L’obsession Palmade : mais pourquoi sommes-nous aussi fascinés par les dérives des célébrités ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L’affaire Palmade occupe une place considérable dans la sphère médiatique.
L’affaire Palmade occupe une place considérable dans la sphère médiatique.
© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP

Fascination du public

Depuis son accident de la route, Pierre Palmade est à la une des médias et fait l'objet d'intenses débats sur les réseaux sociaux.

Jamil  Dakhlia

Jamil Dakhlia

Jamil Dakhlia est Président de l'Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3, professeur en Sciences de l'information et de la communication, directeur de l'UFR Arts & Médias, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle et historien et sociologue des médias. Il a notamment écrit "Mythologie de la peopolisation" (2010) et "Politique People" (2008).

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Atlantico : L’affaire Palmade est en train de tourner à l’obsession et les médias en font leurs choux gras. Qu’est-ce qui suscite cette surabondance médiatique dans cette affaire ?

Jamil Dakhlia : Cela correspond à la fascination pour la déchéance des célébrités, ou du moins des drames qu’ils connaissent. Ce qui peut fasciner, c’est leur situation privilégiée et la question sous-jacente à ça, c’est qu’est-ce qui peut expliquer ou justifier ces privilèges.

En ce qui concerne la célébrité, et contrairement à d’autres formes de « grandeur » par le passé, comme l’aristocratie ou l'appartenance au clergé, c’est quelque chose de très précaire et perçu comme illégitime.

Dans le cas de Pierre Palmade, ses fragilités étaient connues. En réalité, ce qu’il se passe dans son cas, c’est un peu comme une revanche symbolique du peuple. Il y a une morale commune qui s’exerce, comme s’il y avait une punition de cette célébrité, la fameuse "rançon de la gloire".

Pourquoi est-on aussi fascinés par les dérives des célébrités ?

Lorsqu’il y a cette sorte de dérive, cela rassure la morale commune et les anonymes. Cela renforce les anonymes dans le fait de vouloir mener une vie discrète. On est dans la tragédie, avec des moments d’ascension et de chute.

Cette fascination pour les puissants ou les célébrités a-t-elle toujours eu lieu ?

Oui, à travers les rumeurs ou encore la mauvaise réputation. C’est une forme de revanche symbolique du peuple face aux puissants. On les « ramène sur terre », si je puis dire.

Par le passé, c’était lié à toute la littérature populaire qui permettait de contrebalancer les puissants. Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont le prolongement de ça.

On est dans un système lorsqu’on est célèbre, on se sait observé et sujet à la critique à tout moment. Les célébrités l’acceptent plus ou moins bien vu que ce n’est jamais facile de faire face à cela au quotidien, mais ça fait partie d’une sorte de contrat. Comme je vous l’ai dit plus tôt, c’est la rançon de la gloire. Leurs privilèges sont extrêmement précaires.

Les réseaux sociaux jouent un rôle notable dans ces affaires...

Oui, grâce à eux, tout le monde peut produire de l’information, voire de la désinformation. Cela rend encore plus important le pouvoir de l’individu ordinaire sur la célébrité.

Est-ce révélateur de l’empathie ou du manque d’empathie des individus ?

Cela peut varier. Dans le cas de Britney Spears, il y a eu une période où elle faisait l’objet de multiples critiques, avant qu’une certaine sympathie se constitue grâce à ses fans et qui s’est étendue par la suite au grand public.

Dans le cas de Pierre Palmade, si celui-ci suit une cure de désintoxication ou s’il fait un mea culpa auprès du grand public, l’empathie peut de nouveau augmenter. Mais cela reste tellement aléatoire que ça ne se décrète pas.

Y a-t-il un phénomène d’identification lorsqu’il y a des échecs ou des chutes ?

La chute permet de rendre plus humains des gens qui sont dans un autre monde, supposément supérieur. Quand la célébrité chute, elle descend au niveau de l’individu ordinaire voire plus bas, car l’individu anonyme a pour lui sa morale, sa vie banale qui l’empêchent d’accéder à ce qui pourrait le faire chuter.

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