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Faire des bébés réduit-il vraiment les risques de cancer ?
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Baby boom

De nombreuses études tendant à montrer un lien entre maternité et réduction de cancer. Mais leur validité scientifique est sujette à caution.

Marie Laure Brival

Marie Laure Brival

Marie Laure Brival est gynécologue obstétricienne, chef de service à maternité des Lilas, Seine-Saint-Denis.

Elle est également une fervente défenseure pour le choix du contraceptif, auteur de Contraception : Pourquoi ? Laquelle ? Où ? : c'est moi qui décide(  Editions Milan 2010) 

 

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Atlantico : De nombreuses études de chercheurs anglais, australiens ou américains tendent à montrer que la maternité réduit les risques de certains cancers. Est-ce exact ? 

Marie Laure Brival : Malheureusement ce ne sont que des extraits, il est difficile de juger de la validité de ces études.  Il faut se méfier : c’est un hymne à la maternité. Ces études prônent le "plus on a d’enfants mieux c’est". La maternité doit rester un choix. De surcroît, l'origine d'un cancer, en l'occurrence gynécologique, est forcément multi-factoriels. La part génétique n’est pas à nier. Mais ce n’est pas parce qu’une femme aura dix enfants qu’elle va forcément reculer l’installation d’un cancer des ovaires.  
La grossesse a globalement un effet protecteur. Il est certain s’agissant du cancer de l’ovaire et du sein que ces études confirment des éléments déjà connus. 
Concernant le cancer du sein, la grossesse va provoquer un aboutissement de la maturation du sein. Le sein en tant qu’organe est immature jusqu’à ce qu’il assume sa fonction essentielle qui est la lactation. C’est la grossesse qui va amener la fin de la maturation de la glande mammaire. Plus un tissu est mature moins il est sujet à développer un cancer. Bien sûr et surtout l’impact hormonal de la grossesse est indéniable. Le sein est un organe cible pour les hormones, les oestrogènes notamment vont entraîner une tendance à la multiplication cellulaire. 
Pendant la période d’une grossesse, les ovaires sont mis au repos. Il existe donc moins de soumission aux hormones durant le temps de la grossesse, il n’existe plus de multiplication cellulaire. Le fait de différer une grossesse après 35 ans afin de prévenir le cancer des ovariens est une notion intéressante. Le cancer est une pathologie de l’âge mur : plus un organe devient vieux plus il peut se dégénérer. Donc pourquoi pas.  Plus les règles sont tardives et plus la ménopause est précoce moins les femmes ont des risques d’avoir un cancer, l’imprégnation aux hormones étant plus courte.
S’agissant du cancer du col de l’utérus à ma connaissance aucun rapport ne peut être établit entre grossesse et prévention du cancer du col utérin. Ce dernier est à 90% un cancer viral, lié au multi-partenariat et la précocité des rapports sexuels. C’est peut être le fait d’avoir un couple un stable et moins à risque de rencontrer le virus en question en pratiquant le multi-partenariat. C’est le seul lien que je peux évoquer.  

Chaque jour une nouvelle étude paraît, il peut s’agir du café qui diminue le cancer de la peau, tel régime qui prévient tel type de cancer. Comment s’y retrouver ?

La prolifération de ces études engendre le tout et n’importe quoi. Ce sont des choses qui ne reposent sur rien. J’insiste vraiment sur le côté multi-factoriel des cancers. La multiplication de ces études crée une situation d’angoisse où les individus vont se mettre à avoir des comportements qui ne vont pas avoir d’effets. C’est extrêmement délétère. Tous les jours une nouveauté apparaît c’est tout à fait illusoire de faire croire aux gens que nous pouvons prévenir tel cancer en mangeant de telle façon. 

La notion d’hygiène de vie est très importante. Notre génération est complètement sédentarisée, l'activité physique et l’absence de toxines sont extrêmement importantes. Lorsqu'une femme a eu un cancer du sein opéré et reste sous surveillance, l'une des prévention de récidive c’est la pratique du sport.
Propos recueillis par Caroline Long

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