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Pourquoi la France doit absolument s’attaquer à son allergie à l’échec
©Reuters

Qui perd gagne

La vie du chef d’entreprise n’est pas un long fleuve tranquille. Les pièges le guettent à tous les tournants. La concurrence prévue et imprévue, les règles déraisonnables d’un code du travail complètement désuet, les impôts et taxes de toutes sortes dès qu’on gagne trois sous et même quand on les perd…le minent. Et tout cela peut mener au tribunal de commerce si on n’y prend pas garde.

Ghislain Lafont

Ghislain Lafont

Ghislain Lafont est président des Entretiens de Valpré et ancien président de Bayard Presse

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Mohed Altrad, le roi des échafaudages et des brouettes, élu au début de cet été entrepreneur mondial de l’année, sait de quoi il parle quand il évoque le manque de confiance des banques qui hésitaient à lui prêter. Il a rebondi face à ce mur en changeant son fusil d’épaule et a réussi à augmenter sa capacité de fonds propres pour racheter peu à peu ses concurrents. Un vrai sursaut !

A ce stade, tout est une question de verre à moitié plein ou à moitié vide. Aux Etats-Unis, celui qui a connu un échec est qualifié de rassurant. En France les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets, le même est considéré comme tamponné avec une croix rouge.

Les récents déboires d’Uber en France, même s’il y a un sujet à traiter, montrent comment la filiale française a réagi face à ce tollé des taxis et du gouvernement. Au lieu de baisser les armes, les initiatives ont reprises de plus belles : nouvelles offres pour le festival de Cannes, livraisons de glaces etc.  Ils ont plus d’un tour dans leur sac. Et ils ont beaucoup de sacs…Comme le dit Maurice Lévy Président de Publicis "les Américains sont prêts à prendre des risques, car ça gagne tellement lorsque cela fonctionne ! Pour eux, se planter fait partie du jeu".

Or, c’est bien là ce qui doit changer en profondeur. Que celui qui n’a pas péché jette la première pierre à celui qui a fait faillite... Créer, recruter c’est prendre un risque : celui de se tromper. Même si la chute est rude et aux conséquences qui peuvent être terribles à la fois sur le plan économique et sur le plan personnel. Mais l’échec est pédagogique, une fois le stress apaisé et la confiance retrouvée. D’ailleurs celui qui dit n’en avoir connu aucun est suspect pour un recruteur, un banquier, un fournisseur, un client et même des collaborateurs. Alors comment faire ?

D’abord parler de l’échec sans tabou, mais pas seulement, il faut lui adjoindre le rebond, c’est-à-dire l’espoir de repartir à frais nouveaux et en meilleure forme. Et pour cela la bonne potion est celle de l’exemple de ceux qui ont rebondi et peuvent être contagieux pour ceux qui sont au tapis. De multiples initiatives fleurissent en France pour aider l’entrepreneur à se reconstruire. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Par exemple l’association 60 000 Rebonds (équivalent aux dépôts de bilan annuel) est en train de créer un réseau sur toute la France pour venir en aide aux chefs d’entreprise qui sont passé par les affres de la liquidation et de toutes ses conséquences qui peuvent même pousser au suicide.

Dans un autre registre Pierre Botton, qui est passé d’un statut d’homme d’affaires à celui de détenu a voué désormais sa vie à la lutte contre la récidive. Il explique sans relâche que la prison est la meilleure école d’apprentissage de la grande délinquance. Avec une énergie hors du commun, il pousse les portes de tous les patrons du CAC 40 pour les sensibiliser à cette cause nationale. Avec de belles réussites comme celle d’avoir fait financer un premier centre de réinsertion près de Lyon aussi bien par Schneider Electric que par Total. De l’échec au rebond, il sait de quoi il parle.

Il n’y a pas de fatalité et si on veut, on peut, comme dit l’adage. Alors remontons nos manches pour être des acteurs du rebond, mais en collectif, car comme le dit le beau proverbe africain "Tout seul on va vite, mais ensemble on va loin".

Et n’oublions pas que Walt Disney a été licencié pour manque d’imagination. Ou que Steve Job a été viré d’Apple avant d’y revenir avec succès. "Ne pas subir" disait aussi le maréchal de Lattre de Tassigny.

Ne cédons pas à la fatalité et à la désespérance ! Pour un sursaut collectif !

Les Entretiens de Valpré se dérouleront le 29 septembre au collège des Bernardins à Paris en soirée et le 6 octobre à Ecully / Lyon. Cette manifestation annuelle, centrée pour cette 14 eme édition sur le thème de l'échec et du rebond, s'adresse aux cadres et aux dirigeants. L'objectif est de leur apporter des solutions concrètes et du recul dans un environnement économique particulièrement difficile. 

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