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L’UMP n’a pas besoin d’une alliance avec le FN pour gagner des élections : l’analyse de la Fondapol sur les législatives partielles
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Points sur les "i"

Les huit élections législatives partielles qui viennent d’avoir lieu apportent une série d’enseignements dont les plus importants sont que le FN y fait jeu égal avec le Parti socialiste et que la Droite n’a pas besoin d’une alliance avec le FN pour gagner.

Dominique Reynié et Christophe Broquet

Dominique Reynié et Christophe Broquet

Dominique Reynié est professeur des Universités en science politique à l’Institut d’études politiques de Paris et directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol). Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Populismes : la pente fatale (Plon, 2011)

 

Christophe Broquet est titulaire du DESS Etudes et Stratégie marketing de Sciences-Po. Il travaille actuellement sur une thèse consacrée aux logiques des élections cantonales sous la Vème République (1985-2004). Il est membre de la Fondapol..

 

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Les résultats du premier tour de l’élection législative partielle dans la 3ème circonscription du Lot-et-Garonne ont été marqués par l’élimination du candidat socialiste et un duel UMP/FN au second tour. Pour aller au delà de ce cas à bien des égards particulier il faut agréger les résultats des élections législatives partielles qui ont été organisées entre décembre 2012 et juin 2013. Cela permet d’obtenir une information à la fois plus ample, en nombre d’électeurs inscrits concernés (plus de 415 000), et plus significative des mouvements électoraux car moins affectée par les particularités locales ou conjoncturelles pesant nécessairement sur chacun de ces scrutins.

Parmi ces huit élections législatives partielles, le cas de Wallis et Futuna ne se prête pas aisément aux comparaisons comme on le rappelle ci-après ; il en va de même pour les deux circonscriptions des Français de l’étranger qui répondent à des logiques très singulières et souffrent d’une abstention massive. On peut donc concentrer l’observation détaillée sur le cas des 5 élections législatives partielles organisées dans le cadre des circonscriptions situées en France métropolitaine[1].

Résultats agrégés du 1er tour des 5 élections législatives partielles

A) Selon la classification du ministère de l’Intérieur :

1EXG = extrême gauche ; EXD = extrême droite (y compris FN).

On le voit, les résultats agrégés du premier tour des élections législatives partielles ne prêtent pas à confusion. La Gauche recule fortement tandis que la Droite progresse nettement. Cependant, une information, et peut-être tout aussi importante, n’apparaît pas nécessairement si l’on retient cette classification du ministère de l’Intérieur, au demeurant habituelle. En effet, comme toute classification, celle-ci affecte la perception des résultats électoraux et, par voie de conséquence, leur interprétation. Ainsi, le Front de Gauche (FDG) n’est pas classé dans la catégorie « extrême gauche » (EXG), alors que le Front national (FN) est classé dans la catégorie « extrême droite » (EXD).

Une telle décision affecte le calcul du total Gauche, qui augmente si on y inclut le FDG ; cela affecte tout aussi évidemment le calcul du total Droite, qui diminue si on en retire le FN. Il serait donc possible de classer le FDG à l’extrême gauche si l’on classe le FN à l’extrême droite. Mais il existe une autre option qui est de présenter les résultats de la Gauche hors FDG et de présenter les résultats du FDG en les distinguant de ceux de l’extrême gauche ; de même, on peut présenter les résultats de la Droite hors FN et présenter les résultats du FN à part de ceux de l’extrême droite. Cela donne alors le tableau suivant :

Résultats agrégés du 1er tour des 5 élections législatives partielles

B) Selon la distinction droite de gouvernement gauche de gouvernement :

2

Si l’on considère d’un côté, la Gauche hors extrême gauche et hors Front de Gauche, soit un ensemble que nous appellerons « Gauche de Gouvernement » et, de l’autre côté, la Droite, hors extrême droite et hors Front national, soit un ensemble que nous appellerons « Droite de Gouvernement », on voit mieux à quel point le rapport de forces a été modifié entre les élections législatives partielles de juin 2012 et les élections législatives partielles de 2012/2013. En juin 2012, dans ces cinq circonscriptions, la Gauche de Gouvernement devance, mais à peine, la Droite de Gouvernement (l’écart en faveur de la gauche est de 0,5 point) ; en revanche, les élections partielles de 2012/2013 donnent à la Droite de Gouvernement une avance écrasante de 17,6 points sur la Gauche de gouvernement.

Enfin, il est possible de compléter l’information en présentant les résultats du premier tour des élections législatives partielles dans les cinq circonscriptions concernées pour chacune des formations ou sensibilités politiques impliquées dans la compétition électorale.

Résultats agrégés du 1er tour des 5 élections législatives partielles

C) par formation politique :

3

Voici donc quelques grands enseignements que l’on peut retirer du premier tour des élections législatives partielles 2012/2013 organisées dans les 5 circonscriptions métropolitaines :

1. Le PS régresse fortement pour tomber à 18,8% des suffrages exprimés, soit un recul de 7,5 points par rapport aux élections législatives de 2012 ;

2. L’ensemble Gauche de Gouvernement recule de près de 11 points pour ne réunir qu’à peine plus du quart des suffrages exprimés (26%) ;

3. L’UMP progresse de 3,6 points pour atteindre 38,1%, soit une avance considérable sur le PS (20 points);

4. La progression de l’ensemble Droite de Gouvernement (+ 7 points) est plus forte que la progression de l’UMP (+3,6 points). L’ensemble Droite de Gouvernement atteint un niveau (43,6%) qui surclasse nettement l’ensemble Gauche de Gouvernement (26%) ;

5. Le FN progresse de 3,7 points, pour atteindre un niveau lui permettant de faire jeu égal avec le PS (18,8%). On notera que la formation de M. Le Pen progresse dans la quasi-totalité des scrutins partiels, ce qui constitue un fait nouveau ;

6. Le Front de Gauche résiste par rapport à juin 2012 en maintenant presque exactement son score mais à un niveau (6,2%) qui ne représente que le tiers de celui du FN (18,8%) ;

7. La progression de l’UMP et de l’ensemble Droite de Gouvernement va dans le sens d’une invalidation de la stratégie du rapprochement avec le FN. La Droite de Gouvernement a d’autant moins besoin d’une alliance avec le FN que la progression du parti de Marine Le Pen se fait manifestement principalement au détriment du Parti socialiste, au moins pour les 415 000 électeurs concernés par ces cinq élections législatives partielles.

8. Le score des Verts s’explique largement par l’offre électorale. EELV présentait des candidats dans 3 des 5 circonscriptions aux dernières législatives générales, aux partielles la formation n’est présente qu’à Villeneuve-sur-Lot, où son score ne progresse que très légèrement aux exprimés (+0,8 point).

9. On note la disparition du centre « autonome » avec l’effacement du Modem. Présent dans 4 circonscriptions sur 5 en juin 2012, le Modem n’est plus représenté que dans 1 seule lors des partielles et qui plus est dans la seule où il n’était pas présent un an plus tôt (3ème circonscription de Lot-et-Garonne).

10. Ces élections législatives partielles s’accompagnent, comme toujours, d’une abstention massive. L’augmentation de la mobilisation électorale que l’on observera dans le cadre d’élections générales affectera les résultats. Pour les huit circonscriptions concernées par une élection législative partielle, les résultats sont cependant suffisamment nets pour être jugés significatifs.

[1] Il s’agit de la 3ème circonscription du Lot-et-Garonne (16 juin 2013) ; la 1ère circonscription des Français de l’étranger (Amérique du Nord, 25/05/2013) ; la 8ème circonscription des Français de l’étranger(Europe du Sud, Turquie, Israël, 26/05/2013) ; la 2ème circonscription de l’Oise (17/03/2013) ; la 1ère circonscription de Wallis et Futuna (17/03/2013) ; la 13ème circonscription des Hauts-de-Seine (9/12/2012) ; la 6ème circonscription de l’Hérault (9/12/2012) ; 1ère circonscription du Val-de-Marne (9/12/2012). En italiques, les 5 circonscriptions métropolitaines.

Article précédemment publié sur le site Trop libre

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