Nikki Haley est-elle la meilleure carte anti-Biden et… anti-Trump des républicains ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L’ancienne gouverneure de Caroline du Sud est en tout cas la candidate sur laquelle misent les méga donneurs de Wall Street.
L’ancienne gouverneure de Caroline du Sud est en tout cas la candidate sur laquelle misent les méga donneurs de Wall Street.
©Mandel NGAN / AFP

Outsider

L’ancienne gouverneure de Caroline du Sud est en tous cas la candidate sur laquelle misent les méga donneurs de Wall Street. Assez pour en faire une candidate populaire ?

André Kaspi

André Kaspi

André Kaspi, est agrégé d'histoire, spécialiste de l'histoire des États-Unis. Il a été professeur d'histoire de l'Amérique du Nord à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et directeur du Centre de recherches d'histoire nord-américaine (CRHNA). Il a présidé notamment le comité pour l'histoire du CNRS.

 

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Atlantico : Qui est Nikki Haley ? Est-elle connue des Américains ? Est-elle appréciée par les électeurs républicains ? 

André Kaspi : Nikki Haley est une femme qui est d'origine indienne (de l'Inde) et qui a eu une belle carrière politique jusqu'à maintenant. Elle a été gouverneur de la Caroline du Sud et, sous la présidence de Donald Trump, elle a été pendant deux ans déléguée des États-Unis auprès de l'Organisation des Nations Unies. 

C'est une femme qui a une expérience politique et qui a aussi l'esprit de répartie. Elle pourrait prendre la place de Donald Trump si jamais celui-ci n'était plus le candidat Républicain. Ceci dit, cela ne va pas se faire du jour au lendemain car, d’après les sondages, les électeurs républicains préfèrent de loin Donald Trump à Nikki Haley. Par ailleurs, il y a une autre personnalité à ne pas négliger : Ron DeSantis, le gouverneur de la Floride. La bataille pour le choix du candidat Républicajn se déroule entre trois personnes. Donald Trump qui est, de loin, le grand favori. Et puis derrière, deux personnages (Ron DeSantis et Nikki Haley) qui bénéficient d'un soutien qui n'est pas négligeable mais qui n'est pas suffisant pour l'emporter sur Donald Trump,

A partir du mois de janvier, les partis vont tenter de choisir leur candidat par l'intermédiaire des élections primaires. Côté démocrate, si Joe Biden est toujours candidat il est évident qu’il n'y aura pas de campagne électorale. Côté républicain, ce n'est pas pareil, il y a un choix à faire. Depuis 2020, Donald Trump ne cesse pas de dire qu'on lui a volé la victoire et qu’il devrait être le candidat des républicains. Beaucoup d’électeurs du parti vont dans son sens puisque, d’après les derniers sondages, il bénéficie d'environ 59 % des voix. Je dis bien du côté républicain. Ron DeSantis est très loin, aux environs de 13 %. Nikki Halley est juste derrière. Elle a fait une grosse remontée puisqu’il y a encore quelques jours, elle était entre 3 et 4%. 

Nikki Haley, c’est quel type de droite ? 

C'est une droite conservatrice plutôt accommodante. Nikki Haley sait que les Républicains ont besoin de quelqu'un qui soit déterminé et qui s'oppose franchement à Biden. Elle a une expérience politique qui est positive. Mais, elle a au moins un défaut. Quand elle a été ambassadrice des Etats-Unis aux Nations Unies, c'était par la grâce de Donald Trump. C'est lui qui l'avait nommé. Ce qui veut donc dire qu'elle a appartenu au moins deux ans à l'administration de Donald Trump. Ce dernier, évidemment, ne manque pas de le rappeler. Pourtant en 2016, Nikki Haley n'était pas très favorable à Donald Trump. Elle avait fini par se rallier à lui et c'est la raison pour laquelle Donald Trump, quand il a été élu, l'a nommé aux Nations Unies. Il y a entre ces deux personnalités des liens qui ne sont pas d'amitiés, qui ne sont pas d'affections mais qui ne sont pas non plus d'hostilités. Nikki Halley apparaît aujourd’hui comme une personnalité nouvelle.  Mais pour le moment, elle n'a pas suffisamment d'influence pour pouvoir ambitionner de remplacer Donald Trump à la tête des candidats Républicains.

Les républicains cherchent une échappatoire possible à la candidature de Trump ?

Ce qui embête un certain nombre de républicains, ce sont les affaires judiciaires de Donald Trump. Il est quand même impliqué dans bon nombre de procès qui lui sont faits et qui commencent d'ailleurs à se dérouler. Ce qui veut dire qu’il n'est pas certain que Donald Trump reste le candidat des républicains s’il était condamné à la fin d’un de des procès. Compte tenu de la lenteur de la justice américaine, il y a peu de chances que cela se produise avant novembre 2024. Donald Trump occupe donc le terrain. Il le fait d’une manière brutale et excessive qui pourrait nuire à sa candidature. Les Républicains ne seraient pas fâchés de trouver quelqu’un qui puisse le remplacer à la tête de la liste républicaine. C’est pour ça que Nikki Haley a peut-être quelques chances. Elle est en pleine dynamique. Elle devrait d’ailleurs dépasser Ron DeSantis dans les prochaines estimations.  

C’est pour cette raison que les méga donneurs de Wall Street misent sur elle ? 

Au fond, se disent-ils, si Donald Trump n'était plus le candidat républicain, vers qui se tourner ? Plutôt que de choisir Ron DeSantis, ils préfèreraient Nikki Haley. C’est plus original, c’est plus nouveau, Nikki Haley, pour eux, c'est une candidature de remplacement. Les méga donneurs de Wall Street sont comme des joueurs de cartes. Ils ont dans la main un atout dont ils ne se servent pas pour le moment. C’est un atout de réserve. Il n'est pas exclu qu'ils s'en servent. Les élections pour les primaires des Républicains vont commencer en janvier dans l'Etat de l'Iowa. Mais le troisième Etat qui va voter dans ces élections, c'est la Caroline du Sud. C'est l'Etat de Nikki Haley. Il n’est pas exclu qu’à partir de là, la candidature de cette femme s’envole. C’est une possibilité, mais pas une probabilité. Pour le moment, Donald Trump domine largement le champ de bataille politique.  

Un dernier mot sur les sondages concernant, cette fois, l’élection présidentielle. Si l'élection avait lieu demain, titrait la semaine dernière le New York Times, Trump gagnerait sur Joe Biden. Comment l'analysez-vous ?

 Oui, en effet. Il y a des Etats qui semblent aujourd'hui aller du côté des républicains et non pas du côté des démocrates. C’est le cas du Nevada, de la Géorgie, de l’Arizona et du Michigan. Pourquoi Joe Biden est-il en position de faiblesse ? La première raison, c'est son âge. La deuxième raison, c'est que le parti Démocrate est lui-même très divisé. Son aile gauche ne veut plus de Joe Biden. Pour l'instant, il y a chez les démocrates une sorte de de fatigue à l'idée que ce serait de nouveau Biden qui serait le candidat. C'est à dire un homme de 82 ans qui, au terme d'un nouveau mandat, se trouverait à 86 ans. C’est un âge qui paraît excessif à beaucoup d’électeurs. D’un autre côté, Donald Trump a 78 ans. C'est aussi un homme qui n'est pas tout jeune. En cas de nouveau duel électoral entre Biden et Trump, on pourra dire que ce sera la bataille des octogénaires ! Alors que les Etats-Unis se présentent comme une nation jeune, dynamique, qui renouvelle complètement la vie politique. Ça paraît quand même difficile à admettre.

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