©
Rapport RSA de Marc-Philippe Daubresse
Laurent Wauquiez sur le RSA : "L'enjeu est de restaurer l’équilibre entre droits et devoirs"
Laurent Wauquiez réagit pour Atlantico à la présentation du rapport de Marc-Philippe Daubresse sur le RSA remis ce mercredi après-midi à Nicolas Sarkozy. Selon l'ancien Secrétaire d'État chargé de l'Emploi, désormais ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche : "On n'a pas trouvé meilleur vecteur de sociabilisation que le travail dans nos sociétés".
Atlantico : Vous aviez créé la polémique en mai dernier lorsque vous aviez évoqué la nécessité pour les bénéficiaires du RSA d'assumer cinq heures hebdomadaires de "service social". Comment vivez-vous aujourd'hui la publication du rapport de Marc-Philippe Daubresse ?
Laurent Wauquiez : Je suis satisfait que le débat que nous avions lancé il y a quelques mois dans le cadre de la Droite Sociale ait porté ses fruits. Les propositions de Marc-Philippe Daubresse sont en droite ligne avec ce que nous avions proposé, dans le but d’encourager le retour à l’activité de personnes loin de l’emploi, mais aussi de combattre le piège que constitue l’assistanat.
La "philosophie" du RSA de Martin Hirsch n'est-elle pas aujourd'hui vidée de sa substance ?
La philosophie du RSA, et c’est le sens du A de RSA, c’est le retour à l’activité. Le RSA n’a pas été créé pour répéter l’échec du RMI c’est à dire que le I de insertion soit le parent pauvre de ce dispositif. Le RSA est un progrès incontestable par rapport au RMI, mais ce n'est pas un horizon indépassable, il peut encore être amélioré. Quand on est Ministre, on doit avoir la modestie de concevoir que nos initiatives peuvent toujours être améliorés avec le temps. Je me l'applique à moi-même : ce que j'ai fait à l'emploi ou aux affaires européennes sera un jour amélioré par mes successeurs.
Contrairement à vos propositions les 7 heures de travail hebdomadaires réalisées seraient rémunérées. Est-ce aller trop loin ?
Ce n'est pas le cœur du sujet. L’enjeu derrière ces questions, c’est de restaurer l’équilibre entre les droits et les devoirs au sein de notre société, c’est, en instaurant une contrepartie à des aides sociales, de renforcer l’équité de notre système.
Etes-vous favorable à la fusion du RSA et de la prime pour l'emploi ?
Ce ne serait pas un bon signal d'assimiler les aides au retour à l’emploi à un revenu d’assistance strict comme le RSA socle. Il est vrai que les logiques du RSA activité et de la prime pour l’emploi se rejoignent, mais je suis très réservé sur le fait d'assimiler la PPE au RSA dans son ensemble.
Avez-vous d'autres propositions pour lutter contre les "dérives de l'assistanat" que vous évoquiez ?
Ce que j'appelle les dérives de l’assistanat, c'est un système social qui se satisfait du seul versement d’une allocation à une personne en difficulté. Cela peut donner l’impression de s’acheter une conscience sans aller plus loin. L’allocation ne remplace pas l’insertion professionnelle ni l’insertion sociale. Ce sont ces volets de notre politique sociale qu’il faut renforcer partout notamment en personnalisant les dispositifs.
"Le travailler plus pour gagner plus" de 2007 n'est-il pas dépassé alors qu'en 2012, avec la crise, la difficulté pour les Français consiste avant tout à trouver un travail. Quel doit être le mot d'ordre de la politique à mener dans ce contexte de crise ?
Le travail n’est pas une valeur qui a été balayée par la crise, au contraire ! Seul le travail nous permettra de sortir de la crise, il faut donc l’encourager et par ailleurs insister sur la vocation sociale du travail et non plus simplement financière : participation à un projet, exercice de compétences et de projets. On n'a pas trouvé meilleur vecteur de sociabilisation que le travail dans nos sociétés. C’est une réalité.
2007 s'est joué en partie autour de cette question du rapport au travail. Sur quels thèmes principaux devrait se jouer 2012 ?
Un des thèmes majeurs de la campagne sera celui de la justice sociale. Une majorité de français est aujourd’hui exaspérée des abus qui gangrènent notre système social, que certains d’un côté profitent du système tandis que d’autres passent entre les mailles du filet. L’idée de renforcer l’équilibre entre les droits et les devoirs sera donc au cœur de nos propositions. Les efforts pour restaurer nos finances publiques se doivent d’être équitablement répartis en préservant l’avenir c'est-à-dire les jeunes qui travailleront demain, et la recherche et l’innovation qui pourvoiront ces emplois de demain.
En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.
Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !