Le déficit budgétaire relève moins d'un excès de dépenses publiques et sociales que d'un déficit d'efficacité<!-- --> | Atlantico.fr
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Vue du ministère français de l'Économie et des Finances, surnommé "Bercy" (quartier de Bercy dans le 12e arrondissement de Paris), à Paris, le 15 novembre 2022.
Vue du ministère français de l'Économie et des Finances, surnommé "Bercy" (quartier de Bercy dans le 12e arrondissement de Paris), à Paris, le 15 novembre 2022.
©JOEL SAGET / AFP

Atlantico Business

Que la France ait les dépenses publiques et sociales les plus importantes en Europe n'est pas un problème. Le problème est que l'appareil d'État et le modèle social ne soient pas efficaces. Bref, ça coûte très cher et ça ne marche pas.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La publication du déficit budgétaire de 2023 étant beaucoup plus important que prévu, le débat politique va déborder de critiques et de propositions sur la nécessité de raboter ou alors d’augmenter les impôts. Avec près de 5,6% de déficit, la France s'éloigne de sa trajectoire pour revenir à la norme de 3% en 2025. La France va donc se retrouver en queue du classement des pays membres de l'Union européenne (avec l'Italie).

Ce qui veut dire que son endettement va s’accroître et que les agences de notation vont évidemment nous dégrader, ce qui ne nous empêchera pas de continuer à nous endetter parce que les marchés vont continuer de nous faire confiance, étant donné que nous sommes dans l'Union européenne, et ils vont surtout ,nous faire payer cette dette plus cher. Cette situation est très supportable, sauf qu'elle réduit encore plus notre liberté d’investir, puisque le coût de la dette représente le coût du budget de la défense et bientôt de l'éducation nationale. Elle accroît donc notre soumission aux banquiers étrangers. Cette situation toxique devrait convaincre les souverainistes d’abandonner des programmes démagogiques qui se résument toujours à accroître encore les dépenses et donc les risques de la dette.

Les solutions proposées dans le débat se partagent entre deux catégories. D'un côté, on retrouve les militants de l’austérité par la baisse des dépenses publiques. De l'autre, on retrouve les partisans d’augmenter les impôts ou les cotisations sociales.

 Ces propositions sont immédiatement condamnées quand on liste les effets pervers : si on réduit les dépenses publiques et sociales, on diminue la potentialité d'activité. Moins de dépenses publiques, c’est moins de consommation et plus d'inégalités sociales. Si on augmente les impôts, on a du mal à s’entendre sur le type d’impôt qu'il faudrait augmenter. Parce qu'entre ceux qui veulent taxer et punir les riches et ceux qui cherchent à majorer les taux de TVA en la baptisant TVA sociale, on ouvre la voie à un débat politique ingérable sans majorité.

En fin de course, comme il faut quand même trouver une solution, on se mettra d’accord sur la nécessité de soutenir l'activité, donc la croissance, laquelle croissance peut générer des recettes fiscales qui nous manquent. Autant attendre un redressement de la conjoncture internationale et espérer que la géopolitique soit plus clémente. Tout cela, c’est de la politique pour ne pas aborder le vrai problème parce que l’on a peur de ne pas savoir le résoudre.

Le problème n’est pas celui d'un déficit excessif. Après tout, les Américains vivent avec un déficit supérieur à 7% et ils n’en meurent pas. Le problème n’est même pas celui d'un excès de dépenses publiques et sociales, le problème est que cette dépense publique et sociale est inefficace. En bref, les services publics ne fonctionnent plus pour la satisfaction des usagers. Plus grave encore, le fonctionnement courant de ces services publics et sociaux absorbe la totalité des moyens financiers disponibles, auxquels il faut ajouter l’endettement nécessaire. Tout cela pour des résultats qui ne correspondent pas aux besoins. Le problème n’est donc pas une question de quantité de moyens, mais un problème de gestion et de management des services publics et sociaux gérés par l'État et les collectivités locales.

À partir de là, on peut évidemment passer le rabot, comme on passerait l'aspirateur pour nettoyer les structures, mais ça ne suffira jamais. À partir de là, on peut imaginer privatiser certains services publics, c’est très possible dans le système éducatif, dans la santé, les transports, les services aux collectivités. C’est très possible dans la sphère sociale en transférant aux assureurs la charge de gérer des risques sociaux, les mutuelles ne font déjà dans le domaine de la santé et personne ne s’en plaint.

Mais à partir de là, on pourrait surtout introduire dans la gestion des services publics des ressorts qui font le succès de l'économie de marché, sans pour autant privatiser ce qui est tabou.

La concurrence par exemple est un facteur puissant de progrès et d'amélioration. Les systèmes d'intéressement au résultat peuvent aussi changer les comportements. Dans la retraite, il faudra forcément introduire de la capitalisation pour compenser l’érosion inéluctable des systèmes par répartition. Qu’on le veuille ou non . Ces changements ne contribuent pas à supprimer les services publics, mais à modifier leur mode de fonctionnement et de management; à les adapter au changement induit par la démographie, par la technologie...

Emmanuel Macron avait en arrivant fait une promesse de découvrir les moyens de performance économique et de progrès. Sa promesse a été certes plombée par la conjoncture internationale et la géopolitique, mais elle a aussi été handicapée et spoliée par l'incapacité de s’adapter au changement.

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