Mariage homo : la passion égalitaire, ou le projet fou d'abolir toutes formes de différences<!-- --> | Atlantico.fr
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La loi sur le mariage pour tous est toujours débattue à l'Assemblée nationale.
La loi sur le mariage pour tous est toujours débattue à l'Assemblée nationale.
©Reuters

Indifférenciation mortifère

Pour Tocqueville, l'égalité au sens où l'entend Christiane Taubira est une idéologie de la servitude, consistant à abolir tous les cadres sociaux indispensables à la construction d'une appartenance, d'une conscience de soi.

Alain Fabre

Alain Fabre

Alain Fabre est Conseil indépendant en Fusions & Acquisitions. Il est aussi expert économique auprès de la Fondation Robert Schuman, de l'Institut de l'Entreprise et du mouvement ETHIC. 

Il a récemment publié Allemagne : miracle de l'emploi ou désastre social?, Institut de l'Entreprise, septembre 2013. 
 

Il a publié pour l'Institut de l'Entreprise L'Italie de Monti, la réforme au nom de l'Europe et Allemagne : miracle de l'emploi ou désastre social

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Parlons de la question de l'égalité en général, puisque c'est au nom de l'égalité que les partisans du projet développent tous leurs arguments. De même que c'est au nom de l'égalité qu'on massacre les entreprises et les entrepreneurs. L'égalité est une idéologie de l'asservissement. Ce n'est pas la poursuite d'un projet politique tendant vers la justice. 

En fait derrière cette histoire il y a un projet dévastateur qui repose sur le projet proprement fou – presque faustien – de l'abolition de toute forme de différence. On a affaire à une histoire qui consiste à vouloir créer une société de l'indifférenciation. Il n'y a pas de projet sauf celui qui consiste à tout casser de la Nation à la Famille. Il faut oser les majuscules ! Une fois que l'on a tout démoli, que l'individu est affranchi de toute contrainte, qu'obtient-on ? Rien, parce que c'est le rien qui est l'objectif. 

Comme en fiscalité, l'objectif n'est pas d'ouvrir de nouveaux droits – là aux homo, sinon on ferait l'union civile – mais c'est d'abolir l'idée que l'autre peut être différent – l'homme de la femme, le patron du salarié – le projet ne cherche pas à enrichir les salariés mais à anéantir la richesse du patron. Dans le cas du mariage homo, on ne cherche à créer de nouveaux droits ; on cherche à abolir ce sur quoi le mariage repose, qui est : la différence des sexes. 

Il y a au moins deux familles de pensée libérale. Celle de Hayek : toute contrainte autre que celle que l'individu se donne est illégitime. Ce n'est pas la mienne même si je partage certains accords avec Hayek. Mais c'était l'époque du keynésianisme triomphant. Il ne faut pas oublier que des penseurs comme Hayek ou Schumpeter ont proclamé leur libéralisme avec la conviction très forte que le socialisme allait gagner. 

De mon côté, j'appartiens davantage au libéralisme "classique" de Montesquieu et de Tocqueville à Raymond Aron. En économie, cela donne Smith Ricardo ou Walras. Cela signifie que la société fonctionne sur l'idée qu'il faut des limites et des forces de rappel, faute de quoi on fabrique de la tyrannie. Il peut y avoir aussi une tyrannie des marchés. Et Tocqueville a beaucoup souligné le despotisme doux des sociétés où l'individu est souverain sans limite. 

Revenons à la France mais restons dans cette problématique. Pour dire les choses à la manière de Tocqueville, les socialistes manière Hollande veulent forcer l'émergence d'une société d"individus "semblables et isolés". Pour Tocqueville comme pour moi – Hayek aussi – l'égalité manière Taubira, est une idéologie de la servitude. Elle consiste à abolir tout ce qui constitue les cadres sociaux qui sont indispensables à la construction d'une appartenance, d'une conscience de soi. Cela se forge dans des cadres sociaux forts – la Nation, la famille, l'entreprise. Tocqueville souligne le rôle fondamental de la religion – à partir de son enquête américaine – par sa capacité à produire une sorte d'antidote et d'encadrement de la passion égalitaire. Cela fonctionne encore aujourd'hui.

En France,  - et il y a bien sûr des racines anciennes à cette idée – l'égalité est l'étendard qui justifie de tout casser : la Nation en coupant le lien entre vote et citoyenneté – l'entreprise en cassant tout ce qui peut paraître faire entrave à l'égalité : les entreprises sont sommées de fabriquer des emplois sur ordre du gouvernement mais il est hors de question d'admettre la réussite sociale de l'entrepreneur, la famille – Dieu sait si elle a montré son aptitude à résister aux totalitarismes qui ont toujours cherché les moyens de la dissoudre – qui protège contre l'Etat envahisseur , notamment le fait qu'elle est fondée sur la différence des sexes. Etc… 

Alors bien sûr le monde ne va pas s'écrouler deux jours après le vote de la loi Taubira, mais dans 30 ans quand ses effets auront été vérifiés. Dans les entreprises nous payons les effets de Mitterrand 81-83, nous payons les 35 heures de 1997-2000 etc.. 

Il est très difficile en démocratie de faire saisir à l'opinion des enjeux sur plusieurs décennies. Mais les écologistes y sont arrivés. 

Il ne faut pas s'excuser d'avoir raison.

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