La droite française s’est asphyxiée parce qu’elle a oublié les trois principes de base de l’économie libérale<!-- --> | Atlantico.fr
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"Son État est trop fort et son administration obèse", affirme Jean-Marc Sylvestre en parlant de la France.
"Son État est trop fort et son administration obèse", affirme Jean-Marc Sylvestre en parlant de la France.
©Flickr

Atlantico Business

Alors que l’économie de marché est le système le plus efficace pour créer de la richesse, la droite française n’a pas osé défendre l'application des principes du libéralisme, à savoir la liberté, la responsabilité individuelle et la propriété des actifs de production.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La France est sans doute aujourd'hui le pays du clan occidental le plus socialisé de toutes les démocraties libérales. La France reste un pays puissant, performant et attractif, mais ses moteurs ont progressivement asphyxié les ressorts de résilience et de dynamisme. Son État est trop fort et son administration obèse. Conséquence, le montant des dépenses publiques est donc très lourd, près de 65 % des richesses créées, ce qui nécessite des prélèvements obligatoires considérables et l'appel à l'endettement qui va devenir insoutenable. Notamment si le rythme de croissance se tasse, comme l'indique l'INSEE pour 2024. Sans croissance, pas de revenus suffisants et une trajectoire de déclin qui aura du mal à se redresser.

Depuis une trentaine d’années, la France a choisi de répondre aux incertitudes et aux crises par des mécanismes et des moyens d’intervention très keynésiens. Depuis le premier choc pétrolier en 1974 jusqu’au Covid et à la guerre en Ukraine, les gouvernements, de droite comme de gauche, n’ont pas dit la vérité aux Français. Ils ont préféré faire appel à l'État pour colmater les brèches et amortir les douleurs sociales sans s’interroger sur les structures et même les mentalités qu’il fallait faire évoluer. Aucun de ces gouvernements (de droite comme de gauche) n’a oublié les grandes leçons du siècle des Lumières et de la Révolution : la liberté d’expression, de création, de mobilité, mais aussi l’égalité et la fraternité. Mais tous ces gouvernements ont pensé que l’État était le seul moyen efficace pour veiller au respect de ces principes. D’où le développement d’un État jacobin et puissant capable non seulement de contrôler le fonctionnement de la maison France, mais aussi d’intervenir à tous les niveaux pour s’assurer que les principes d’égalité étaient eux aussi respectés.

Le résultat, c’est que la machine étatique avait besoin de créer de la richesse si elle voulait pouvoir la redistribuer et qu’elle a oublié que les principes libéraux étaient les moteurs les plus puissants pour créer cette richesse. Le développement de l'État providence a freiné le fonctionnement de l’économie de marché et de la concurrence, qui sont les conditions nécessaires à la création de richesse. Et l'économie de marché ne fonctionne correctement que si, et seulement si, on respecte les principes de liberté, de responsabilité individuelle et de propriété. Il faut relire Tocqueville, Bastiat et même Adam Smith.

- La liberté ne se limite pas au pouvoir de s’exprimer et de penser librement, qui sont des obsessions démocratiques et c’est bien, mais au-delà, la liberté est nécessaire à la création de richesse. Or, à chaque fois que l'État intervient, il ampute une liberté : les normes, les décrets, les subventions aux uns et les impôts aux autres sont autant de liberté en moins, et sans liberté les créateurs d’entreprises. Le système a besoin de règles et de codes, mais quand ces règles et ces codes deviennent abusifs, la création de richesse devient plus difficile.

- La responsabilité individuelle est une conséquence naturelle de la liberté. L'État doit prendre en charge les missions régaliennes pour conforter un climat de confiance. Les missions régaliennes de sécurité, de défense, de justice, de l'émission de monnaie, de relations internationales, sont nécessaires, mais l’État doit aussi veiller à ce que ces missions ne gênent pas la responsabilité individuelle. Normalement, les contre-pouvoirs doivent exister pour faciliter les arbitrages et les compromis. L'État a même intérêt, dans un système libéral, à ce que les contre-pouvoirs puissent s’exercer.

- Quant à la propriété des actifs de production, elle est inhérente aux mécanismes puissants de création de richesse. Les agents économiques et sociaux ne travaillent que s’ils y ont intérêt. Et si le résultat de ce travail ne leur est pas confisqué. Le chef d’entreprise doit avoir la liberté de combiner des facteurs de production, pour inventer, produire et distribuer. Les salariés doivent trouver leur intérêt à travailler en pouvoir d'achat bien sûr mais aussi en conditions de travail sinon, ils abandonneront. Quant aux actionnaires qui sont les épargnants, ils doivent aussi avoir intérêt à investir. Le maillon central dans la chaîne de création de richesse c’est évidemment le consommateur qui a la liberté d’acheter ou de ne pas acheter ce qui lui est offert. Le b.a.-ba de l'économie de marché fonctionne sur la libre concurrence de façon à ce que chacun optimise son intérêt. L’État ne peut pas prendre en charge la gestion de tous les maillons de la chaîne, il doit veiller au contraire à ce que ces maillons fonctionnent.

L'État français est devenu un État providentiel pour tout le monde, c’est la principale raison pour laquelle il ne fonctionne plus. Il peut être contrôleur et protecteur, c'est dans sa mission régalienne, mais il ne peut pas prendre en charge le fonctionnement global du pays. Sinon, il court à l'échec.  

La droite française court donc à l'échec. Mais les partis extrémistes tout autant. Parce que les partis extrémistes, de droite comme de gauche, prêtent à l’État des ambitions qu’il ne peut pas assumer dans le respect des libertés individuelles.

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