rachat d’obligations qui avait généré une baisse anormalement élevée du loyer de l’argent. Les premières interventions devraient intervenir au début de l’an prochain. Il sera pourtant conduit à faire preuve d ‘une grande prudence, car les premiers signes de décélération de l’expansion commencent à se faire sentir en Europe, où la croissance a faibli au troisième trimestre. Les signaux négatifs sont surtout sensibles en Allemagne, mais en France, on note de plus en plus d’interrogations au niveau des entreprises qui pourraient conduire à différer certains investissements. Déjà le secteur de l’immobilier qui joue généralement un rôle de précurseur, annonce des prévisions en baisse, car la demande fléchit (à l’exception de Paris et des grandes métropoles) et les mises en chantier se rétractent. Aux Etats-Unis, on évoque aussi les derniers feux du cycle de croissance le plus long que le pays ait connu et qui pourrait expliquer la baisse surprise et inattendue de dix dollars le baril des cours du pétrole au mois d’octobre, pour revenir à 76 dollars.
Dans ce contexte, le gouvernement d’Edouard Philippe compte sur les réductions d’impôt qui commencent à entrer en vigueur pour stimuler l’activité. Tout dépend du comportement des Français : choisiront-ils la consommation, qui intervient pour soixante pour cent dans le produit intérieur brut, ou préféreront-ils épargner parce qu’une majorité d’entre eux sont persuadés qu’ils sont victimes d’une baisse de leur pouvoir d’achat. On serait tenté de penser qu’ils privilégieront la deuxième hypothèse, ce qui pourrait conduire à donner plus de poids au ralentissement de la conjoncture qui se dessine sur le vieux continent.

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