Le gouvernement pense que c'est à cause du chômage qu'il est impopulaire... il se trompe<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
La reprise économique ne suffirait pas à faire remonter durablement la popularité de François Hollande.
La reprise économique ne suffirait pas à faire remonter durablement la popularité de François Hollande.
©Reuters

Mauvais constat

Le gouvernement bat des records d'impopularité dans les sondages, après quatorze mois au pouvoir. Il table sur une reprise de l'économie et une inversion de la courbe du chômage pour redorer son blason. Mais ce n'est pas le seul grief que lui adressent les Français.

Maxime  Tandonnet et Sylvain Saligari

Maxime Tandonnet et Sylvain Saligari

Maxime Tandonnet est un haut fonctionnaire français, qui a été conseiller de Nicolas Sarkozy sur les questions relatives à l’immigration, l’intégration des populations d’origine étrangère, ainsi que les sujets relatifs au ministère de l’Intérieur.

Il commente l'actualité sur son blog personnel.

Sylvain Saligari est avocat au barreau de Paris. Il est spécialisé dans le droit d'asile.

Voir la bio »

Billet publié initialement sur le blog de Maxime Tandonnet

Avec 26% de satisfaits selon la dernière étude Ifop, l’impopularité du président Hollande après 14 mois de pouvoir bat tous les records (37% Sarkozy, 35% Chirac, 41% Mitterrand, 55% VGE). Or, les dirigeants socialistes se trompent du tout au tout dans l’analyse des causes de cette débâcle. Ils sont convaincus, en leur for intérieur, que le rejet de l’opinion est le fruit de l’augmentation vertigineuse du taux de chômage sur laquelle ils n’auraient pas de prise. Ils pensent qu’un retournement de la croissance, annoncé par le ministre de l’économie en 2014, est de nature à renouer le lien de confiance avec les citoyens.

Or, tout à leur volonté de bien faire et de plaire (pourquoi leur dénier cette ambition), ils vivent désormais dans un monde imaginaire, un univers de petits bonshommes et petites bonnes femmes confits de leur réussite et de leur importance, coupé des réalités matérielles et psychologiques de la Nation. Tapant en permanence à côté de la plaque, ils sont dans l’incapacité absolue de percevoir les raisons du drame qui est en train de se nouer et par conséquent, d’assumer leur responsabilité, voire de corriger le tir. Les Français, par delà droite et gauche, sont un peuple intelligent qui sanctionne aujourd’hui une conduite, un comportement, et ne leur pardonnera jamais les fautes de nature éthique commises depuis 14 mois :

- Un sectarisme profond, qui se traduit dans un langage de haine permanent envers l’opposition démocratique ou l’épuration de la fonction publique ;

- La stratégie quotidienne de dissimulation ou d’enfouissement, notamment sur les faits divers, l’insécurité, les banlieues, l’immigration ;

- Les déchirements d’une Nation qui est avide d’unité, notamment dans la manière dont a été menée la réforme du mariage;

- La dérobade et le refus d’assumer des décisions difficile et impopulaire (sur les retraites, le temps de travail) ;

- Un comportement obtus qui consiste à s’enfermer et persévérer dans ses erreurs notamment le matraquage fiscal, cause majeure de l’effondrement économique ;

- La soumission aux groupes de pression, souvent les plus radicaux, qui donnent le sentiment d’avoir pris le contrôle du pays ;

- L’usage de la méthode Coué, sur l’emploi et la croissance, dont les Français sentent bien le caractère artificiel et de fuite devant le réel.

- L’habitude prise, scandaleuse aux yeux des Français, d’accuser leurs prédécesseurs de tous les maux , ce qui revient à se dérober face au principe de responsabilité.

Il ne sert strictement à rien de déverser des torrents de haine ou de caricature envers les dirigeants du pays. La question n’est plus celle d’une politique de gauche ou de droite. Le phénomène auquel nous assistons n’est pas seulement celui de l’échec d’une politique, mais un immense malentendu entre l’équipe au pouvoir et la Nation qui paraissent vivre dans deux mondes différents, l’une dans son fantasme et l’autre dans le réel, un immense malentendu sans précédent dans l’histoire récente.

S’il y avait un homme d’Etat dans cette barque folle, ce vaisseau fantôme, à la dérive, il taperait du poing sur la table, provoquerait un événement, une démission majeure, une dissolution, un référendum, un coup d’éclat, un choc psychologique, pour tenter de conjurer la catastrophe. Tel n’est à l’évidence pas le cas. Une seule question se pose maintenant: comment préparer l’avenir ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !